Charleville-Mézières

(47 520 Carolo-Macériens, 3 144 ha dont 740 de bois) est la préfecture des Ardennes. L’agglomération se situe à l’entrée de la Meuse dans le massif ardennais. Son centre occupe trois méandres de la Meuse: une boucle longue et étroite, de sens est-ouest, où a pris place Mézières; juste au nord, la large boucle de Charleville; en aval vers l’est, la boucle plus petite de Montcy-Notre-Dame.

Cela vient d’une histoire complexe et de valorisations successives de ces sites. Des traces d’une occupation romaine ont été trouvées sur le site de Castrice, éteint au 5e siècle, dans la boucle de Montcy. Ensuite au 9e s., un «palais» de Charles le Chauve, aujourd’hui disparu, a pris place sur le site d’Arches, au sud de la boucle de Charleville, rive gauche. Puis au 11e siècle c’est le site de Mézières qui a été fortifié, au sud d’Arches, tirant parti de l’étroitesse d’un méandre facile à défendre; le nom rappelle les «vieux murs» (macæriæ). Enfin, Charles de Gonzague a fait construire au début du 17e siècle (1606-1630) une ville nouvelle, au plan quadrillé, à laquelle il a donné son nom, au nord d’Arches dans la deuxième boucle, assez plate et commode à occuper. Au 19e siècle, l’industrie s’est étalée, notamment à l’ouest de la boucle de Mézières dans le quartier de Manchester. Enfin, en 1966, Charleville et Mézières ont été réunies en une seule commune, annexant du même coup les communes de Montcy-Saint-Pierre dans la troisième boucle, Étion à l’ouest et Mohon au sud de Mézières.

Aussi l’ensemble reste-t-il très diversifié, et juxtapose-t-il des aspects urbains très différents. Le centre-ville animé et marchand est celui de Charleville; il s’organise autour de la place Ducale, longue de 126 m et large de 90, superbe réussite architecturale du 17e siècle aux façades de pierre et de brique, à arcades et à hauts toits d’ardoise. Là sont le musée de l’Ardenne (18 000 visiteurs par an) et, sur l’eau, le musée du Vieux Moulin (18 000 aussi), consacré à Arthur Rimbaud, né à Charleville en 1854, fils rebelle mais bien récupéré. La gare est au sud-est, dans la même boucle; l’ancien site d’Arches se reconnaît au sud devant Mézières, mais a pris au 17e s. à son tour un plan quadrillé.

Le site de Mézières forme un second centre, très différent: accidenté, aux rues étroites et serrées, encore bordé de murailles du 14e s. à l’ouest, et traversé par trois dérivations de Meuse, l’une à but défensif et servant de douves à l’ancienne citadelle, les autres offrant des raccourcis à la navigation. Mézières était depuis longtemps le centre des pouvoirs: elle en a conservé la préfecture et le palais de justice, plus la basilique de gothique flamboyant, à vitraux abstraits de R. Dürrbach (1955-1979). L’hôtel de ville reste partagé entre les deux sites de Charleville et de Mézières.

La nouvelle commune est très étirée du sud au nord; elle inclut au nord le bois de la Havetière sur le plateau ardennais à l’ouest de Nouzonville, au sud le gros échangeur de la route de Reims (A34) et de l’A203 qui contourne l’agglomération en reprenant en partie le tracé de la N43 Nord-Lorraine. Quatre quartiers prioritaires ont été délimités, totalisant 14 000 hab.: la Houillère au NNO, où l’on a remanié les barres de HLM; Manchester au sud-ouest; la Couronne et Ronde-Couture au sud. L’aérodrome, dit de Belval ou de Tournes-Belval, et mieux encore aérodrome des Ardennes (codes XCZ et LFQV), est à 5 km au NO; de catégorie C, occupant 148 ha, il dispose d’une piste de 1 500 m et admet un petit trafic de passagers, qui s’est monté à 4 500 en 2002, mais est tombé à 1 500 en 2006 et 2007; puis l’aérogare a été fermée en 2008; le nombre de mouvements a été de 4 400 en 2010, moitié par l’aéroclub, moitié en «voyages privés» (4 500 en 2002).

La ville a un équipement de services assez complet, avec un centre hospitalier de 500 lits et une clinique Orpea de 170 lits (130 sal.); quelques éléments d’enseignement supérieur: BTS, un IUT à deux départements de gestion et distribution industrielle, Institut de formation technique supérieure, IUFM, Institut de formation en soins infirmiers; 8 collèges et 6 lycées publics dont deux professionnels, 2 collèges et 2 lycées privés, un centre de formation des apprentis de l’industrie; un centre d’aide par le travail, 3 maisons de retraite privées et 2 publiques. Un centre de transfert de technologie se consacre aux matériaux, dépôts et traitements de surface (Critt MDTS, 40 sal.). Elle héberge le 3e régiment du Génie (un millier de personnes). La ville organise un festival international de marionnettes et a obtenu une École supérieure nationale des arts de la marionnette (ESNAM); elle est une ville fleurie (trois fleurs) et dispose d’un complexe de cinéma Metropolis.

Dans le secteur tertiaire, les principaux établissements sont un centre commercial Carrefour (350 sal.) plus des magasins Leroy-Merlin (100 sal.), Decathlon (50 sal.), Jeanteur (40 sal.), deux Intermarchés (120 et 45 sal.) et un Match (60 sal.); aide à domicile Alliance Services (140 sal.) et Bien Vieillir en Ardenne (55 sal.); Office du logement Habitat 08 (Opac, 240 sal.) et Espace Habitat (HLM, 50sal.); travail temporaire Adecco (320 sal.), Manpower (180), Supplay (85), Alter Ego (80), Leader (60) Triangle (55) nettoyages Lustral (190 sal.), Onet (130), Onyx (55 sal.), Urbaser (55 sal.); transports urbains (CTC 100 sal.). Orange déclare 75 sal., la SNCF 200. La commune a le cortège habituel de grands garages.

L’industrie a connu une série de restructurations et des pertes récentes, comme la fermeture de la fonderie Grandry, qui datait de 1848. Elle est surtout représentée par la fabrique d’équipements pour automobiles Hanon HVCC (440 sal., états-unien), ancienne Visteon, un temps acquise et transformée par Ford. S’y ajoutent la biscuiterie Mondelez ex-LU des Trois Chatons (100 sal.), le matériel de travaux publics et miniers Sum Tech (110 sal., société locale); la CAP SAMBP (Ardennaise de menuiserie bois et plastique, 120 sal.); les machines-outils à métaux Amada (120 sal.), la métallerie Isotip Joncoux (90 sal.), les machines Wheelabrator (65 sal.) et de moindres ateliers.

Avec la fusion, Charleville était passée de 25 000 à 60 200 hab.; mais la population diminue depuis. Elle aurait perdu officiellement 10 600 hab. depuis 1999, soit 18%. Elle est le siège de la communauté d’agglomération Ardenne Métropole, qui groupe 58 communes (123 000 hab.). L’unité urbaine est donnée pour 58 000 hab. (8 communes), l’aire d’attraction 127 300 pour 132 communes. L’arrondissement a 156 000 hab., 157 communes. Les 4 nouveaux cantons de Charleville-Mézières ont 62 080 hab., 15 communes; ils s’étendent de part et d’autre de la Meuse, sur les collines marneuses et calcaires au sud-ouest, sur le plateau ardennais au nord.

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