Finistère

département à l’extrémité occidentale de la Bretagne, le moins étendu de la région avec 6 733 km2. Le nom commun finisterre, d’origine latine, est employé par les géographes pour certaines péninsules, et se retrouve dans le Finisterra espagnol, mais la tradition veut ici la terminaison tère, qui heurte l’étymologie; c’est celle qui a prévalu en 1790 lors de la création des départements. L’équivalent breton, souvent employé, est Penn ar-Bed (bout du monde).

Le Finistère a 907 800 hab., contre 852 000 en 1999, marquant ainsi un maximum absolu, en nette croissance, après un creux à 725 000 dans les années 1950; le maximum précédent, en 1911, avait atteint 810 000 habitants. La densité de population est de 132 hab./km2. Il a pour préfecture Quimper, et compte 283 communes, 4 arrondissements dont les sous-préfectures sont Brest, Châteaulin et Morlaix. Les communes sont regroupées en 21 intercommunalités (dont une métropole, Brest, et 4 communautés d’agglomération). Le conseil du département est présidé par Nathalie Sarrabezolle (PS); 14 cantons sur 27 ont une majorité de gauche. Les huit députés sont LREM (majorité présidentielle).

Le département est bipolaire, ce qui amène souvent à distinguer un Finistère du Nord d’un Finistère du Sud. C’était déjà le cas pour les ensembles historiques, qui partageaient ce «bout du monde» en Léon (ou Domnonée) au nord et Cornouaille au sud, celle-ci très étendue puisqu’elle atteignait la rive de l’Élorn tout près de Brest. C’est surtout vrai depuis que les autorités ont choisi de distinguer une préfecture maritime, Brest, et une préfecture tout court, Quimper: l’agglomération quimpéroise en a été gonflée et, si elle n’est jamais parvenue au niveau de la métropole brestoise, du moins a-t-elle a reçu très tôt une double liaison ferroviaire avec Rennes et avec Nantes, et bénéficie-t-elle d’une liaison aérienne régulière avec Paris.

Outre cette bipolarité, le territoire du Finistère est en partie marqué par une dissymétrie écologique nord-sud. Le Nord est plus élevé, sa côte est haute et rocheuse, exposée directement au noroît (vent humide de nord-ouest), le temps est souvent moins ensoleillé; ce Nord prend peu de part à la pêche et les touristes n’y font pas de longs séjours; mais il s’est doté d’une activité agricole renommée. Au contraire, le Sud est de relief modéré, de temps moins frais, très actif dans la pêche et la plaisance, et dans le tourisme de séjour. Les formes du peuplement et des traditions différencient également Léon et Cornouaille, en partie en relation avec l’écologie, en partie par tradition: le premier réputé plus austère, plus rude, plus conservateur et en même temps capable de grandes initiatives dans le travail et l’économie, comme à Landerneau et à Saint-Pol-de-Léon et Roscoff; le second plus festif, plus agité, avec d’autres conceptions de la solidarité et du syndicalisme, et une large ouverture aux études. Dans l’intervalle, le pays de Châteaulin, qui fait historiquement partie de la Cornouaille, a un peu de mal à exister, sinon par ses sites et ses «montagnes», dont les paysages originaux se prolongent loin vers l’est dans le Huelgoat et le Poher de Carhaix.

Le découpage de la côte a localement des effets sensibles. D’une part, elle offre deux grandes échancrures, l’une fermée et ainsi propice à la défense, la rade de Brest; l’autre ouverte, et plus orientée vers la pêche, la baie de Douarnenez. Les encadrant, les longues presqu’îles de Crozon et du Cap Sizun ne pouvaient manquer de séduire les visiteurs, même si la première a fermé quelques sites, que les militaires se sont appropriés. Les trois avancées du Léon, de Crozon et du Cap Sizun sont prolongées par les îles de la mer d’Iroise, de grand prestige, dont trois sont habitées et forment des communes autonomes: Ouessant, Molène et Sein.

Deux ailes orientales s’ajoutent à cette organisation nord-sud qui affronte ainsi très différemment l’océan: au nord-est le pays de Morlaix, dont les activités sont proches de celles du Léon et forment avec lui une célèbre Ceinture Dorée, mais dont les traditions sont plus laïques et plus portées à gauche; au sud-est le pays d’Aven, de Concarneau à Quimperlé, qui fait transition avec le Morbihan, associant pêche, tourisme et une forte activité dans toutes sortes d’industries agro-alimentaires.

Le Finistère a ainsi à la fois sa tonalité d’ensemble de «bout du monde», non pas perdu mais au contraire envié et fréquenté, et de très fortes différences internes, qui contribuent à sa richesse. Il est le deuxième département breton par le produit global aussi bien que pour le produit par personne et par emploi, après l’Ille-et-Vilaine. Il compte environ 335 000 emplois, dont 10 000 dans l’agriculture, 50 000 dans l’industrie, où domine l’agro-alimentaire (19 000) bien avant l’électronique et l’électricité (6 100), 13 000 dans le tourisme. Le taux de chômage est inférieur à la moyenne française, mais il est le plus élevé des quatre départements de Bretagne: certains secteurs, dans la pêche, l’industrie de la volaille, l’électronique ou la construction navale, se montrent parfois fragiles — c’est aussi le cas de l’environnement, que la croissance du peuplement, du tourisme et de l’agro-industrie soumettent à rude épreuve. En revanche, la réussite de l’Université de Bretagne occidentale et la présence de nombreuses grandes écoles et institutions de recherche profitent directement à l’emploi.

Dans l’agriculture, les productions porcines (500 à 600 M€/an) et légumières ou florales (200 M€) se distinguent, plus le lait en Léon et en Cornouaille méridionale (400 M€), les volailles et œufs (300 M€); le produit de l’agriculture est d’environ 2,4 milliards d’euros par an, un peu plus d’un dixième du produit total. La pêche ajoute 200 millions d’euros (50 000 t), soit 28% de la France entière; le Finistère représente à lui seul plus de la moitié des bateaux (570), des marins (2 500) et des affaires de la pêche bretonne, avec ses fortes bases de Douarnenez, Guilvinec et Concarneau.

Le tourisme assure 30 millions de nuitées (165 000 lits, 2,8 M de touristes) avec 290 campings (92 000 lits) et 280 hôtels (15 000 lits). L’amélioration des voies entre Brest et Quimper, l’arrivée des TGV, la rénovation de la voie intérieure Rennes-Châteaulin contribuent à soutenir la fréquentation et la croissance générale des activités et du peuplement. Mais les villes, tout en s’étalant, concentrent de plus en plus d’habitants; les îles continuent à se dépeupler, comme le pays des «montagnes»; toutefois, les campagnes du Léon sont stabilisées, et celles de l’Aven progressent.

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