Durance (la)

est la principale rivière de la Provence et l’un des grands affluents alpestres du Rhône. Longue de 302 km (324 km pour la source Sandre), pour un bassin-versant de 14 500 km2, elle naît dans la commune de Montgenèvre près de la frontière italienne et reçoit presque aussitôt à droite la Clarée, bien plus longue qu’elle. Elle coule alors vers le sud-ouest, passe par le défilé de Briançon et reçoit à sa sortie la Guisane à droite et la Cerveyrette à gauche. Ensuite elle s’infléchit vers le sud et même le SSE, accueille à droite la Gyronde qui vient de Vallouise, puis le Fournet à L’Argentière-la-Bessée. Devant Mont-Dauphin elle reçoit à gauche le Guil dans une large plaine caillouteuse, et reprend sa direction générale vers le sud-ouest. Elle longe Embrun, y accueille à gauche les torrents de Crévoux et des Vachères, et entre aussitôt après dans le lac de Serre-Ponçon qu’elle alimente conjointement avec l’Ubaye qui vient sur sa gauche. Elle coule ensuite vers l’ouest, reçoit à gauche la Blanche, passe à Remollon puis à Valserres dans une vallée étroite où elle reçoit à droite l’Avance, puis la Luye qui vient de Gap, passe à Tallard, puis à La Saulce où commencent les premières grandes prises d’eau de son système d’aménagement.

Sa vallée s’élargit définitivement en une plaine caillouteuse où son cours se divise en multiples chenaux. Elle atteint Le Poët, reçoit à gauche le Sasse et parvient à Sisteron. Elle traverse en cluse la haute barre de calcaire après avoir accueilli à droite le Buëch, passe un barrage, reçoit à droite le Jabron et le Vençon et nourrit le lac de barrage de Château-Arnoux. Ensuite elle reçoit à droite la Bléone, dans une vallée élargie à 3 km. À Oraison elle accueille à gauche la Rancure, et un peu en aval l’Asse. Plus loin, son confluent avec le Verdon qui arrive à gauche est noyé par le barrage de Cadarache. À partir de là son cours s’infléchit peu à peu vers l’ouest et même l’ONO. Elle passe devant Mirabeau, Pertuis, Le Puy-Sainte-Réparade, La Roque-d’Anthéron, entre Mallemort et Mérindol, puis à Cavaillon. Enfin elle frôle Avignon par le sud et atteint le Rhône devant Barbentane.

Au confluent, son débit moyen théorique est de 190 m3/s, à Serre-Ponçon il est de 90 m3/s, 120 à Sisteron et 180 à Cadarache, mais ces valeurs ont peu de sens car le régime de la rivière est très contrasté et varie beaucoup d’amont en aval: en amont jusqu’à Embrun, il est fortement affecté par la fonte des neiges et même des glaces, avec des maxima en juin, tandis qu’en aval il a une allure beaucoup plus méditerranéenne, avec des maigres accentués en été et des crues d’automne et d’hiver. C’est ainsi qu’à Serre-Ponçon (Espinasses) le débit de juin est de 197 m3/s, celui de février de 31, pour une moyenne annuelle de 78 m3/s; la lame d’eau écoulée annuellement est de 692 mm, soit 22 l/s/kmpour un bassin-versant de 3 580 km2. À Meyrargues (Pont-Pertuis), pour un bassin de 12 500 km2 mais après de nombreux prélèvements, le débit moyen est de 87 m3/s en novembre, et de moins de 10 de juin à septembre (24 pour l’année); mais la crue du 6 novembre 1994 apporta un débit instantané de 2 800 m3/s, celle du 24 novembre 2000 un débit journalier de 1 790 m3/s.

La vallée de la Durance est une belle voie d’accès de la Basse Provence à la montagne alpine, très équipée, du moins jusqu’à Sisteron, et où se sont installées des industries, ainsi que le complexe nucléaire de Cadarache. Le bassin de la Durance, qui rassemble 450 000 habitants, a été puissamment aménagé pour les besoins de l’agriculture, de l’adduction d’eau potable, de l’industrie et de la production hydroélectrique, ainsi que de façon à limiter les inondations lors des fortes crues. Les travaux sont anciens et ont commencé en Basse-Durance pour les besoins des moulins plus que pour l’irrigation, dès 1171 avec le canal de Saint-Julien; le canal de Craponne en 1559 a desservi peu à peu toute la Crau. Au 19e s. de nouveaux aménagements sont apparus dans les mêmes lieux (canaux des Alpines), ainsi qu’avec les canaux du Verdon et d’Aix, et surtout le canal de Marseille (1845) prenant l’eau de la Durance à Pertuis. Puis les premières centrales hydroélectriques sont apparues dans le haut bassin et de grands aménagements ont été lancés sur le Verdon dans l’entre-deux-guerres, aboutissant aux barrages de Castellane et Chaudanne. La dernière phase est de loin la plus spectaculaire. L’œuvre-clé est le barrage de Serre-Ponçon, duquel dépend toute l’alimentation d’aval, tant pour les usages agricoles que pour les besoins urbains, énergétiques et industriels. En aval du barrage, la Durance n’a plus qu’un débit réduit à moins de 25 m3/s, tout le reste passe par des canaux, soit pour les centrales électriques, soit pour l’alimentation du canal de Provence et des canaux d’aval. Serre-Ponçon a été secondé par le système du Bas Verdon, spécialement le barrage de Sainte-Croix. Serre-Ponçon garantit une réserve de 200 Mm3 pour les besoins ruraux, Sainte-Croix y ajoute 140 Mm3 et Castillon 85 Mm3.

À la hauteur de Mirabeau, la Durance débitait quelque 6 milliards de m3/an; il en passe moins d’un en Basse-Durance, le reste empruntant les canaux, dont 3 milliards aboutissaient à l’étang de Berre avant les mesures récentes qui, visant à réduire l’apport d’eau douce dans l’étang, ont baissé l’apport à 2,1 milliards. Le canal principal, large de 20 m et profond de 7 m, aboutit en effet à l’étang de Berre, où il fait tourner les centrales électriques de Salon-de-Provence et de Saint-Chamas tout en alimentant des dérivations pour l’agriculture et la consommation urbaine. Au total, le bassin de la Durance fournit 6 500 GWh par an (un huitième de la production hydroélectrique française), ses centrales totalisant une puissance de 2 000 MW (équivalent de deux unités nucléaires); il est équipé de 32 centrales grandes et petites, dont 22 forment un système entièrement télécommandé à partir du poste EdF de Sainte-Tulle. Plusieurs intercommunalités évoquent la Durance dans leur nom: CA Durance-Lubéron-Verdon Agglomération, CC Jabron-Lure-Vançon-Durance, CA Gap-Tallard-Durance.

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