Loir-et-Cher (département du)

département de la région Centre, au centre-ouest; sa préfecture est Blois; les sous-préfectures sont Romorantin-Lanthenay et Vendôme. Mesurant 6 343 km2, le département contient 15 nouveaux cantons et 267 communes; celles-ci sont regroupées en deux communautés d’agglomération (Blois et Vendôme) et 9 communautés de communes. Le Loir-et-Cher est le seul département de la région qui soit limitrophe des cinq autres. Mais de ce fait il n’a qu’un seul voisin extérieur, la Sarthe.

Le département comptait 315 000 habitants au recensement de 1999; la population municipale officielle pour 2020 (données de 2017) est de 331 900 hab. (population totale 340 500). Cela représente une assez forte croissance, soutenue depuis 1960. La population avait atteint un premier maximum de 280 000 hab. en 1891 puis était descendue à 240 000 dans les années 1930; elle a été à son minimum en 1954 puis est montée à 284 000 en 1975, 306 000 en 1990. Cette croissance est presque entièrement due à un excédent migratoire (0,28% par an en 1990-1999), le solde naturel étant quasi nul, ce qui correspond à l’absence d’un grand bassin urbain.

Le Loir-et-Cher occupe dans la région Centre une situation un peu ambiguë. Il contient des morceaux de Beauce et des fragments de Touraine, et va du Perche au Berry. Il n’est pas aussi «parisien» que le Loiret ou l’Eure-et-Loir et n’a pas bénéficié au même titre des apports d’emplois qu’attire cette proximité. Il est traversé par un Val de Loire dans sa plénitude et sa densité d’attraction autour de Chambord, Chaumont, Blois ou Cheverny, mais reste un cran au-dessous de la Touraine par le prestige et la fréquentation touristique. Même ses spécialités de bouche, vins et fromages, sont moins connues que celles du Cher ou de l’Indre-et-Loire.

En fait, le Loir-et-Cher a un territoire très contrasté, dont le dessin ne favorise pas l’organisation. Il est assez nettement divisé du nord-ouest au sud-est. Au nord-ouest, le Vendômois au sens large associe au nord les fortes collines bocagères du Perche, introduction aux régions du Grand Ouest. Entre le Loir et la Loire s’insinue une large bande qui relève de la Beauce par son paysage et ses activités, avec quelques nuances et des appellations indécises: cet entre Loir et Loire se fond avec la Beauce dunoise au nord et la Petite Beauce orléanaise à l’est. Le Val de Loire, lui-même de direction NE-SO, introduit une coupure parallèle aux autres; mais de Mer à Chaumont-sur-Loire il n’est pas très long, moins de 50 km.

Au sud règnent les paysages boisés de la Sologne: à bien des égards une anti-Beauce, en tous cas un contraste fondamental, qui ne contribue pas à l’unité du département. Ils sont toutefois si étendus que l’on y apporte habituellement des nuances. On distingue au sud-ouest, de Montrichard à Chaumont, une partie qui annonce la Touraine, plus ouverte, riche en vignes et en cultures spécialisées, et que reconnaît la statistique agricole sous le nom de Sologne viticole. Elle peut être prolongée au sud par la vallée du Cher, assez peuplée, fréquentée et affairée. Le reste est Sologne proprement dite.

Ainsi divisée en bandes plus ou moins parallèles NE-SO, de part et d’autre du Val, et très contrastée dans ses paysages et ses activités, l’Indre-et-Loire est parcourue par des radiales parisiennes qui ne contribuent pas à son unité. L’une, de Paris à Tours, traverse le nord, par Vendôme. L’autre, de Paris vers Bourges ou Châteauroux, traverse la Grande Sologne au sud-est; Lamotte-Beuvron et Salbris, d’un côté attirées par Orléans, y ont leur autonomie et ont leur propre aire de service, qui échappe à Romorantin ou Blois. Entre les deux, l’axe du Val de Loire a ses propres circulations entre Orléans et Tours. Au sud, la vallée du Cher est en limite, et sur un axe Nantes-Lyon par Tours et Bourges, qui échappe entièrement à la partie centrale du département. Au nord, s’esquisse une autre transversale assez fréquentée, entre Le Mans et Orléans par la N157, qui traverse en évitant les villes plus grandes que Morée et Ouzouer-le-Marché.

Blois n’est pas une métropole de poids, et doit se contenter d’une aire de service à la taille d’un arrondissement. Vendôme au nord-ouest et Romorantin au sud-est ont leur propre bassin, et si la dernière souffre des contractions de l’industrie, tandis que Vendôme est bien située sur l’axe Paris-Atlantique, où elle bénéficie même d’une gare de TGV qui la rend très dépendante de Paris. Or ces trois villes maîtresses ne forment pas un axe: la route qui les relie n’est certes pas la plus fréquentée du département. Et l’on peut noter que, interrogés sur leur sentiment d’appartenance, les habitants du Loir-et-Cher sont les seuls de la région à se dire massivement «dans la région Centre», quoique celle-ci ait une personnalité relativement discrète, bien avant de faire référence à leur propre département, dont ils discernent mal l’unité.

Par ses activités aussi, le Loir-et-Cher est dans une situation d’entre-deux. Sa situation est relativement bonne: il connaît un peu moins de chômage que la moyenne régionale, elle-même un peu au-dessous de la moyenne nationale; mais le niveau moyen des salaires reste bas; les ouvriers forment le tiers des personnes actives, les employés 28%, les professions intermédiaires 20% et les cadres et professions libérales 6%; restent 7% pour les commerçants et artisans, 4% pour les agriculteurs. Les services et l’administration n’y ont pas la place qu’ils tiennent dans le Loiret ou l’Indre-et-Loire, qui bénéficient de deux métropoles; l’université de Tours a néanmoins une succursale à Blois.

Retour