Troyes

(63 120 Troyens, 1 320 ha) est la préfecture de l’Aube, dans la vallée de la Seine au centre du département. Troyes est une ville de plaine alluviale, qui n’a eu jadis pour défenses que le lacis des bras et affluents de la Seine; mais ces mêmes eaux ont bien aidé ensuite son activité textile. La ville a commencé comme chef-lieu de la tribu gauloise des Tricasses, dont elle tire son nom. Les temps gallo-romains lui valurent une urbanisation en carré quadrillé sous le nom d’Augustabona; son plan se lit encore dans celui de la Cité. Au Moyen Âge, la ville sut tirer parti du passage des marchands et des foires de Champagne, et devint la ville des comtes de Champagne.

Peu à peu se dessina ce qui est toujours son centre, en forme de «bouchon de champagne». Au nord-est, un vague demi-cercle est entouré de bras de la Seine qui lui servaient de douves; il enferme à l’ouest le carré de la cité, avec la cathédrale et les restes de l’ancien château, à l’est et au sud les anciennes propriétés ecclésiastiques du Bourg l’Évêque et du Bourg Saint-Denis. Au sud-ouest, un rectangle de murailles dans la vallée de la Seine enserrait le Bourg tout court, celui des marchands, devenu le centre animé. Son plan est assez régulier mais comprend d’étroites ruelles, qui en font d’ailleurs le charme; il est toutefois hétérogène: vers l’amont, le terrain était marécageux et insalubre dans les anciens quartiers des Tanneurs et de la Massacrerie, où se tenaient des ateliers; il a été récemment l’objet d’énergiques rénovations (le Gros Raisin).

Troyes se flatte d’avoir eu dès le début du 16e siècle le privilège de fabriquer des bonnets de coton; mais le succès de l’industrie textile date à proprement parler du 19e siècle, et de la «maille» bien plus que de la bonneterie proprement dite: c’est l’invention de machines permettant de «diminuer» les tricots qui a été utilisée à fond et a permis l’expansion de la fabrication des sous-vêtements, des articles chaussants et des tricots qui ont fait pendant un siècle la fortune de la ville, en donnant du travail principalement aux femmes. La ville, où les boulevards ont remplacé les murs, s’est alors entourée d’usines de tous côtés et de grandes firmes ont prospéré.

Cette spécialité n’a pas résisté aux concentrations et à la concurrence des pays à plus bas salaires: il n’y a plus grand chose dans ce domaine à Troyes, et encore moins qui soit «troyen». La bonneterie reste présente, mais de moins en moins par la fabrication, et en partie sous forme d’entrepôts, centrales de distribution et points de vente; comme Roubaix mais en plus petit, Troyes s’est fait une spécialité de ces «magasins d’usine» où le chaland cherche à faire des affaires en achetant «directement», en particulier des soldes des saisons précédentes: ils totalisent environ 80 000 met sont en effet très visités, recevant quelque 3 millions de visiteurs par an, venus par cars entiers.

Les principaux établissements sont ceux de la maison Petit-Bateau, curieusement acquis par le fabricant de cosmétiques breton Yves Rocher (usine Joseph, 510 sal.); Devanlay (marque Lacoste), en trois unités de 480, 120 et 100 sal.; les étoffes à mailles Emo (90 sal.); l’usine d’ennoblissement France-Teinture (100 sal., ex-Teinturerie de Champagne).

À côté et dans de tout autres domaines, l’emploi industriel s’était heureusement renouvelé dans le mouvement qui avait profité aux villes de la «grande couronne» parisienne dans les années 1980 et 1970: les principaux établissements industriels sont ceux de la chocolaterie Cemoi ex-Jacquot (390 sal.); des chaînes et pignons Sedis (95 sal.); des piscines Magiline (70 sal.), la menuiserie Santin (50 sal.).

Le secteur tertiaire, tout aussi mobile, enregistre les centres d’appels STEL (310 sal.), le négoce interentreprises de textiles et cuirs AG Com (90 sal.); les négoces de céréales et aliments du bétail Vivescia (180 sal.). La grande distribution est discrète dans la commune, avec la Fnac et Monoprix, mais plus présente en banlieue; transports urbains TCAT (270 sal.), Courriers de l’Aube (190 sal.), conditionnement Solodi (170 sal.) et transports Logtex (75), société de sports Estac (55 sal.).

Se signalent encore dans le tertiaire la Banque Populaire (120 sal.), les placements financiers Kidliz (130) les comptables SECC (55 sal.) et Sadec (55 sal.), le travail temporaire Ranstad (95), l’aide à domicile Adheo (80 sal.) et Axdom (75 sal.). L’Opac de l’Aube (logement) et celui de Troyes ont 160 et 140 salariés. Parmi les services à l’industrie et au bâtiment se distinguent la fourniture de chauffage Dalkia (70 sal.); le gardiennage Artus (65 sal.), les travaux publics Eiffage (100 sal.), EDF (90 sal.), La Poste (290). Mais beaucoup d’entreprises de cette nature, et tous les hypermarchés, sont en banlieue.

Troyes s’était efforcée d’accompagner jadis l’industrie de la maille par des services techniques, de recherche et de conseil. Elle a ensuite reporté cet effort et ses espoirs vers le domaine du conditionnement, jusqu’à imaginer une Packaging Valley à la mode: mais elle n’est pas seule, et faut-il avoir quelque chose à emballer: de ce côté, les maisons de champagne et les usines de pharmacie ou cosmétiques marnaises ont plus de perspectives. Néanmoins Troyes a pu développer l’enseignement supérieur, d’abord par un IUT, puis par une Université de technologie (UTT), créée en 1994 et qui forme des ingénieurs en systèmes d’information et de communication, systèmes industriels, systèmes mécaniques, technologie et économie des matériaux; elle emploie 150 personnes et reçoit plus de 2 000 étudiants; elle est associée à une pépinière et un hôtel d’entreprises. Troyes abrite également des instituts de biotechnologie, de médecine du sport, du textile et de l’habillement, un laboratoire de nanotechnologies et instrumentation optique (LNIO) de l’Université. Troyes a un centre hospitalier public de 680 lits, deux cliniques de 200 et 100 sal. (175 lits ensemble), un centre d’aide par le travail, 6 maisons de retraite dont la Résidence de l’Île (90 sal.), Korian Pastoria (60 sal.) et Orpea (60 sal.); quatre collèges et sept lycées publics, dont trois professionnels, cinq collèges et six lycées privés dont trois professionnels.

La ville offre vieilles ruelles et maisons à colombage, une assez belle cathédrale (13e-17e s.) et d’intéressantes verrières, quatre ou cinq musées: le musée d’art moderne dans l’ancien palais épiscopal, la Maison de l’outil et de la pensée ouvrière, le musée historique et le musée de la bonneterie à l’hôtel Vauluisant, les musée d’histoire naturelle et d’archéologie et la bibliothèque à l’abbaye Saint-Loup, l’apothicairerie de l’Hôtel-Dieu, et depuis 2004 le musée de dessins Di Marco; plus quelques espaces verts (Parc Henry et jardin du Beffroi). La commune a sept quartiers prioritaires dont les anciennes «zones urbaines sensibles» des Chartreux au sud, du Point du Jour à l’est, des Senardes au sud du centre-ville.

La ville avait 25 000 hab. au début du 19e siècle, 53 000 au début du 20; elle avait absorbé la commune de Saint-Martin (3 700 hab.) en 1858. Sa population est montée à 75 000 hab. en 1968, puis a perdu 14 000 hab. jusqu’en 1999, pour en regagner 500 depuis. Elle est à la tête de la communauté d’agglomération Troyes Champagne Métropole de 81 communes et 170 100 hab., de loin la plus peuplée du département. L’unité urbaine Insee serait de 138 000 hab. (19 communes), l’aire d’attraction de 219 000 (147 communes). L’arrondissement a 228 000 hab., 244 communes, 353 394 ha, soit 73% du département.

Les 5 nouveaux cantons de Troyes totalisent 103 00 hab. (107 100 en 1999) et 7 communes.