Sète

(44 270 Sétois, 2 421 ha) est un ancien chef-lieu de canton de l’Hérault, 29 km au SO de Montpellier. Sète est la troisième ville de l’Hérault par la population, mais c’est de loin la plus récente si l’on excepte La Grande-Motte. Sans doute le site du mont Saint-Clair, butte calcaire à la différence de celle d’Agde, avait-il été signalé aux temps des navigateurs grecs, qui décrivaient un Sition, ou mons Setion chez Strabon, plus tard mont Setius, dont le nom semble dériver d’un radical très ancien signifiant hauteur, butte (set); mais ce lieu n’avait rien attiré, sinon quelques pêcheurs. Il fut propriété de l’abbaye d’Aniane, qui y faisait exploiter des salines, expédiant le sel vers Nîmes et le Rhône par le cami salinié que l’on suit encore dans le Lunellois.

En fait la création de la ville, liée à celle du Canal du Midi et au projet de liaison avec le Rhône, date des plans de Riquet et de Colbert. Le premier port (port Saint-Louis) a été aménagé entre 1665 et 1670, la ville édifiée en 1673 et la commune a été créée en 1685. Elle s’est vite développée, d’abord au détriment des anciens ports de Frontignan et Sérignan; elle avait 1 000 habitants vers 1700, 6 550 en 1789. On a parfois écrit Cette à partir de 1250, mais le nom officiel de la commune était encore Sette en 1790; Cette l’a emporté au 19e s., avant que l’on ne se décidât en 1927 pour Sète. Il y avait déjà 37 000 hab. en 1886, quand Sète était devenue, grâce aux vins surtout, le quatrième port de France pour le fret. La population a un peu fluctué ensuite (33 000 autour de 1900, 37 000 dans les années 1930), est montée à 40 500 en 1968, 41 500 en 1990; elle aurait un peu diminué ensuite, puis a augmenté de 4 050 hab. après 1999.

Le territoire communal s’étend sur 16 km d’ouest en est le long du littoral. La ville a son centre à l’est du mont Saint-Clair. Celui-ci, qui monte à 176 m et offre de superbes points de vue, est maintenant entièrement urbanisé sous forme de villas, à l’exception du petit parc de la forêt domaniale, à l’ouest, qui offre le bois des Pierres Blanches, un site botanique, une table d’orientation, un musée de la vigne et du vin. Le célèbre cimetière marin, ouvert en 1843 sur des carrières, et le musée Paul-Valéry d’art contemporain sont à l’extrémité SE de la butte. Les bassins du port, qui mettent en communication l’étang de Thau et la mer, délimitent à l’est deux îles habitées et une série de terre-pleins pour les entrepôts et l’industrie. Un nouveau port y a été aménagé à grands frais, mais reste un peu vide. Le canal de la Peyrade rejoint au NE la branche originelle du canal de Sète au Rhône; on trouve là plusieurs zones industrielles, plus ou moins partagées avec la commune de Frontignan.

L’étang de Thau dessine un petit golfe au NE, entre ces plates-formes et la pointe du Barrou, où a été ouverte en 2001 une Maison des métiers de la mer et de la lagune; au centre, s’avance près du grau la menue presqu’île de la Pointe Courte, chère à la cinéaste Agnès Varda, ancien et original quartier de pêcheurs. L’étroite plaine au nord du mont Saint-Clair, traversée par la voie ferrée, a été aménagée plus récemment; elle a des installations sportives (stade des Métairies), gymnase, campings, l’hôpital, de grands immeubles et la marina de l’île de Thau. Mais tout à côté les barres d’habitation de la presqu’île de Thau sont classées en «zone urbaine sensible». Côté sud, le mont Saint-Clair se termine en falaises sur la mer dans le quartier de la Corniche où le théâtre de la Mer est installé au fort Saint-Pierre, construit en 1710. Au SO, l’enracinement du lido offrait des terrains plus commodes où se trouvent un musée, un hôpital héliomarin, écoles, piscine et campings.

Au-delà, Sète possède plus de 10 km du lido de l’étang de Thau, parcourus par la voie ferrée et la N112, mais préservés de tout aménagement à l’exception de l’ancien château viticole de Villeroy où le domaine de Listel compte 120 salariés; plage, voies de communication, vignes et marais se succèdent de la mer vers l’étang, où l’on exploite aussi quelques salins. C’est seulement à l’extrême SO, près de Marseillan-Plage, que le quartier du Castellas a reçu des campings, auprès de la redoute du 18e s. On cultive 300 ha dans la commune, dont 260 de vignes.

Ainsi «entourée d’eau de toutes parts», et créée tardivement pour être port, Sète a toujours entretenu une certaine culture d’»île» et même d’»île singulière» — une formule rebattue et dont elle n’a certes pas l’exclusivité. On y vénère les souvenirs de Paul Valéry (1871-1945) et de Georges Brassens (1921-1981), tous deux nés à Sète et qui ont bien parlé de la ville. C’est une cité attractive convenablement équipée, dont les quais sont très achalandés. De la mairie dépendent le musée Paul-Valéry et l’Espace Georges-Brassens, une médiathèque, une école des Beaux-Arts, le théâtre traditionnel et le théâtre de la Mer, un centre André-Malraux. Sète a aussi un «musée international des arts modestes» (MIAM) en centre-ville, un musée de la Sardine, des aquariums, un casino du groupe Tranchant (50 sal.) et ses joutes marines sont célèbres; toutefois le port de plaisance n’a que 200 places. La ville organise des soirées lyriques au Théâtre de la Mer, des festivals de chansons françaises et de jazz en juillet, une Fiest’à Sète en aout.

Son sort et ses attitudes ont varié selon les époques. Le 19e s. et l’expansion du vignoble lui ont été bénéfiques, Sète débordait alors d’activité; les deux compagnies ferroviaires qui se partageaient le Sud-Ouest et le Sud-Est du pays en avaient fait leur point d’échange: la voie ferrée de Montpellier à Sète était inaugurée dès 1839 (27,5 km) et Sète était reliée à Bordeaux en 1857. Cheminots, pêcheurs et ouvriers ont longtemps fait de Sète une «ville rouge». Le déclin du port, l’abandon des industries, l’intégration de la pêche en quelques très grands chalutiers et l’attrait des rivages lui ont fait imaginer un meilleur avenir dans le tourisme: on rêvait de substituer des marinas aux entrepôts et des ports de plaisance aux darses, sous des municipalités passées à droite; on a visé notamment à attirer les paquebots de croisière et à accroître les capacités de la plaisance; mais les efforts pour établir des lignes régulières de transbordeurs avec les Baléares, par exemple, ont subi des vicissitudes et même des échecs.

Les activités sont maintenant diversifiées, à la fois celles d’une ville notable avec tribunaux d’instance et de prudhommes, quatre lycées et trois collèges publics, un lycée et un collège privés, chambre et tribunal de commerce, centre hospitalier de 280 lits et polyclinique de 135 sal. (45 lits, 60 lits psychiatriques), néphrologie et dialyse Saint-Guilhem (45 sal.), un institut médico-éducatif; et d’autres fonctions plus spécifiques du rôle maritime ou du tourisme: direction départementale des affaires maritimes, laboratoire de l’Ifremer, lamanage. De nouveaux projets d’urbanisme portent sur d’anciennes salines à l’ouest du mont Saint-Clair (Villeroy, 520 logements) et la réhabilitation d’une ancienne carrière qui éventrait le mont (le Ramassis, 260 logements).

Les plus gros employeurs sont le centre hospitalier (800 emplois) et la mairie (près de 1 000). Les entreprises notables sont en général de faible dimension. Certaines sont assez directement liées à la mer et au vignoble: l’ Ifremer (55 sal., recherche publique),

chais Skalli-Fortant de France, une entreprise qui a rénové l’activité vinicole en misant sur la qualité et les nouveaux débouchés, et passe contrat avec les viticulteurs (25 sal.); champagnisation Listel (120 sal.). Dans les fabrications s’ajoutent une usine de trituration du soja (Saipol, 90 sal. sal.), une d’engrais Timac Agro (50 sal.); ciments Lafarge (25 sal.), carton ondulé Cartembal (25 sal.)

Dans le tertiaire et le bâtiment, se distinguent la banque Dupuy de Parseval (120 sal.); hypermarché Auchan (290 sal.), magasins Monoprix (60 sal.), Carrefour (40 sal.); travaux publics Colas (55 sal.), travail temporaire Adecco (60 sal.) et Les Compagnons (45 sal.); nettoyage Littoral Services (200 sal.), Nicollin (50 sal.), publicité Mediapost (40 sal.) et Adrexo (45 sal.); immobilier OPHLM (65 sal.); transports de fret Charlon (55 sal.). La SNCF déclare 170 sal., La Poste 95, les services du Port 85, la logistique portuaire Sintax 90; grand camping Tohapi (Village Center, 280 sal.).

On voit que les apports de l’activité portuaire sont limités, hors du négoce des vins, des engrais et des aliments du bétail. Il y eut jadis (avec Frontignan et Balaruc) une raffinerie de pétrole, une cimenterie, et deux projets avortés de sidérurgie; il reste de vastes terrains disponibles, et la rénovation à peu près achevée du canal de Sète au Rhône pourrait être valorisée; du reste, son trafic est en plein essor. La pêche emploie directement 600 personnes, 80 bateaux, et le port de Sète se classe 12e en France par les prises (12 000 t), 11e en valeur. Le port de marchandises se classe 10e en France avec 4 Mt, dont 1,1 d’importations d’hydrocarbures, et 7e pour les conteneurs avec un peu moins de 100 000 t. Les domaines viticoles Listel déclarent 120 sal. Que le tourisme compte à Sète se lit à ses 5 700 résidences secondaires (19% des logements): bien plus que Palavas ou Carnon et plus de deux fois autant que Montpellier, dix fois Béziers; la commune enregistre aussi 20 hôtels (650 chambres) mais aucun 4 étoiles, un camping de luxe (1 000 places, camping Perret-le Castellas, 25 sal.)

L’unité urbaine Insee est de 91 300 hab. (7 communes), comme l’aire urbaine, ce qui peut surprendre. La ville est le siège de la communauté d’agglomération Sète Agglopôle Méditerranée, qui groupe 14 communes et 123 900 hab. Le nouveau canton de Sète se limite à la commune.