Amiens

(137 380 Amiénois, 4 946 ha) est la préfecture de la Somme. La métropole picarde est située à un rétrécissement de la vallée de la Somme, qui s’y réduit à 600 m alors qu’elle atteint près de 2 000 m en amont dans les hortillonnages; c’est pourquoi le site fixa des habitants et fut nommé Samarabriva (Pont-sur-Somme), avant de prendre le nom de la tribu gauloise des Ambiens. Situé sur la voie romaine Agrippa (Lyon-Boulogne), il profita d’une convergence de routes, de la Somme comme voie navigable, et de la relative prospérité des campagnes picardes. Amiens devint un gros marché, lié à la Hanse de Londres, et une ville d’industrie travaillant les teintures grâce aux cultures de pastel environnantes (la waide), de tissus de soie et laine mêlés (les sayettes), de velours ensuite. Amiens a laissé une trace dans l’histoire du syndicalisme ouvrier: la charte d’Amiens de 1906 en assura la fondation. Les deux dernières guerres ont ravagé la ville, énergiquement reconstruite après 1945 et qui a vite repris son rang de centre régional.

Ville de la «couronne» parisienne comme Reims ou Tours, elle put s’ouvrir aux nouvelles industries de main-d’œuvre des années 1960, et accueillir de vastes usines, surtout dans la grande zone aménagée alors au nord-ouest de la ville, tandis que l’expansion de l’enseignement supérieur permettait d’ouvrir une Université et même un campus extérieur, de l’autre côté de la ville au sud-ouest. Mais plusieurs des grandes usines ont montré leurs limites dès 1975, et certaines ont fermé, entraînant de difficiles crises de l’emploi. En même temps, Amiens peinait à profiter de l’expansion des relations entre Paris et le bassin nordiste: le couloir majeur passe nettement à l’est de la ville, et les tracés de l’autoroute A1 et du TGV ont entériné cette mise à l’écart. Amiens est bien sur un axe virtuel Paris-Londres; mais pour le moment les relations passent par Lille et le projet de TGV direct par Amiens reste dans les cartons. Néanmoins, le développement du système autoroutier a permis à Amiens d’être atteinte par les voies A16 (Paris-Boulogne) et A29 (vers Saint-Quentin et l’A28), qui ont permis de doter la ville d’une rocade autoroutière complète à environ 5 km du centre, assortie d’une quinzaine d’échangeurs.

La commune avait 40 000 hab. au début du 19e siècle, 90 000 à la fin; elle est restée assez longtemps à ce niveau, avant d’entamer une nouvelle croissance en 1960, passant à 131 000 en 1975; puis elle est restée sur ce palier, avec toutefois une reprise de croissance dans les années 1990, alors que plusieurs communes de banlieue déclinaient. La population totale a diminué de 1 820 hab. depuis 1999. Comme partout, les plus gros employeurs sont des services publics: 4 500 salariés dans le centre hospitalier (1 300 lits), 3 300 pour la ville et la communauté d’agglomération, 1 600 pour l’Université, qui a 32 000 étudiants sur six sites. S’y ajoutent plusieurs cliniques de 520 sal. (Victor Pauchet de Butler), 200 (Polyclinique de Picardie), 120 (Cardiologie et Urgences), trois plus petites, au total près de 500 lits; maison de retraite du Parc des Vignes (55 sal.)

Mais la ville ne manque pas d’entreprises de poids. Après la zone pionnière de Longpré sur la rive droite en aval de la ville, et celle des Montières rive gauche (2 800 emplois sur 250 ha), les industries se sont concentrées dans l’Espace industriel Nord, fort de plus de 10 000 emplois. Les plus grandes sont la fabrique de pneus Goodyear-Dunlop (GDTAS, 800 sal.), les embrayages Valéo (930 sal.), les détersifs Procter et Gamble (1 070 sal.). Faiveley (360 sal.) a repris l’usine de freins ferroviaires du suédois SAB-Wabco. Metex (Ajimoto, 330 sal.) produit des bases pharmaceutiques vétérinaires, Unither (360 sal.) des doses stériles, Mersen (ex-Carbone-Lorraine, 280 sal.) fabrique des balais pour moteurs électriques, JPR Hutchinson (410 sal.) des joints d’étanchéité élastomères. Dans les plastiques se signalent Plastic Omnium Auto Extérieur (160 sal.), Alpla (emballages plastiques, 85 sal.), Scott Bader (110 sal., états-unien, plastiques de base), Amiens Injection (Plastivaloire, 70 sal.). S’y ajoutent la chaudronnerie Friedlander (125 sal.), les appareillages électriques de sécurité ATX (70 sal., groupe états-unien Appmeton), les produits pétroliers Igol (100 sal.), les biscottes Florensuc (60 sal.).

Les autres établissements notables relèvent du tertiaire. L’Espace industriel du Nord rassemble notamment les transports Sanef (240 sal.), Schenker (140 sal.), Calberson (110 sal.), BTL (130 sal.); Constructel (210 sal.) et Sidem (120 sal.) s’occupent d’installations électriques; travaux publics Colas (160 sal.); club de sports Amiens SC (110 sal.); production de chaleur Dalkia (210 sal.), distribution d’électricité Enedis (260 sal.). Orange affiche 360 sal., La Poste 340 sal., la SNCF 410 et 180 sal.

Un hypermarché Carrefour (280 sal.) est dans la commune d’Amiens ainsi que des magasins Leroy-Merlin (140 sal.), Decathlon (66 sal.), et de nombreuses enseignes de moins de 50 sal.; base logistique du groupe Auchan (350 sal.); banques Caisse d’Épargne (300 sal.), BNP (130 sal.); conseil CGS (150 sal.), informatique CGI (320 sal.), conseil Logigaz (180 sal.), études de marchés Mediamétrie (380 sal.). Amiens a reçu des centres d’appel, surtout Omien 2 (760 sal.), Intra Call (490 sal.); interim Manpower (510 sal.), Supplay (210 sal.), Adesso (140 sal.), gardiennage Securitas (120 sal.), publicité Adrexo (240 sal.); nettoyages Azurial (250 sal.) et Pro Impec (220 sal.), déchets dangereux Veolia Recyclage (170 sal.).

Amiens fait partie des «villes d’art et d’histoire» et des villes fleuries (trois fleurs). Le centre-ville se tient dans un rectangle de boulevards établi sur le bas plateau de rive gauche de la Somme. L’énorme cathédrale y trône au nord-est; commencée en 1220, complétée et modifiée au long des siècles et restaurée par Viollet-le-Duc, elle est l’un des très grands monuments du Bassin Parisien, et inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco; ses trois portails richement sculptés, ses deux tours inégales, sa fine flèche centrale qui porte sa hauteur à 113 m, son immense nef de 145 m de long, la plus haute de France (42,5 m), ses vitraux, son labyrinthe, ses stalles en font un joyau très visité. Le centre piétonnier est juste au sud, entre l’hôtel de ville à l’ouest et le palais de justice à l’est; il abrite de beaux immeubles comme la Maison du Baillage, l’hôtel de Berny (1634) transformé en musée d’art et d’histoire, la Galerie du vitrail, la place du Don restaurée.

Vers l’ouest, près de l’hôtel de ville, sont le beffroi reconstruit et les halles, relayés par la Maison de la Culture (ou Macu) de 1966 et le centre de sports du Coliseum. Au sud, trônent le musée de Picardie, la bibliothèque, les hôtels du département et de la région et, de l’autre côté du boulevard, le cirque et le centre de documentation Jules Verne. Vers l’est, la tour Perret, réalisation de la reconstruction des années 1950, haute de 104 m, est à l’entrée d’Amiens par la nationale 29 et domine la gare, également dessinée par Auguste Perret.

Ce rectangle central est flanqué au nord, mais dans la plaine alluviale, par le demi-cercle du quartier Saint-Leu. Sillonné de bras de la Somme, abondant en petites maisons, mais largement rénové, il fut le lieu du premier Amiens et du port; il abrite le théâtre des Marionnettes (les cabotans en picard), le marché sur l’eau et des éléments nouveaux de l’Université. Il est dominé au nord sur la rive droite par l’ancienne citadelle, et prolongé en aval par le faubourg Saint-Maurice, où ont été installées deux grandes écoles (ESIEE et ESAD), en amont par le grand parc Saint-Pierre et le quartier de même nom, qui le séparent des hortillonnages. Ceux-ci s’étalent dans toute la partie amont de la vallée et sont accessibles en barque; sur l’île Fagot a été installé un centre d’initiation et de visite.

La ville a depuis longtemps dépassé cet ensemble central formé par le rectangle des boulevards et le quartier Saint-Leu, dont la disposition rappelle celle du centre de Troyes. Vers l’ouest, ont pris place une cité administrative, puis dans la vallée de la Selle le grand parc zoologique et les promenades de la Hotoie, l’hippodrome, le palais des Congrès et le parc des expositions, un Zénith. De part et d’autre de la Somme en aval se voient d’anciens villages submergés par l’urbanisation, comme Montières et Étouvie rive gauche et Longpré-lès-Amiens rive droite, et un ensemble d’usines et entrepôts.

L’habitat s’est surtout étendu dans l’éventail de rues qui occupe le plateau au sud et au sud-est du centre; mais les hôpitaux et les emprises universitaires sont sorties des limites de la commune au sud-ouest pour s’installer en partie sur le territoire de Salouël au sud-ouest, de Dury (hôpital psychiatrique) au sud. À l’extrême sud-est, où fut une ancienne abbaye, se tient dans la commune d’Amiens le site archéologique préhistorique de Saint-Acheul, éponyme de l’acheuléen, où furent trouvés quantité de silex taillés.

La grande zone industrielle du nord-ouest comprend entre autres les vastes usines Procter et Gamble, Goodyear-Dunlop et la base logistique Auchan. Trois «zones urbaines sensibles» ont été définies; l’une est à Étouvie, un ensemble au NO de la ville sur la rive gauche, proche des zones industrielles des Montières et de Longpré; la plus vaste, qui a le statut de zone franche urbaine, englobe les grands ensembles d’habitation du nord de la ville, au-delà de la Somme et non loin de l’espace industriel Nord et au sud de Saint-Ladre; la troisième, plus réduite, est au sud-est, face à Longueau.

Amiens a beaucoup changé depuis la reconstruction, à la fois en s’occupant de difficiles questions sociales, en haussant le niveau de culture, de formation et d’équipement de la ville, en entreprenant une politique de rénovation des plus vétustes quartiers. L’Université, qui a pris le nom du plus illustre des Amiénois, Jules Verne, rassemble 32 000 étudiants. Elle est complétée par des grandes écoles: ESIEE (ingénieurs en électricité et électronique), ESAD (arts et design), Arts et métiers, Sup de Co. L’enseignement secondaire compte 9 collèges et 13 lycées publics dont 6 professionnels et 2 technologiques, 5 collèges et 9 lycées privés dont 5 professionnels. Outre les bibliothèques et la Maison de la Culture, Amiens héberge une Maison du théâtre et une scène nationale (Comédie de Picardie), plus le centre culturel du Safran au nord de la ville, qui inclut le théâtre Gérard Philipe; elle entretient des festivals du jazz et du cinéma.

La communauté d’agglomération Amiens Métropole groupe 39 communes et 180 900 hab. L’unité urbaine Insee est donnée pour 164 300 hab. (11 communes); l’aire urbaine, très étendue, pour 354 000 hab. dans 369 communes. L’arrondissement a 305 700 hab. 291 communes.

Amiens a sept nouveaux cantons, groupant 34 communes et 184 600 hab.

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