Tours

(138 620 Tourangeaux, 3 436 ha) est la préfecture de l’Indre-et-Loire. La ville s’est développée sur la rive gauche de la Loire puis a occupé toute la plaine d’interfluve entre Loire et Cher. Son nom vient du peuple gaulois des Turons. Des fusions et extensions en 1964 ont largement étendu la commune au nord de la Loire par l’annexion des anciennes communes de Saint-Symphorien et Sainte-Radegonde, au sud du Cher par des cessions de terrains. De la sorte, son territoire est très allongé dans le sens nord-sud, de part et d’autre du grand axe qui correspond à la vieille route d’Espagne, devenue nationale 10.

Le centre-ville forme un rectangle très allongé le long de la Loire, à l’intérieur des boulevards qui ont pris la place de l’ancienne muraille du 16e siècle. Tours a eu trois noyaux distincts qui se voient encore nettement dans ce centre. À l’est s’est déployée une grande cité romaine, nommée Caesarodunum, créée à des fins d’administration civile sur la route de Bourges au Mans mais dans la varenne, où elle profitait d’une légère éminence de relief mettant le site hors des crues; ses anciennes arènes dessinent encore un cercle visible au tracé des rues et à de hauts murs. La ville des pouvoirs s’y est établie, avec la cathédrale et le parlement, dans ce qui s’est nommé Tours au sens strict, ou la cité de Tours, et qui n’occupait plus au haut Moyen Âge qu’un très petit périmètre fortifié de 9 ha alors que la cité gallo-romaine en avait occupé une bonne trentaine. Outre des pans de murs romains, on y voit la haute cathédrale à la façade flamboyante et renaissance extrêmement décorée, le musée des Beaux-Arts dans l’ancien archevêché, des restes en partie rénovés de l’ancien château féodal en bord de Loire, de beaux hôtels particuliers; le quartier est surtout d’habitat et plutôt riche, les commerces y sont rares.

À l’ouest s’est établi dès la fin du 4e siècle le pôle associé au tombeau de saint Martin, une métropole religieuse des Gaules aux temps mérovingiens, avec une basilique et un chapitre qui est devenu fort riche, et fut une puissance très autonome. Il était proche du port sur la Loire, et il a attiré quantité de pèlerins et de nombreux marchands dans un quartier qui s’est nommé Châteauneuf, en référence aux fortifications établies à la demande des chanoines. L’énorme église a été détruite, laissant toutefois deux tours de part et d’autre de la rue des Halles qui emprunte aujourd’hui l’ancienne nef. De ce passé reste le très pittoresque Vieux Tours, aux maisons à colombages et encorbellements, hôtels bourgeois et nombreux commerces. Là est le centre de l’animation touristique, soutenant une multitude de restaurants autour de la célèbre place Plumereau à pans de bois. La proximité de halles de haute qualité et très achalandées, et d’un marché paysan tout aussi fréquenté, ajoutent à son intérêt.

Ces deux noyaux originels, séparés par quelques centaines de mètres longtemps occupés par des couvents, et cependant réunis par un axe transverse parallèle à la Loire (rue de la Scellerie), ont été enclos au 14e s. par une longue muraille (1 600 m d’axe ouest-est), élargie au début du 17e s. Au centre, dans l’espace largement vacant, s’est développée, surtout au 19e et au 20e siècle, une nouvelle ville doublement centrale, traversée par la route nationale 10 qui emprunte le pont de pierre de 1778 (pont Wilson) et forme son axe de prestige, nommé rue Nationale. Ses rues dessinent un quadrillage régulier; mais une offensive allemande en 1940 a incendié tout le quartier central au sud du pont, qui porte la marque de la reconstruction des années 1950. Il concentre la plupart des magasins et des banques, l’opéra-théâtre et le théâtre moderne de l’Olympia, la bibliothèque municipale (1952) et la faculté des lettres (1972) en bord de Loire, et vers le sud la préfecture et l’hôtel du département, le palais de justice, l’hôtel de ville de la fin du 19e siècle qui trône devant une place Jean Jaurès semi-circulaire au débouché de la rue Nationale par ce qui fut la porte principale des remparts disparus. Là est le centre monumental et celui des réseaux d’autobus.

Sur les longs boulevards Béranger et Heurteloup se tiennent des marchés et des expositions; tout près a été installée la gare, œuvre de Victor Laloux, né à Tours en 1850 et mort à Paris en 1937, également connu comme auteur de la gare d’Orsay à Paris et qui a réalisé aussi à Tours l’hôtel de ville et la très byzantine nouvelle basilique Saint-Martin; le centre de congrès et de spectacles Vinci, œuvre de Jean Nouvel (1990), est face à la gare de l’autre côté du boulevard.

Dès le 19e siècle, la ville s’est largement étendue à l’extérieur des boulevards, par d’assez grands blocs; un ancien marais assaini rassemble des maisons bourgeoises étroites et hautes, les «particuliers», autour du parc des Prébendes (4,5 ha) créé en 1874 par les frères Buhler; des casernes se sont étalées au-delà, dans le quartier Febvotte. Vers l’ouest s’est établi l’ensemble hospitalier, flanqué d’un long et paisible Jardin botanique; au sud-ouest, Tours avait absorbé en 1845 la commune de Saint-Étienne, elle-même déjà réunie à Beaumont-lès-Tours en 1823 (quartier actuel de Beaumont). Non loin de la gare s’est constitué le quartier Velpeau, centre de vie au contenu très diversifié, puis l’ensemble d’administrations du Champ-Girault. Un peu plus loin au sud-est, des emprises ferroviaires ont servi à construire de grands ensembles de 3 000 logements dans les années 1960; mais ce quartier Sanitas, quoique soigneusement entretenu et équipé, fait partie des «zones urbaines sensibles». Dans la foulée, le cours du Cher fut rectifié et l’urbanisation s’empara des «Rives du Cher», cependant qu’en bord de Loire le vieux Tours était nettoyé de ses habitats insalubres, remplacés par des collectifs d’assez belle apparence.

Vers l’est, la ville a été bornée en 1828 par un canal, qui reliait le Cher à la Loire; il n’a guère servi, et son emprise a été utilisée pour faire passer l’autoroute A10, flanquée d’une voie rapide, les deux formant ainsi une fraction de la rocade urbaine. Au-delà de la rocade, le long du Cher, une extension de la commune dans le quartier Rochepinard a reçu le parc des Expositions et un gros complexe de sports.

Au sud du Cher, la plaine alluviale est urbanisée dans le quartier des Fontaines; plus en aval, le lac de la Bergeonnerie a été aménagé dans d’anciennes gravières au centre d’un parc; un nouveau quartier dit des Deux Lions se développe à l’ouest et a reçu des implantations universitaires (faculté de droit, maison des sciences de l’homme), un multiplexe de cinéma, des administrations comme la Trésorerie; il est relayé en aval par l’ensemble vert, encore peu affecté, de la Gloriette. Sur le plateau, la commune s’enfonce en pointe vers le sud le long de l’autoroute dans le quartier de Montjoyeux, dit plutôt de Grandmont car il contient le parc de ce nom, et tout un campus universitaire avec cité et terrains de sports, axé sur les sciences. Il est directement branché sur l’avenue de Grammont, tronçon de l’axe nord-sud et de la nationale 10 qui va jusqu’au centre-ville.

Cet axe se prolonge au nord de la Loire par la Tranchée, puis se divise en une branche vers Paris (N10) et une vers Le Mans et la Normandie (N138). Le coteau de rive droite est proche du fleuve et les anciennes communes de Saint-Symphorien au centre et Sainte-Radegonde à l’est se sont peuplées surtout au 19e et au 20e siècle sur le plateau, dans des quartiers assez aérés et peu structurés, puis se sont bordés d’un grand arc de cercle de grands immeubles de logements comme le quartier Europe et d’ensembles commerciaux périphériques dont le principal, au nord-est, est celui de la Petite Arche. De nouveaux développements apparaissent avec le tramway et le nouvel «écoquartier» de Monconseil.

Au nord-est, au-delà d’une longue rocade, la commune de Tours partage avec sa voisine Parçay-Meslay la moitié des emprises de l’aérodrome de Tours-Val de Loire (340 ha, piste de 2 400 m) et de la base aérienne 705 de Tours, héritière d’une base d’entraînement et d’observation créée en 1915 et dont l’activité militaire est longtemps restée soutenue; elle a abrité jusqu’en 2020 l’École d’aviation de chasse (Eac), qui utilisait des appareils Alphajet, ainsi que le commandement de l’ensemble des écoles de l’air et le service des pensions et rémunérations de l’armée de l’air. L’aéroport (codes TUF et LFOT) accueille néanmoins aussi des vols commerciaux quotidiens (Ryanair) avec Londres-Stansted drainant une clientèle britannique vers les châteaux de la Loire — et ajoute en été des vols vers Marseille, la Corse (Figari), Dublin et Porto. L’aérogare est dans la commune de Tours et a vu passer 200 000 passagers par an dans les années 2016 à 2019, dont 160 000 en vol international (190 000 en vols à coût réduit); au total, 2 000 mouvements commerciaux et 5 000 non commerciaux (3 000 locaux par l’aéroclub et 2 000 pour des voyages); pas de fret. Naguère, la firme TAT (Touraine Air Transport), créée en 1968 par Michel Marchais, eut quelque succès dans les liaisons interrégionales, devenant même la première compagnie régionale privée en Europe; puis elle a choisi de se consacrer à des activités de maintenance, abandonnant le transport de voyageurs à British Airways en 1996 et celui du fret à La Poste en 1997: TAT Group emploie plus de 3 000 salariés et reste dirigée par le fils du fondateur, mais n’a plus de lien avec Tours, sinon dans sa filiale immobilière.

Au bord de la Loire vers l’amont, où passe l’autoroute, subsistent des bâtiments de l’ancienne et puissante abbaye de Marmoutier. Dans le lit de la Loire même, aux bancs de sable très changeants selon le niveau des eaux, deux îles stables, l’île Aucard en amont et l’île Simon en aval, offrent des parcs de promenade et de sports, parfois d’expositions et de fêtes, tout près du centre-ville. Trois ponts routiers traversent la Loire, ainsi qu’une passerelle suspendue pour piétons et cyclistes dite pont de Fil. Le pont autoroutier de l’A10, un peu à l’est, est dans Tours au nord, Saint-Pierre-des-Corps au sud; un nouveau pont à voie rapide et un pont de chemin de fer forment la rocade ouest, mais par la commune de La Riche.

Par sa position en Touraine et en Val de Loire, et par sa distance à Paris (une heure par TGV), Tours est une ville très visitée. Elle n’a pas de monument grandiose, mais un ensemble très séduisant de sites urbains, de parcs et jardins, et des bords de Loire remarquablement bien aménagés; en outre, elle est très fleurie (quatre fleurs, grand prix) et soigneusement entretenue. Le château de Tours accueille 50 000 visiteurs par an, en partie grâce à ses liens avec le Jeu de Paume pour les expositions photographiques; le musée du Compagnonnage en reçoit 50 000, le musée des Beaux-Arts 47 000 et celui d’histoire naturelle 18 000, le cloître de la Psalette à la cathédrale 15 000.

La ville offre un éventail d’activités culturelles et de festivités de haut niveau, comportant opéra, théâtres, de nombreux concerts, deux complexes de cinémas, dont un associatif d’art et essai les Studios en centre-ville, plus de celui des Deux Lions et Ciné-Loire Pathé-Gaumont au nord-est au bout de la première ligne du tramway. Elle est devenue une ville universitaire depuis 1969, mais elle avait déjà une école de médecine en 1841 et avait créé en 1946 une école de droit, en 1950 un collège littéraire. Elle enregistre 30 000 étudiants dont 3 000 étrangers et dispose d’une palette complète de formations, médecine et pharmacie comprises (4 000 étudiants), un IUT de 2 000 étudiants, un Centre d’études supérieures de la renaissance créée dès 1956. Elle a créé en 2002 une école polytechnique (Polytech’Tours) qui regroupe deux anciennes écoles d’ingénieurs (informatique pour l’industrie, école d’ingénieurs de Tours) avec des départements aménagement, informatique, productique et des laboratoires de micro-électronique et rhéologie. L’Institut de Touraine, fondation privée bien placée en centre-ville, accueille de nombreux étudiants étrangers qui apprennent le français et travaille en liaison étroite avec l’Université. Celle-ci a créé des antennes à Blois et à Chinon.

Tours dispose d’un centre hospitalier régional et universitaire qui emploie 7 900 personnes et dispose de 1 300 lits médicaux, 1 900 en tout. S’y ajoutent diverses cliniques. La ville compte 14 collèges publics et 8 collèges privés, 6 lycées publics et 7 lycées privés, 5 lycées professionnels publics et 2 lycées professionnels privés, la maison familiale rurale de Rougemont, avec Institut rural (Ireo); les lycées agricoles sont à Fondettes et à Chambray. Dans le domaine militaire, Tours héberge le Commandement de la Formation de l’armée de Terre (Cofat), un établissement du génie et l’école de la logistique et du train et la direction des ressources humaines des trois armées terre, air et marine, ce qui vaut à Tours la présence d’un amiral.

Si bon nombre d’emplois industriels sont dans les communes voisines, notamment celles de Saint-Cyr-sur-Loire, Joué-lès-Tours, Chambray-lès-Tours ou Saint-Pierre-des-Corps, la commune de Tours, qui avait oublié depuis des siècles son passé de ville de la soie, et qui fut longtemps réticente à l’accueil d’industries, n’en a pas moins, depuis les années 1960 et en partie sous la pression périparisienne, son lot d’activités de production. En tête se signale STMicroelectronics (1 420 sal.), au nord de la ville, qui y a son centre d’expertise mondial et anime un pôle électronique avec l’Université de Tours et le centre du CEA du Ripault en banlieue à Monts; suivent les médicaments Sanofi (350 sal.) et Indena (140 sal.); la métallerie de signalisation SES (Sécurité et Signalisation, 230 sal.) les instruments scientifiques Vermon (transducteurs ultrasonores, 200 sal.) L’imprimerie Mame, vénérable institution tourangelle passée au groupe Serge Laski avec Gibert-Clarey de Chambray-lès-Tours (240 sal. ensemble), a fini par disparaître en 2011.

Le secteur tertiaire l’emporte de loin. La mairie emploie 3 200 personnes, préférant la régie directe à la sous-traitance; l’université compte 1 800 salariés; le Centre régional hospitalier universitaire a 9 000 emplois, 1 600 its, 110 000 hospitalisations en année normale; les transports urbains Fil Bleu emploient 700 salariés, et enregistrent 40 millions de voyageurs par an. Dans le domaine financier, se signalent la Banque populaire Val de France (570 sal.), Fidelia (asurances, 450 sal.), Le Crédit Lyonnais (400 sal.), la Caisse d’Épargne (220 sal.), CFF (200 sal.), Société générale (140 sal.), BNP Paribas (130 sal.), Allianz (140 sal.), AGF (90 sal.), Crédit Industriel de l’Ouest (CIC, 95 sal.), Oney (90 sal.), AGF (90 sal.) Dans le logement, gestion immobilière Tours Habitat ex-Opac (330 sal. pour Tours, 400 sal. par Val Touraine Habitat pour le département), Domitys (160 sal.), Square Habitat Crédit Agricole (160 sal.), Ligeris (120 sal.), Touraine Logement ESH (100 sal.); et Bouygues Immobilier (490 sal.), les services Effico (370 sal.), ainsi que le groupe CityA, d’origine locale et dont le siège est à Tours, qui affiche en tout 200 agences et 3 500 employés.

Électricité de France a installé à Tours son Centre national d’équipement et de production électrique, qui emploie 530 personnes — les agences dans le département y ajoutent 620 employés et la centrale d’Avoine 1 300. Dans la communication émergent La Nouvelle République du Centre-Ouest (450 sal., 260 000 exemplaires quotidiens) et ses filiales Presse Portage (250 sal.) et NR Communication (120 sal.), SAEM Tour Evenements (75 sal.), France Bleu Touraine (55 sal.); informatique et centres d’appels Sopra (280 sal.), Open (250 sal.), Worldline (160 sal.), Econocom (150 sal.), Atos Origin (80 sal.); ingénierie Effigie (90 sal.), Cap Gemini (55 sal.); centre de recherche Nestlé (50 sal.). Parmi les autres services et bureaux se signalent la gestion du groupe Atheo (Edgard Opticiens, 150 sal.), la restauration collective Restauval (400 sal.), les installations électriques Cegelec (110 sal.), les locations et services Arair (240 sal.); travail temporaire LIP (120 sal.), nettoyages Saines (260 sal.); distribution d’électricité Enedis (410 sal.)

Dans les activités commerciales ressortent un hypermarché Auchan (360 sal.) à la Petite Arche, le centre Leclerc de Tours-Nord (230 sal.), les magasins Ikea (220 sal.), Leroy-Merlin (140 sal.), Galeries Lafayette (100 sal.) et Le Printemps (75 sal.), la Fnac (95 sal.) et Darty (95 sal.), Decathlon (65 sal.), Monoprix (55 sal.); négoces de matériaux Berthault (65 sal.), de fruits et légumes Estivin (siège et logistique, 460 sal.), vêtements Tommy Hilfiger (TH & CK, 170 sal.); transports par autocars Transdev (Rapides de Touraine, 370 sal.), Keolis (240 sal.).

Tours a eu 30 000 hab. autour de 1850, 65 000 en 1900, 80 000 dans les années 1930. Elle est passée à 93 000 en 1962 et a bondi à 128 000 en 1968 après l’intégration des deux communes du nord de la Loire (1964), puis 141 000 en 1975. Sa population a un peu faibli ensuite (129 500 hab. en 1990), en partie à la suite d’énergiques curetages de quartiers populaires du centre-ville, et de l’expansion de l’offre en banlieue; elle a regagné 3 300 hab. dans les années 1990 et 1 470 depuis 1999.

La communauté d’agglomération Tours-Plus, un peu agrandie en 2010, est devenue Tours Métropole Val de Loire en 2017 en accédant au statut de métropole; elle rassemble 22 communes et 293 000 hab. L’unité urbaine Insee est donnée pour 354 000 hab. (36 communes), l’aire urbaine pour 495 400 hab. (140 communes, 319 000 ha, 18e en France). L’arrondissement de Tours, fortement réduit à 54 communes en 2017, a 385 000 hab. et trois intercommunalités. Les 4 nouveaux cantons de Tours divisent la commune seule (31 700 à 39 400 hab.). V. X. Rodier, H. Galinié, R. Brunet, «Tours; étude chrono-chorématique» dans Mappemonde n°100 (2010), https://mappemonde-archive.mgm.fr/num28/articles/art10406.html.