Vocabulaire et toponymie pour la Lorraine

-ange, terminaison fréquente des toponymes villageois en pays mosellan; elle désignait simplement un village, un hameau, et a la forme -ing dans d'autres contrées germaniques; c'est l'équivalent du -ac méridional, du -ay, etc.

Ban, terme assez général pour désigner une aire de souveraineté, et plus généralement le territoire d'une communauté, spécialement d'une commune.

Chaume, pacage d'altitude dans les Vosges, au-dessus de l'étage forestier; on dit aussi gazon.

Chavée, ravin en Argonne.

Faing, tourbière d'altitude; même mot que fagne dans les Ardennes. Le Gazon du Faing est le chaume de la tourbière…

Gaize, grès de l'Argonne, venant de la consolidation locale de sables crétacés, formant un plateau boisé.

Géromé, fromage à pâte cuite des Vosges; le nom est une déformation de Gérardmer.

Goutte, source, tête de vallon, petit ruisseau; présent dans des toponymes, surtout du côté vosgien, comme Ménilgoutte.

Haut fer, grande lame des anciennes scieries vosgiennes servant à débiter les troncs d'arbres, selon un mouvement de haut en bas actionné par une roue à aube sur un torrent; on en voit encore à Bionville, à Clefcy ou à Mandray. Le Haut Fer est un roman de José Giovanni, dont Robert Enrico a tiré le film Les Grandes Gueules.

Haye, forêt de hêtres: le mot vient de fagus; le nom de forêt de Haye est donc redondant.

Meix, habitation rurale avec dépendances, jardin, verger, ou petit hameau; du latin mansum, qui a donné mas et manse, lui-même issu de manere, demeurer; le mot, qui se prononce comme mais, figure dans d'assez nombreux toponymes du Nord-Est de la France et par exemple dans Gérardmer, qui aurait dû s'écrire Gérardmeix.

Ménil, mesnil, maison rurale avec terres attenantes; vient de mansionile, même racine générale que meix (latin manere); c'est donc simplement la demeure, mais à la campagne; fréquent dans les toponymes et les patronymes en pays de langue romane.

Platt, dialecte germanique traditionnel de la Moselle à l'est de Metz et dans le bassin de la Sarre.

Quiche, spécialité culinaire lorraine sous la forme d'une tarte salée en pâte brisée garnie de diverses façons et normalement avec des morceaux de lard ou de jambon fumé; à l'origine, elle était, comme beaucoup de préparations régionales, une façon d'utiliser des restes, ou d'étoffer un mets goûteux mais un peu court; le mot vient de la racine germanique kuchen (gâteau), lui-même évoquant ce qui cuit ou se cuisine (cuire et cuisine ont la même origine indo-européenne, cf. cook et cake en anglais).

Rupt, torrent, ruisseau aux eaux vives; il se prononce comme le ru et a la même origine.

Troff, forme altérée de dorf, village en germanique, à la fin de nombreux toponymes mosellans comme Altroff (le vieux village), Albestroff (le village au bord de l'Albe), Grosbliederstroff, Sarraltroff, etc.

Usoir, espace libre devant la ferme lorraine le long de la rue du village; il servait jadis à stocker le bois, le fumier, etc.; il a ensuite accueilli le tracteur et du matériel, et il sert de plus en plus aujourd'hui au fleurissement des villages - ou à l'élargissement de la route.

Voivre ou vaivre, terrain humide, marécageux, aux sols boueux; à l'origine du nom de la Woëvre, il forme aussi d'assez nombreux microtoponymes; il correspond au vabre méridional et viendrait du gaulois vabero, ruisseau.

Willer ou viller, village, d'après le latin villare; fréquent dans les toponymes communaux. Prend parfois un s final mais normalement ne s'écrit pas villier contrairement à d'autres régions: ex. Rambervillers.

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