Bas-Rhône-Languedoc

nom de l’un des grands aménagements régionaux de la France lancés à la fin des années 1950, et nom originel du canal d’irrigation qui en est la pièce principale. L’idée était de commencer à réduire l’extension du vignoble de masse dans les plaines du Bas-Languedoc et de lui substituer, grâce à l’irrigation par l’eau du Rhône, une huerta de fruits et de légumes digne d’une «Californie française». Les travaux furent menés par la Compagnie nationale d’aménagement du Bas-Rhône-Languedoc ou CNABRL, en abrégé BRL, créée en 1955. La Compagnie existe toujours, a son siège à Nîmes dans un bâtiment construit dans la plaine au milieu des cultures, et exerce une activité de conseil, d’expertise et de conduite de travaux hydrauliques dans de nombreux pays. Le canal principal capte les eaux du Rhône à la limite des communes de Fourques et de Beaucaire; il longe le pied des Costières, passe par Saint-Gilles et Vauvert puis par Lunel-Viel et s’achève à Mauguio. C’est bien moins que ce qui avait été prévu; mais la transformation du vignoble languedocien vers les fruits et légumes n’a pas été un plein succès, en raison de la résistance des viticulteurs et de leurs coopératives, ainsi que d’une organisation insuffisante des marchés des denrées périssables, et d’une pénétration timide des industries de la conserve, marquée par quelques échecs. L’eau du canal sert d’ailleurs autant aux besoins urbains — Montpellier y a volontiers recours — qu’aux cultures. De sorte que, si le côté rhodanien du département du Gard a été assez largement transformé, l’aménagement a échoué à porter l’irrigation là où elle eût sans doute été la plus utile, c’est-à-dire en Biterrois.

L’aménagement principal est donc limité aux pays nîmois et lunellois; le département du Gard affiche 14 000 ha de vergers. BRL est autorisée à prélever 75 m3/s dans le Rhône à Bellegarde; à une douzaine de kilomètres, à Pichegu dans la même commune, une puissante station de pompage porte le nom d’Aristide-Dumont, ingénieur gardois mort en 1902, auteur d’anciens projets inspirateurs. Elle expédie l’eau dans deux directions: 63 m3/s, rehaussés de 20 mètres, dans le canal Philippe-Lamour, long de 60 km, jusqu’à Mauguio; 12 m3/s, rehaussés de 70 m pour franchir le talus de la Costière, dans le canal des Costières et jusqu’à Nîmes. Le premier canal porte le nom du principal acteur du projet, avocat d’origine nordiste (1903-1992), l’un des pionniers de l’aménagement du territoire, qui présida BRL de 1955 à 1974, en même temps que de nombreuses autres institutions; il irrigue 36 000 ha, le second 30 000. Hors de ce réseau, BRL a également réalisé dans les années 1960 le barrage des Monts d’Orb sur l’Orb, et le lac-réservoir du Salagou, pour l’irrigation du Biterrois; puis, à la fin des années 1970, le barrage de la Ganguise en Lauragais.

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