Bourges

(66 590 Berruyers, 6 874 ha) est la préfecture du Cher. Campée au milieu de la plaine dite Champagne berrichonne, la ville est née sur une basse colline, jouant le rôle d’oppidum au confluent des larges vallées marécageuses de deux petites rivières, l’Yèvre et l’Auron. Elle fut ainsi une place forte des Bituriges, nommée Avaricum aux temps gallo-romains avant d'être rebaptisée d'après le peuple gaulois. Le centre-ville a hérité de ce site, fortifié au 3e s.; il est dominé par l’imposante cathédrale gothique, construite autour de 1200 et remaniée autour de 1250, classée en 1992 dans le patrimoine mondial de l’Unesco, dont la nef de 124 m sur 41 est la plus large de France. S’y ajoutent, outre une promenade des remparts, le grand hôtel-dieu, des maisons à colombage et les jardins de l’archevêché, de nombreux hôtels bourgeois et surtout le flamboyant palais Jacques Cœur, édifié de 1443 à 1451 sur l’ancienne enceinte gallo-romaine, qui accueille environ 40 000 visiteurs par an; un vaste jardin arts-déco s’étend sur près de 5 ha en pleine ville (les Prés-Fichaux, c’est-à-dire fiscaux, créé en 1922).

Le centre-ville monumental forme une ellipse dont le grand axe NNO-SSE correspond à la rue Moyenne; le palais Jacques-Cœur, plusieurs musées et hôtels particuliers de la vieille ville marchande sont du côté nord, tandis que la cathédrale, l’hôtel de ville, la préfecture et la cité administrative sont au sud, prolongés par les jardins de l’Archevêché et la Maison de la Culture sur la place André Malraux. Cette ellipse centrale s’inscrit dans une ellipse concentrique formée par les boulevards qui longent les deux vallées et les principaux espaces verts. Au sud-ouest, touchant à l’Auron, ont pris place le parc des expositions, le palais des congrès et la médiathèque.

Bourges a connu une époque d’activité et de richesse à la fin du Moyen Âge, où elle servit un temps de capitale réelle du royaume de France, et exploita alors pleinement sa position centrale. L’entreprenant Jacques Cœur, fils d’un marchand de fourrure local et mort à Bourges en 1456, fut le symbole de cette période; une université y fut ouverte en 1463, où Calvin fut étudiant; elle disparut en 1789. Après une longue éclipse, Bourges connut une autre époque faste à partir du milieu du 19e s., avec l’ouverture du canal de Berry (1841) puis l’arrivée du chemin de fer, et le choix d’en faire un centre de l’armement sous le Second Empire, avec l’École pyrotechnique et le polygone d’Avord. Ces innovations lui assurèrent alors une base industrielle, assez largement diffusée alentour et relayée par Vierzon.

Un nouvel élan a accompagné le développement des fonctions de préfecture et de service après les années 1950, dans différents domaines allant de l’agricole au culturel. Bourges est connue par son très actif festival du Printemps de Bourges (depuis 1977, 80 000 entrées en 2018) et sa Maison de la culture pionnière, ouverte en 1963 à partir d’une salle des fêtes Séraucourt bâtie en 1938, et classée monument historique en 1994. Le festival Un été à Bourges s’y est ajouté et affiche 56 000 entrées. La ville, très fleurie (quatre fleurs), compte plusieurs musées: du Berry (hôtel Cujas, 14 000 visiteurs par an), Maurice Estève (hôtel des Échevins, 19 000), des arts décoratifs (hôtel Lallemant, 16 000 entées), d’histoire naturelle (31 000), des meilleurs ouvriers de France (21 000) — Bourges fut un haut lieu du compagnonnage; plus un musée de l’armement (collection de canons). Une base nautique a été aménagée sur l’Auron au sud de la ville, disposant d’un plan d’eau de 85 ha (lac du Val d’Auron), assortie d’un golf un peu à l’est.

Bourges est aussi le siège de la puissante coopérative Épis Centre, qui traite 2,5 Mt de céréales par an pour le compte de 12 000 adhérents et emploie 1 300 salariés. Elle a un lycée agricole avec sa ferme, plus une annexe à Vailly-sur-Sauldre. La ville est équipée d’un centre hospitalier public (570 lits médicaux, 920 en tout, 1 300 salariés) et d’un centre de santé mentale (1 200 places), une clinique (65 lits, 100 sal.); maison de retraite (Medica, 50 sal.), deux instituts médico-éducatifs. Elle compte six collèges publics et deux collèges privés, quatre lycées publics et deux lycées privés, cinq lycées professionnels publics.

Elle dispose d’un IUT, d’une Faculté des sciences et d’une Faculté de droit dépendant de l’Université d’Orléans, ainsi que d’une École nationale supérieure d’art et un Centre d’enseignement supérieur en alternance (Cesal). Le technopole de Lahitolle à l’est de la ville est devenu un nouveau centre d’enseignement supérieur et de recherche en 2008. Toutefois, le nombre d'étudiants évolue peu, restant autour de 3 500, classes supérieures de lycées comprises et la Faculté des Sciences, sur le site de l'IUT à Gibjoncs, n'a qu'une quarantaine d'étudiants.

Avec ses alentours, Bourges accueille plusieurs centres de recherche de l’agriculture et de l’armée, dont l’ETBS (Établissement technique de Bourges, expérimentation pour l’armée de terre, 800 emplois) et l’ESAM (École supérieure et d’application du matériel) apparue en 1945 pour le compte de l’armée de Terre, qui occupe 75 ha et forme à la maintenance du matériel militaire 3 000 stagiaires par an (musée du matériel). Bourges abrite depuis 2002 un Centre national des risques industriels (Cnri), monté avec l’Ensi de Bourges (École nationale supérieure d’ingénieurs) et l’École centrale de Pyrotechnie. L’Ensi date de 1997 et se spécialise en techniques de l’information et risques industriels; l’École de Pyrotechnie, en fait une fabrique d’explosifs, a été transférée de Metz juste avant 1870; regroupée avec l’Atelier de construction de Bourges en 1967, elle forme l’Établissement de fabrication d’armement de Bourges (EFAB) qui relève de GIAT Industries (Nexter depuis 2006).

Le secteur industriel est dominé par les usines MBDA de l’EADS (Aérospatiale, 1 750 sal.), fabrique de missiles installée en 1955 près de l’aéroport, et du GIAT (chars Leclerc, munitions) au sud-est de la ville, tombé en peu de temps de 2 200 salariés (1988) à 540 (390 pour Nexter Systems, 150 Nexter Munitions); la filiale CTA International emploie 50 personnes. Les principales autres usines sont celles des appareillages Auxitrol (capteurs pour l’aéronautique, 500 sal.), des outillages Seco Tools (250 sal., groupe suédois Sandvik), du matériel médical FFDM-Pneumat (fraises dentaires, 155 sal., groupe Tivoly), des piles ASB (Aérospatiale, 120 sal.). Rosinox (100 sal.), au groupe Rosières (devenu filiale de Candy-Hoover), fait des appareils ménagers. Le secteur agro-alimentaire est présent avec les sirops et liqueurs Georges Monin (190 sal., depuis 1912, resté groupe familial), les viandes Puigrenier (70 sal.).

Dans le secteur tertiaire ressortent le centre d’appels Printania de Bouygues Télécom (370 sal.); conseil de gestion Texa (100 sal.), gestion immobilière HLM France-Loire (100 sal.); La Poste (140 sal.); Orange (65 sal.). Bourges a un hypermarché Carrefour (300 sal.), un centre Leclerc (100 sal.) et un magasin Auchan (60 sal.); négoces de matériel de bureau Konika-Minolta (Dactyl-Buro 170 sal.), de métaux Thyssenkrupp (100 sal.), de fruits et légumes Pomona (70 sal.).

Dans les services marchands apparaissent les transports urbains CTB (RATP, 180 sal.), le travail temporaire Work 2000 (50 sal.), le gardiennage Securitas (130 sal.), les nettoyages Derichebourg (350 sal.), Onet (400 sal.), Samsic (250 sal.), Saines (110 sal.), le traitement des ordures ménagères CTSP (120 sal., groupe Veolia); distribution d'électricité Enedis (60 sal.); travaux publics Colas (190 sal.), Berruyère de Désamiantage (65 sal.); transports routiers Darfeuille (120 sal.), Le Seyec (70 sal.), Bernis (65 sal.), STEF (50 sal.); entrepôts et logistique du groupe Intermarché (250 sal.). Plusieurs zones d’activités ont été équipées; les développements récents se font notamment vers le SO, où passe la nouvelle autoroute A71 et où se trouve l’aérodrome, doté de pistes de 1 550 et 950 m.

Deux zones urbaines sensibles ont été reconnues, l’une jouxtant l’aéroport, l’autre beaucoup plus étendue au nord de la ville, entre les vallées de l’Yèvre et de son affluent le Moulon (la Chancellerie-Gibjoncs), à laquelle a été accordé un statut de zone franche urbaine. Au nord-est, les marais de l'Yèvre et de la Voiselle forment un bel ensemble orné de jardins fleuris et hortillonnages, protégé sur 155 ha (dont 129 classés).

Bourges a eu 20 000 hab. dans les années 1830, 45 000 autour de 1900, 60 000 en 1960 et a culminé à 77 300 hab., perdant ensuite des habitants, dont 9 500 depuis 1999.

L’arrondissement a 171 800 hab., 128 communes, 279 783 ha. La commune est divisée en 4 nouveaux cantons. L’unité urbaine Insee est donnée pour 82 100 hab. (4 communes), l’aire urbaine pour 140 000 hab. dans 70 communes. L’agglomération au sens strict compte aussi les banlieues de Saint-Germain-du-Puy et Saint-Doulchard, qui ajoutent beaucoup au potentiel industriel et commercial de la ville. En outre, Avord au SE, Saint-Florent-sur-Cher, La Chapelle-Saint-Ursin au SO, Marmagne et Mehun-sur-Yèvre à l’ouest sont inséparables de Bourges. La communauté d’agglomération Bourges Plus réunit 17 communes et 103 300 habitants.

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