Toulouse

(482 740 hab., 11 830 ha) est la préfecture de la Haute-Garonne et le chef-lieu de l’Occitanie. La ville ancienne, apparue comme Tolosa, est située sur la rive droite de la Garonne, à l’endroit même où sa grande courbe est le plus déportée vers l’est, et au débouché du couloir naturel qui mène à la Méditerranée. Cette situation a été très tôt exploitée, Toulouse devenant une ville d’échanges et un chef-lieu de comté d’assez grande envergure, un centre culturel à large rayonnement. Cela lui valut d’être enviée par le pouvoir royal, qui sut tirer parti de l’appui de l’Église et profiter du prétexte de la Croisade des Albigeois pour assurer sa mainmise au 13e siècle. Du moins Toulouse reçut-elle alors l’une des premières universités de France; elle en tire orgueil aujourd’hui, mais son objectif était alors d’éradiquer les hérésies…

La bourgeoisie toulousaine sut ensuite profiter du succès du pastel (16e siècle surtout) puis de la prospérité relative des cultures de froment, mettant au point des techniques efficaces de sujétion des campagnes avoisinantes sous un métayage assez pesant. Mais elle se confina dans la propriété foncière et la rente. Ainsi Toulouse, certes authentique métropole régionale, était-elle surtout une ville de propriétaires et d’hommes de robe à leur service, dont l’Université était dominée par le droit et la médecine, et qui n’avait que peu d’industrie, sinon d’innombrables petites entreprises faisant faire de la confection à domicile.

Les soucis stratégiques d’après la Grande Guerre et les nouvelles technologies changèrent la donne: pour des raisons de sécurité, grâce à son éloignement des frontières du Nord-Est, Toulouse fut choisie pour recevoir, au titre des prises de guerre, une usine de chimie lourde exploitant des brevets allemands, puis des ateliers d’aéronautique. La première, achevée en 1924, devint l’Onia, Office national des industries de l’azote, qui occupa jusqu’à 3 000 salariés; elle s’ajoutait à la Poudrerie, qui fabriquait des explosifs pendant la Grande Guerre; sans grande intelligence, elles furent placées en amont de la ville au bord de la Garonne, ce qui ne manqua pas d’entraîner de redoutables pollutions du fleuve. L’Onia, au terme de divers avatars, et alors dans les mains du groupe Total par sa filiale la Grande Paroisse sous le nom d’AZF (Azote Fertilisants), finit fort mal le 21 septembre 2001, par l’énorme explosion, aux causes controversées, qui fit 30 morts, 5 000 blessés et de considérables dégâts, dépassant largement le milliard d’euros.

L’aéronautique réussit mieux, qui débuta par une usine Latécoère de 1917, s’attira la renommée grâce à l’Aéropostale qui lui fut associée, et se doubla à partir des années 1960 de l’aérospatiale; dès lors elle attira des entreprises d’électronique, d’ingénierie et d’informatique, ainsi que des établissements d’enseignement supérieur et de recherche. Toulouse changea de dimension à tous points de vue dans ces années 1960, et acquit une renommée internationale, en grande partie grâce au succès de la Caravelle, puis surtout d’Airbus. (La liste qui suit ne retient que les entreprises déclarant plus de 100 salariés).

Dans le domaine spatial, le CNES (Centre national d’études spatiales) emploie à Toulouse 1 960 personnes. Le secteur de l’aéronautique est dominé par Airbus, qui déclare 14 580 sal. à son siège de la route de Bayonne (Saint-Martin-du-Touch), plus un bureau d’essais (140 sal.), Airbus Interior Services (250 sal.), Airbus ATR (290 sal.), Airbus Defence and Space (2 600 sal.) au Palays (au SE) et Airbus US Geo (260 sal., parc du Canal, au SE). Il comprend aussi Latécoère (970 sal.) à Montaudran, Thales Alenia (2 440 sal.), Thales Avionics (1 050 sal.) et Thales Services (700 sal.) à Saint-Silon au SO, Liebherr Aerospace (1 120 sal.) au nord-ouest et Safran Power Units (570 sal.) à Ginestous au nord, Atlos Aéronautique (230 sal.); recherche aéronautique et spatiale Onera (380 sal.), les profilés Hydro Aluminium (110 sal., groupe Norsk Hydro) et métallurgie de l’aluminium HBSH (450 sal., Alcan Filage); Goodrich Aerospace (120 sal.), Dedienne Aerospace (110 sal., mécanique). Le spatial est surtout représenté par Thales Alenia (2 570 sal., engins spatiaux), Astrium (2 540 sal., groupe EADS), Spot Image (240 sal.), Interspace (160 sal.).

Autour de ces secteurs travaillent quantité d’entreprises en électronique, ingénierie et informatique comme Continental Automotive (ex-Siemens, 2 020 emplois, capteurs de pression de pneus) à Reynerie, Axia Automotive (330 sal.), MEAS (Humirel, 230 sal., électronique), Spherea (appareillages de contrôle, 240 sal.), Telespazio (210 sal.), Nexeya (180 sal., équipements de contrôle)), Honeywell Aerospace (140 sal.); ingénieries Assystem (1 100 sal.) à Saint-Martin-du-Touch, Sogeti (750 sal.), Aerolia (360 sal.), Evotec (210 sal.), Egis Avia (140 sal.), Devoteam (130 sal.), Davidson (120 sal.), Apside (100 sal.); informatique Cap Gemini (1 190 sal.), Atos (570 sal.), CGI (520 sal.), CS Systèmes d’information (600 sal.), SII (540 sal.), Ausy (530 sal.), Intel (270 sal.), Renault SW (260 sal.), SQLI (220 sal.), GFI (250 sal.), IBM (190 sal.), Homefriend (180 sal.), CDS (150 sal.), Inside (100 sal.), analyses et essais Bureau Veritas (160 sal.), Dekra (130 sal.).

D’autres technologies avancées se déploient dans le secteur de la santé avec les fabriques de médicaments Sanofi Aventis (120 sal.), l’Institut de recherche Pierre Fabre (430 sal.), Mérial (400 sal., filiale d’Aventis et Merck). La chimie n’est plus guère représentée que par ce qui reste de la «Poudrerie», ancienne fabrique d’explosifs de la SNPE (Société nationale des poudres et explosifs), dont les effectifs ont été fortement réduits après l’explosion de sa voisine AZF en 2001, de 550 à moins de 100 salariés dans ses filiales Tolochimie (agrochimie) et Isochem (pharmacie). La grande affaire est, sur le site même de l’explosion à Langlade, l’élaboration d’un Cancéropôle qui, pour un milliard d’euros, doit associer laboratoires de recherche et de production sur le traitement des cancers et les médicaments, censé rassembler 4 000 salariés dont 2 000 chercheurs et techniciens du privé et 400 du public, sur 220 ha, dont 78 ha de l’ancienne AZF et 142 de l’emprise de l’armée à Braqueville.

Quelques autres domaines de production figurent aussi à Toulouse: la laiterie du groupe 3A (Yeo Frais, 310 sal.), matériel de manutention REEL (140 sal.), les capsules d’emballage Coliège Metalco (110 sal.), l’Occitane d’Imprimerie (presse, 150 sal.); produits chimiques Gaches (100 sal.). Le Giat (matériel militaire), qui avait 400 sal. en 2004, a pris la forme de Nexter Electronics (100 sal.).

Les services aux entreprises et au bâtiment sont à la hauteur des besoins: installations électriques Cegelec Actemium (210 sal.), Ineo (340 sal.), SNEF (210 sal.), Électrification Générale (170 sal.), SCLE-SFE (Cofely-Ineo, 190 sal.), Fournier Grospaud (150 sal.), SPIE (130 sal.), EES-SO (120 sal.), EGE (100 sal.); installations thermiques Axima (120 sal.), production et distribution de chaleur Engie (Cofely, 370 sal.); travaux publics Malet (580 sal.), Dodin-Campenon-Bernard (440 sal.), Eiffage (120 sal.), GTM (110 sal.); constructions Bourdarios (380 sal.), Eiffage (ECMP, 150 sal.), Socotrap (120 sal.), distribution d’électricité RTE (530 sal.), Enedis (700 sal.); EDF signale 2 600 agents, GRDF 240, Engie 120.

Autour du bâtiment et du logement se signalent les gestionnaires de logements Toulouse Métropole Habitat (430 sal.), HLM (170 sal.), Promologis (130 sal.); services des eaux Veolia (660 sal.); blanchisserie MAJ (320 sal.), nettoyages Derichebourg (1 100 sal.), ISS (790), GSF (670 sal.), Biomega (270 sal.), Prohygiène (210 sal.), SAS (130 sal.), Siemex (100 sal.); gardiennages Proségur (540 sal.), France Gardiennage (760 sal.), GIP Aviation (560 sal.), Torann (130 sal.).

Du côté de la finance apparaissent la Caisse d’Épargne (460 sal.), les banques Courtois (220 sal.), BNP (210 sal.), LCL (190 sal.), Banque de France (190 sal.), Crédit Agricole (170 sal.), Allianz (150 sal.); services aux entreprises CSF (140 sal.), City One (220 sal.), Phone Régie (200 sal.), Faceo (160 sal.), ISS (180 sal.); travail temporaire Portageo (350 sal.), publicité Adrexo (110 sal.). Du côté de la presse et de l’édition, figurent La Dépêche du Midi (280 sal.) et Milan (280 sal.).

Le secteur des transports est illustré par la SNCF qui affiche 3 270 sal., Air France 840, les transports urbains Tisseo (syndicat mixte et régie des transports en commun, métro, bus et tram, 2 880 sal.); transports de voyageurs Transcar (Veolia, 290 sal.), Régie Départementale des Transports (RDTHG, 150 sal.), Transdev Urbain (110 sal.); transports de fret Sarrazain (350 sal.), General Logistics (GLS, 170 sal.), Dachser (110 sal.), Denjean (140 sal.), XPO (150 sal.); voyages Fram (200 sal.).

Les grands magasins sont Auchan (640 sal.), Carrefour (380 et 150 sal.), les Galeries Lafayette (230 sal.), Géant Casino (120 sal.), Fnac (110 sal.), Metro (170 sal.), Monoprix (140 sal.), Midica (110 sal., articles ménagers), Save (150 sal., informatique), accompagnés par les négoces de menuiseries métalliques Technal (500 sal.), de matériel informatique Infomil (250 sal.) et SCC (110 sal.), de matériel de bureau Sharp (140 sal.), de fournitures industrielles Roldan (130 sal.), de matériel électrique Siemens (100 sal.); vente directe Vorwerk (390 sal.) et Chronodrive (140 sal.); services à la personne Trait d’Union (140 sal.); crèches Kinougarde (550 sal.), MPS (150 sal.). France Télécom (Orange) déclare 1 720 sal., France 3 Sud (radio) 200 sal., France-Télévisions 240 sal., La Poste 2 220 sal. Toulouse a aussi un casino de 220 sal. (Société de l’île du Ramier; du groupe Barrière), le parc d’attractions de la Cité de l’Espace (Semeccel, 140 sal.); arts du spectacle Arena (130 sal.); le Toulouse Football Club a 120 sal.

Toulouse est une grande ville de services. Le centre hospitalier cumule 3 000 médecins et 10 000 agents, 2 860 lits en plusieurs établissements (15 pôles en tout), les principaux étant à Rangueil au sud-est et Purpan au nord-ouest; un vaste complexe de lutte contre le cancer (Cancéropôle) va réunir sur l’ancien site de la chimie des laboratoires publics et privés. En outre, Toulouse dispose de nombreuses cliniques: Pasteur (960 sal., 340 lits), Saint-Jean (470 sal., 240 lits), Ambroise Paré (380 sal., 175 lits), Capio la Croix du Sud (410 et 240 sal.), du Parc (310 sal., 200 lits), Sarrus (300 sal., 130 lits), du Cours Dillon (Médipôle Garonne, 310 sal., 85 lits) et Institut médical Claudius Regaud (230 lits), clinique du Château (140 lits), clinique Néphrologique Saint-Exupéry (160 sal.), Centre gériatrique des Minimes (160 sal.).

L’ensemble universitaire est l’un des plus puissants de France, fort de plus de 80 000 étudiants. Il comprend trois universités, celle des Sciences sociales (17 000 étudiants, 1 000 salariés) surtout en droit et économie, qui est en ville près de Saint-Sernin et utilise aussi l’ancienne Manufacture des Tabacs rénovée; celle du Mirail, en lettres et sciences humaines (25 000 étudiants, 1 500 salariés), assez loin au sud-ouest de la ville dans un ensemble à problèmes institué zone franche; l’université Paul-Sabatier en sciences, médecine, pharmacie et odontologie, au sud-est vers Rangueil, qui compte 28 000 étudiants, plus de 3 000 salariés plus un millier de chercheurs de laboratoires hôtes.

Les grandes écoles forment deux groupes. Deux d’entre elles, l’Enseeiht (École nationale supérieure d’électronique, électrotechnique, informatique, hydraulique et télécommunications, jadis plus simplement école d’électrotechnique, 1 500 étudiants, 200 sal.) et l’Ensiacet (École nationale supérieure d’ingénieurs en arts chimiques et technologiques, ancienne école de chimie, 750 étudiants, 200 salariés), forment avec l’École nationale supérieure d’agronomie (Auzeville) et l’École d’ingénieurs de Tarbes un Institut Polytechnique de Toulouse, étroitement associé à l’université Paul-Sabatier. Un autre groupe rassemble les trois écoles de l’aéronautique: l’Ensae (École nationale supérieure de l’aéronautique et de l’espace, alias Sup’Aéro), qui compte 550 élèves; l’Enac (École nationale de l’aviation civile, 1 700 étudiants) et l’Ensica (École nationale supérieure des ingénieurs de la construction aéronautique, 500 étudiants, qui dépend du ministère de la Défense).

S’y ajoutent l’Insa (Institut national des sciences appliquées, 2 500 élèves), l’École nationale vétérinaire (Envt), l’École nationale de la Météorologie (Enm), qui reçoit des promotions annuelles de 200 élèves, l’École nationale du cadastre, une École d’architecture, les IUT de Rangueil et de Blagnac et bien entendu un IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres, 3 400 étudiants, 400 sal.); plus de nombreuses institutions de recherche publique, notamment du CNRS, comme le LAAS (Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes) qui à lui seul emploie 550 personnes, ou le LCC (Laboratoire de chimie des coordinations) qui a 200 collaborateurs. Enfin Toulouse ne manque pas d’écoles supérieures du secteur privé, dont l’Institut Catholique de Toulouse et l’Icam (Institut catholique d’arts et métiers) et des écoles de commerce, de journalisme, d’immobilier, d’agriculture (Purpan), des industries de la mode, etc. Le Centre national d’études spatiales (Cnes) dispose à Toulouse, près de l’université Paul-Sabatier, d’un domaine de 56 ha où a été transportée et modernisée l’ancienne base de Brétigny-sur-Orge; il emploie 1 750 personnes. Non loin a été créé le parc d’attractions de la Cité de l’Espace, proche de la rocade A61 et de l’aérodrome de Lasbordes.

Toulouse bénéficie de nombreuses manifestations culturelles de chant, danse, théâtre, cinéma et images, orgues, marionnettes, et même d’un Marathon des mots… Elle offre tout un ensemble de musées: les uns anciens comme le musée d’Histoire naturelle, le musée des Augustins (beaux-arts), le musée Paul Dupuy (art et histoire), le musée Saint-Raymond (antiquités), le musée Georges Labit (arts asiatiques), le musée du Vieux Toulouse, le musée des instruments de médecine à l’hôtel-Dieu, d’autres plus récents comme les musées d’art contemporain aux anciens Abattoirs, de l’Affiche, de photographie (galerie municipale du Château d’Eau), de peinture (fondation Bemberg), d’architecture (Cmav). L’orchestre national du Capitole, installé à la Halle aux Grains, a une réputation internationale. Un Zénith, à l’ouest de la ville, peut accueillir 9 000 spectateurs.

Toulouse reste aussi, mais avec discrétion, une ville de garnison: 1er RTP (régiment du train parachutiste), EM 11e BP (brigade parachutiste de Balma), 4e GLCAT (groupe logistique du Commissariat de l’armée de terre), 11e CCTP (compagnie de commandement et de transmissions parachutistes, 150 personnes).

La commune de Toulouse est très étendue; elle contenait 50 000 habitants au début du 19e siècle, 150 000 un siècle plus tard; elle est passée à 213 000 en 1936, 324 000 en 1962, 374 000 en 1975; après une baisse due probablement aux aléas des recensements, elle a été comptée à 398 000 en 1999 et elle aurait augmenté encore de 84 320 hab. depuis, soit +21%. Le centre-ville, sur la rive droite de la Garonne, est délimité par des boulevards qui lui donnent une vague forme en haricot. Il est structuré par les percées du 19e siècle (1870-1904), la rue d’Alsace-Lorraine nord-sud et la rue de Metz d’ouest en est, qui se croisent sur la place Esquirol, dégagée en 1892. Le côté sud, qui correspond à l’ancien quadrilatère de la ville romaine, comprend la cathédrale Saint-Étienne, curieux ouvrage dissymétrique portant la trace de plusieurs époques, et les symboles des pouvoirs extramunicipaux: la préfecture, l’ancien parlement devenu palais de justice; le musée des Augustins trône au carrefour; l’ancienne halle aux grains a été transformée en salle de spectacles culturels.

Côté nord, le centre-ville est moins austère du côté de la place du Capitole, ornée par le beau bâtiment consulaire de 1760 occupé par la mairie, flanquée du théâtre-opéra du Capitole dans le même bâtiment, et d’un ancien donjon qui donne sur un square fleuri; non loin, la place Wilson reste le centre des spectacles et de l’animation; l’esplanade Jean-Jaurès la prolonge vers l’est, en direction du canal du Midi et de la gare Matabiau. Cette moitié septentrionale du centre-ville correspond au bourg du 14e siècle, qui s’est formé autour de la basilique Saint-Sernin, la plus belle église romane de Toulouse par ses briques et son clocher octogonal à cinq étages. Elle est proche des anciens bâtiments universitaires, plusieurs fois rénovés, et de la grande bibliothèque municipale des années 1930. Tout le centre est sillonné de rues étroites bordées de maisons de brique, relevées par l’ensemble des Jacobins et du lycée Fermat (hôtel de Bernuy) et quelques beaux hôtels particuliers dont le plus connu est l’hôtel d’Assézat (16e s.).

Le centre-ville a été agrandi au 19e siècle par l’urbanisation de l’espace qui le séparait du tracé du Canal du Midi, et que longe la voie ferrée. Cet ensemble périphérique s’étend en un ample arc de cercle; il va des Ponts-Jumeaux au nord, qui assurent la connexion du Canal du Midi et du Canal latéral, et où subsistent des installations sportives comme le stade de rugby du prestigieux Stade Toulousain, plusieurs fois champion de France et d’Europe, jusqu’à la Garonne en amont de la ville. Quelques institutions y prenaient grande place, ce qui a permis quelques reconversions de prestige: l’ancienne Manufacture des tabacs est devenue un lieu de culture, casernes réaménagées en quartiers d’habitation avec parc et palais des sports (quartier Compans). Au sud-est, le quartier Saint-Georges, jadis d’habitation populaire et d’artisanat quelque peu dégradé, a été entièrement rénové et redessiné autour de la place Occitane. Un peu plus loin, s’étalent le parc du Grand Rond et le jardin des Plantes, dessinés au 18e siècle, et d’anciens bâtiments universitaires où trône le musée d’Histoire naturelle.

L’île du Ramier sur la Garonne avait été choisie dans les années 1930 pour recevoir une usine d’incinération qui a longtemps chauffé les bâtiments municipaux, et les installations du Parc toulousain, qui comprennent le stade municipal où joue le Toulouse Football-Club, et l’un des plus anciens ensembles nautiques de France, doté d’une grande piscine populaire et d’une piscine olympique; s’y sont ajoutés le Palais des Congrès et le Parc des Expositions, et au sud une cité universitaire. Le nouveau casino de Toulouse (groupe L. Barrière) y a ouvert en 2007.

Dans le prolongement de l’axe ouest-est et du pont principal, le Pont Neuf (1632), la rive gauche avait reçu un quartier d’habitation en forme de faubourg populaire, Saint-Cyprien, San Subra pour les vieux Toulousains ou Saint-Cipre en argot, nanti de quelques établissements un peu latéraux, comme l’hôtel-dieu, l’hospice et les abattoirs; ceux-là subsistent, ceux-ci ont été transformés en musée. Tout cet ensemble était encore en 1950 entouré d’une muraille d’octroi, qui a fixé une troisième ceinture et d’où partaient les éventails de voies rurales — le plus occidental est justement nommé la Patte-d’Oie.

Ces éventails et les espaces intermédiaires se sont abondamment urbanisés au 20e siècle, surtout à partir des années 1960, par maisons individuelles et parfois autoconstruction pour les parties les plus anciennes, par grands ensembles et quartiers de pavillons pour les plus récents. On y reconnaît des faubourgs anciens, très typés et porteurs d’identités, comme les Minimes au nord, Bonnefoy au nord-est, la Côte Pavée set Jolimont ur la colline entre plaine de la Garonne et vallée de l’Hers à l’est, le Pont des Demoiselles au sud-est, Saint-Michel au sud, la Croix-de-Pierre au sud-ouest, la Patte-d’Oie à l’ouest. Ils séparent de grands ensembles du milieu du vingtième siècle dont certains ont acquis une forte personnalité comme Bourrassol au nord-ouest sur la rive gauche en aval de Saint-Cyprien, le Mirail au sud-ouest, Empalot rive droite. Plusieurs sont classés en zone urbaine sensible: Empalot, les Izards au nord de la ville, la Faourette-Bordelongue-le Bosc au sud-ouest, et non loin le grand ensemble Reynerie-Bellefontaine, qui a été inscrit aussi en zone franche urbaine sur près de 600 ha.

Quelques éléments particuliers apportent leur diversité, comme au sud l’hôpital psychiatrique de Braqueville, qui a souffert de l’explosion de l’usine chimique, et les terrains libérés par l’armée et la chimie à Langlade et Braqueville; au sud-ouest l’université du Mirail (sciences humaines), plus loin les ensembles industriels de Siemens, Thales ou Freescale à Bellefontaine et Basso Cambo, le campus de la Météorologie Nationale; ou encore les bureaux et ateliers de La Dépêche du Midi ou de la télévision vers Lardenne; à l’ouest l’hippodrome de la Cépière, la gare de Saint-Cyprien, le Zénith et les arènes taurines; plus loin, l’École nationale vétérinaire et l’École nationale du cadastre; l’ancien polygone d’artillerie avec l’usine désaffectée du Giat au nord-ouest, futur domaine de rénovation urbaine sous la forme d’une zone d’aménagement concerté (zac de la Cartoucherie) de 2 750 logements; les anciennes arènes romaines au nord-ouest près de Blagnac.

Les bords de Garonne en aval de la ville ont été aménagés en parcs de loisirs: Aqualand et lac de Sesquières à Ginestous rive droite, le Ramier et les Quinze Sols rive gauche à Blagnac. Toulouse s’est fait remarquer par l’apparition de quelques ensembles de «quartiers fermés» et résidences sécurisées pour bourgeois fortunés et reste la première ville française en la matière.

Enfin, les autres grands équipements industriels et hospitaliers se sont principalement concentrés au nord-ouest et au sud-est de la ville, débordant ainsi des limites d’une commune dont le territoire est pourtant très vaste; et ils n’ont pas fini de s’étendre. Le pôle aéronautique avait débuté au sud-est, autour de l’aérodrome de Montaudran où s’étaient installés Latécoère et l’Aéropostale, et a été démultiplié par les aérodromes de Lasbordes et de Balma dans la plaine de l’Hers; l’usine Latécoère demeure, le Cnes et la Cité de l’Espace rehaussent le site, mais le centre de gravité de l’aéronautique s’est déporté à l’opposé de l’agglomération avec la mise en service, à partir de 1939, de l’aéroport de Blagnac.

Le quartier de Saint-Martin-du-Touch, au-delà du Touch, une ancienne commune absorbée dès le tout début du 19e siècle, fixa les hangars de l’AIA (Atelier industriel de l’air) et de Dewoitine, accaparés par l’avionneur allemand Heinkel pendant la guerre, devenus Sncase en 1944 (Société nationale de constructions aéronautiques du Sud-Est), puis Sud-Aviation, qui y construisit la Caravelle, enfin Airbus. L’ensemble s’est énormément étendu dans les communes voisines de Colomiers (avec l’installation de Bréguet notamment), Blagnac et Cornebarrieu. Dans la même direction, mais plus près de la ville, Toulouse s’était déjà dotée des vastes équipements du centre hospitalier de Purpan, près desquels se maintient l’école supérieure d’agriculture privée de Purpan. Par une autre inversion, c’est pourtant le sud-est de la ville, à Rangueil, qui est devenu le principal pôle des nouveaux établissements hospitaliers, doublés par le lycée Bellevue et, sur le site de Lespinet, par l’extension de l’Université des Sciences (Paul-Sabatier), du Centre national d’études spatiales (Cnes) et des nombreux établissements de recherche et d’enseignement qui débordent sur les communes de Ramonville-Saint-Agne, Labège et Castanet-Tolosan.

Une commode rocade autoroutière fait le tour de l’agglomération à 5 ou 6 km du centre-ville, une autre se dessine 3 km au-delà, du moins au sud-ouest, et toujours dans la commune mais près de sa limite. Cela fait comme une quatrième ceinture, qui s’élargit encore. Toulouse y a un troisième aérodrome, mais d’usage surtout militaire et de formation, celui de Francazal au sud-ouest, dans la commune de Cugnaux. Tournefeuille a équipé la grande base de loisirs de la Ramée, tandis que Colomiers avait très tôt choisi d’accueillir une quasi- «ville nouvelle». Au nord, la rocade contourne le marché-gare d’intérêt national de Lalande (devenu Les Halles du Sud-Ouest), sur l’axe de circulation vers Bordeaux et Paris; il date des années 1960 et vient d’être rénové; il retient 500 salariés et comptabilise plus de 500 millions d’euros d’affaires par an. Mais les installations logistiques de la périphérie atteignent maintenant Castelnau-d’Estrétefonds 15 km plus loin, à plus de 20 km du centre-ville au NNO, et Muret tout aussi loin au sud-est; il est même question de créer un nouvel aéroport de grande taille sur les terrasses entre Fronton et Villemur.

Le métro souterrain de Toulouse, de type Val, court sur 11 km et 18 stations de Basso Cambo (sud-ouest) à Balma-Gramont (nord-est); inauguré en juin 1993 et prolongé en 2003, il s’est avéré un grand succès; une deuxième ligne, nord-sud de Borderouge à Ramonville-Saint-Agne sur 16 km (21 stations), l’a complété en 2007; leur croisement se fait près de la gare Matabiau (Jean Jaurès); une autre ligne en site propre utilise la voie ferrée entre les Arènes et Colomiers (ligne C). Toulouse eut naguère un dense réseau de tramways électriques, encore fort actif au début des années 1950; victime comme ailleurs de la diffusion de l’automobile, il réapparaît. La première ligne de tramway (T1) a été mise en service fin 2010 au nord-ouest, rive gauche donc, des Arènes à Andromède, puis prolongée vers le sud jusqu’au quartier saint-Michel; elle dessert notamment les principaux quartiers de l’aéronautique et de la santé. La seconde, T2, a été ouverte en 2015, du centre-ville à l’aéroport.

La commune de Toulouse a eu des municipalités socialistes de 1906 à 1971, puis de droite sous la direction de la famille Baudis, un passage à gauche en 2008 et un retour à droite en 2014. La persistance de nombreuses majorités de gauche dans les communes périphériques a compliqué la mise en place de l’agglomération qui, sous sa forme actuelle, devenue métropole, ne représente qu’une partie de l’agglomération réelle. La communauté d’agglomération Toulouse Métropole rassemble 37 communes et 755 900 hab. Les deux autres communautés d’agglomération vont jusqu’à la limite même de la commune de Toulouse au sud: Sicoval a 36 communes, 75 400 hab., le Muretain 26 autres communes et 118 500 hab.; non loin au nord-est, les Coteaux Bellevue ont 7 communes et 19 800 hab. L’unité urbaine de Toulouse a 73 communes selon l’Insee, toutes en Haute-Garonne, 948 000 hab. sur 81 200 ha. L’aire urbaine de Toulouse selon l’Insee a 452 communes, certaines dans l’Ariège, l’Aude, le Gers, le Tarn-et-Garonne et le Tarn, 1 331 000 hab., 538 800 ha. L’arrondissement de Toulouse a 1 049 900 hab. (819 500 en 1999), 225 communes, 254 183 ha. Toulouse et ses environs sont partagés en onze nouveaux cantons portant le nom de Toulouse, dont six se limitent à une fraction de Toulouse; les autres ont une fraction de Toulouse et de 1 à 9 autres communes.