Langres

(8 100 Langrois, 2 233 ha) est une sous-préfecture de la Haute-Marne, à 35 km au SE de la préfecture. Langres est surtout remarquable par son grand rectangle de remparts qui en font une citadelle presque intacte. Sa position au beau milieu de ce seuil exceptionnel qu’est le plateau de Langres en a fait à la fois un point fort et un lieu menacé, en limite de provinces et, quelque temps, de royaumes. Elle a commencé sur son oppidum et comme capitale de la tribu gauloise des Lingons, dont vient son nom; mais la ville romaine, qui tenait quelque 80 ha du côté sud de la ville actuelle, se nommait Andematunum.

Elle fut un évêché précoce (4e siècle), puis une ville royale et une forteresse des confins champenois; elle devint une capitale de la contre-réforme catholique au 17e siècle, avec collège, et un lieu d’industrie, notamment de la coutellerie; elle fut aussi le berceau de Diderot, qui y naquit en 1713. Puis elle perdit beaucoup d’atouts: la fonction de défense faiblit avec la fin des troubles, des bandes et de la guerre de Trente Ans; la croissance de Dijon lui enleva une part de son attraction, et même Chaumont l’emporta comme préfecture en 1790; la coutellerie l’abandonna pour les campagnes environnantes avant de se fixer à Nogent.

Toutefois elle retrouva au 19e siècle une position nationale: les tensions européennes lui firent retrouver sa fonction de place forte après 1840, une nouvelle citadelle fut élevée au sud de 1842 à 1858, et Séré de Rivières la fit doter après 1875 d’une ceinture de forts — qui ne servirent jamais; tandis que le seuil exprimait son rôle par le passage du chemin de fer (1857) et la bifurcation de Chalindrey, établie un peu au sud-est, et l’ouverture du canal de la Marne à la Saône (rebaptisé depuis Entre Champagne et Bourgogne), achevé seulement en 1907 et qui dota ses environs de quatre lacs appréciés. Plus récemment, la jonction des autoroutes A5-A26 et A31, lui assurant des liaisons rapides avec Troyes et Paris, Reims et Lille, Nancy-Metz et l’Allemagne rhénane, plus Dijon et le Rhône, semblait lui ouvrir de vastes perspectives. Pourtant la ville n’a guère grandi depuis longtemps. Langres avait 12 000 hab. en 1881, seulement 7 500 en 1931; la population est remontée à un maximum de 11 400 hab. en 1975 après avoir intégré la commune de Corlée au sud-est (210 hab. en 2021), avant de diminuer à nouveau; la perte a été de 2 390 hab. depuis 1999 (+23%).

Au moins Langres est-elle classée parmi les «plus beaux détours» et vaut-elle en effet la visite. Hors même la citadelle militaire qui la domine au sud, elle reste campée sur une longue butte dominant à droite la large vallée de la Marne, à gauche le vallon de son petit affluent la Bonnelle. C’est vers le nord et l’est que les pentes sont les plus fortes et les défenses les plus commodes, l’accès naturel depuis le plateau par le sud étant précisément défendu par la citadelle du 19e siècle. La ville est entourée par 3 km de remparts, dessinant un rectangle étiré du sud au nord, muni de sept tours et de six portes, qui viennent du 14e siècle; un complément fortifié s’y adjoint du côté de la Marne (tour Sous les Murs et porte Henri IV). Une porte à l’ouest est d’origine gallo-romaine; la porte des Moulins, au sud, est monumentale. Un axe nord-sud sert d’épine dorsale et se nomme évidemment la rue Diderot; la cathédrale, commencée au 12e siècle, flanquée d’un cloître, trône à l’est, l’hôtel de ville et le marché sont au nord-ouest. Le centre conserve quelques maisons anciennes dont une très belle maison renaissance, un musée d’art et d’histoire, le musée de faïence et coutellerie du Breuil; point de vue avec table d’orientation côté est.

Langres a un bon équipement tertiaire de sous-préfecture, avec un centre hospitalier public (135 lits), clinique privée (la Compassion, 75 lits, 85 sal.), deux collèges et deux lycées publics dont un professionnel, un collège privé; maison familiale rurale. La topographie oblige évidemment les gros employeurs à se tenir hors des murs, surtout dans la vallée de la Marne où passe la voie ferrée, ou sur le plateau au sud vers Saints-Geosmes. Un train à crémaillère avait relié la gare à la ville haute, mais a été supprimé; en 1995, deux ascenseurs ont été installés pour accéder des parcs à voitures à la ville haute. Un nouveau pôle logistique s’équipe à la faveur des autoroutes, avec 3 parcs sur 360 ha.

L’emploi industriel a été complètement renouvelé par la demande de l’industrie automobile: Freudenberg emploie 290 personnes à la fabrication de joints de caoutchouc; Plastic Omnium a établi deux usines de 220 sal. (Auto Extérieur, plastiques pour l’automobile) et 170 sal. (SULO Systèmes urbains); PPP (Producteurs de plastiques performants) ajoute 140 emplois au secteur. Langres accueille aussi une fromagerie Entremont Alliance (55 sal.); mécanique Marie (95 sal.); transports frigorifiques STEF (150 sal.); travail temporaire Adecco (120 sal.) et Manpower (75); un Intermarché (35 sal.); La Poste (50 sal.).

Les environs offrent surtout à la visite les forts des années 1880 et les quatre lacs alimentant le canal: Liez, Charmes, Mouche et Vingeanne ou Villegusien. La communauté de communes du Grand Langres associe 54 communes (21 200 hab.). L’arrondissement a 43 300 hab., 157 communes. Le nouveau canton de Langres a 18 communes et 11 900 hab.

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