Mulhouse

(110 710 Mulhousiens, 2 218 ha) est une sous-préfecture du Haut-Rhin. Le nom évoque un village du moulin. La ville, originellement sur la rive droite de l’Ill, a été parmi les fondateurs de la Décapole et a formé très tôt (1445) une sorte de république marchande, qui a choisi de s’allier aux cantons suisses et a même failli adhérer à la Confédération helvétique. Protestante dès 1524, elle n’est devenue française qu’en 1798. C’était déjà une cité d’industrie, où les familles Koechlin, Dollfus et Schmaltzer avaient innové dans les toiles peintes (1746) dites indiennes, dont la production était alors interdite en France. De là, Mulhouse a développé ses grandes spécialités dans le textile, l’imprimerie, les machines pour l’industrie puis le matériel ferroviaire: la Fonderie, créée par le groupe Koechlin en 1826, fut l’un des premiers constructeurs français de matériel ferroviaire; devenue l’Alsacienne de constructions mécaniques (SACM), elle est à l’origine du groupe Alsthom, maintenant Alstom, dont les trois premières lettres rappellent encore l’Alsace.

La bourgeoisie industrielle calviniste y a été très active et innovatrice au 19e s., créant la Société industrielle (1826) qui a longtemps représenté le véritable pouvoir, ouvrant des écoles d’ingénieurs, participant à l’urbanisation, notamment sous la forme de cités ouvrières d’un nouveau genre: la cité des Oiseaux date de 1842 et a conservé ses maisons à deux niveaux et quatre appartements avec jardinets. Mais Mulhouse a souffert de l’annexion à l’Allemagne en 1871, et perdu alors des émigrés et des capitaux. La population de la commune était de 99 000 hab. en 1920, 59 000 en 1876, 89 000 en 1901; puis elle s’est longtemps stabilisée jusque vers 1956, pour monter à 117 000 en 1975 et se tient depuis autour de 110 000.

Le territoire communal s’est agrandi de Dornach en 1914, de Bourtzwiller en 1947. La rapide croissance et les besoins de l’industrie au 19e s. ont fait du tissu urbain de Mulhouse une marqueterie de quartiers juxtaposés, de fabriques et de cités ouvrières, remaniés depuis mais qui restent hachés par les coupures des voies ferrées, de l’Ill, des canaux et des grandes voies. Le centre a été largement reconstruit à partir des années 1950. Un petit centre-ville ancien à rues piétonnes se tasse autour de la place de la Réunion, du temple néogothique Saint-Étienne, de l’ancien hôtel de ville (milieu du 16e s.) où se trouve le musée historique. Une esquisse de boulevards en ellipse l’entoure, rappelant l’ancienne enceinte.

Au nord sont le nouvel hôtel de ville, une ancienne tour et la place de l’Europe, prolongée vers le port et l’espace culturel de la Filature par le boulevard de l’Europe. Au sud-est, le Nouveau Bassin vers le canal et la gare date de la grande époque de l’industrie (Société industrielle). À l’ouest, les quartiers de l’Ill, aux rues à angle droit, avec les halles, le confluent de la Doller et d’anciennes cités-jardins, sont les témoins d’un certain passé industriel. Au sud du canal du Rhône au Rhin et de la voie ferrée, les premières pentes du Sundgau abritent des quartiers bourgeois comme le Rebberg, ancien terroir viticole aux maisons cossues, et le grand parc zoologique et botanique; ils débordent sur Riedisheim et Brunstatt.

La ville dispose d’un centre hospitalier public de deux unités (590 lits à Hasenrain, 480 au Moenschberg) et de cliniques (400 lits), des maisons de retraite dont Medica (55 sal.). Elle est le siège d’une université de plein exercice avec facultés des sciences et techniques, des sciences économiques, sociales et politiques, des lettres et sciences humaines, deux écoles d’ingénieurs (ENSCMu ou École nationale supérieure de chimie de Mulhouse, ENSISA ou École nationale supérieure d’ingénieurs Sud-Alsace) et un nombre impressionnant d’instituts technologiques; 4 IUP, plus un IUT de 6 sections. Au total, l’Université de Haute-Alsace compte 10 600 étudiants, 570 enseignants et 510 employés, sur cinq sites, mais en comptant Colmar. Mulhouse accueille 9 lycées dont 4 professionnels et 7 collèges publics, deux collèges et trois lycées privés dont deux professionnels. La commune a une maison d’arrêt, mais pas de caserne.

Mulhouse et ses banlieues sont très riches en musées, surtout technologiques, respectivement consacrés à l’impression des étoffes, aux papiers peints, à l’énergie et à l’électricité (Électropolis), aux chemins de fer (le plus grand musée ferroviaire d’Europe), aux sapeurs-pompiers, à la céramique, plus le célèbre musée d’automobiles anciennes réunies par les frères Schlumpf: cela en ferait la première ville d’Europe pour les musées technologiques. Elle a aussi aménagé de vastes ensembles culturels (la Filature, Bel-Air), un centre d’affaires (Nouveau Bassin), un technoparc (Mer Rouge, 80 ha), un nouveau parc d’activité des Collines (150 ha à Didenheim et Morschwiller), qui doit dynamiser la zone franche des Coteaux.

L’industrie textile a beaucoup régressé et la célèbre firme DMC (Dollfus-Mieg) appartient à présent à un groupe lillois (Thiriez et Cartier-Bresson); mais il reste quelques fabriques (DMC a encore 100 emplois à Mulhouse) et des relais ont été trouvés, Mulhouse se donnant une spécialité d’impression de textiles à commande numérique. Les principales industries actuelles sont dans la mécanique comme Appalette-Tourtelier (matériel de levage, 95 sal.), d’origine locale; Manurhin, l’ancienne manufacture d’armes créée en 1920, reprise par le groupe italien Menti (KMX), qui se limite à 100 sal. et fabrique des tours de décolletage; les moteurs et turbines Mitsubishi (MHI, 95 sal.). Dans d’autres domaines, articles en caoutchouc Habasit (80 sal.), groupe de presse L’Alsace (345 salariés plus la société de distribution Media Portage 220 sal.).

Dans les bureaux et services aux entreprises se signalent Eiffage Energie Clemessy (1 090 et 190 sal.), Eiffage Constructions (110 sal.), les installations électrique SPIE (60) et Huber (55 sal.); étanchéité Soprema (50 sal.), ingénieries Hive (85 sal.) et Segula (65 sal.), contrôle Apave (140 sal.); informatique Logitud (65 sal.) et maintenance d’informatique Euro Information Services (EIS, 300 sal.), comptabilité KPMG (60 sal.); nettoyages Onet (360 sal.), GSF Saturne (310 sal.), L’Éclat d’Alsace (310 sal.), AMS (110 sal.); gardiennages Securitas (210 sal.), Phenix (85 sal.) et Quiétude (65 sal.).

Dans le commerce, base logistique du groupe des supermarchés U (450 sal.), hypermarchés Cora (280 sal.) et Leclerc (190 sal.), Auchan (Schiever, 150 sal.), Super U (75 sal.) et de nombreuses enseignes mais de moins de 50 salariés. Les transports urbains Solea emploient 630 personnes, les transports par autocars Chopin Heitz 110. EDF affiche 290 sal., La Poste 100; services à domicile Vidao (80 sal.), Asten (75 sal.), APAD (75 sal.), Millepatte (65 sal.), OD (55 sal.), ADPM (50 sal.), agences d’intérim Manpower (400 sal.), Select TT (210 sal.), Adecco (180 sal.), Satis TT (140 al.), Gezim (105 sal.). La Banque Populaire déclare 120 sal., le Crédit Mutuel 100 sal., le CIC 85, le Groupement Ambulancier Grand Est 160 sal. Le groupe d’aide par le travail des Papillons Blancs emploie 700 personnes en sous-traitances diverses.

Le principal employeur de l’agglomération mulhousienne est de loin Peugeot (12 000 sal. à l’origine, descendue à 5 000), mais qui s’est installé en banlieue et en pleine Hardt à partir de 1962, au cœur d’un système de communications étoffé (voie ferrée, autoroutes, canal); l’ensemble, dit parfois de l’île Napoléon, est dans la commune de Sausheim. Mulhouse, associée à la Franche-Comté, a obtenu la reconnaissance d’un pôle d’excellence concentrant des recherches sur la «voiture du futur». Illzach est également une banlieue très équipée en industries, entrepôts et surfaces commerciales, Kingersheim en entreprises de travaux publics.

L’urbanisation s’est surtout développée au sud le long du canal du Rhône au Rhin, et vers le nord le long de l’Ill; elle a été limitée au NO par la présence du Bassin Potassique et de la forêt de Nonnenbruch. L’aéroport principal est situé à Saint-Louis et partagé avec Bâle, à laquelle Mulhouse est reliée par un «tramway frontalier». Le groupe des ports dits de Mulhouse (Ottmarsheim, L’Île-Napoléon et Huningue) manipule 5,6 Mt/an, ce qui en fait le troisième port fluvial français après Paris et Strasbourg. La commune a deux lignes de tramway en croix, l’une de la gare centrale à Kingersheim au nord, l’autre, des Coteaux au Nouveau Bassin; une troisième est apparue en 2010 avec le tram-train de Mulhouse à Thann.

La commune a été divisée en seize quartiers officiels regroupés en cinq secteurs. Le secteur 1 (20 400 hab.) est au sud-ouest. Le quartier des Coteaux (9 600 hab.) au sud-ouest, est formé surtout d’un grand ensemble d’habitations des années 1960-1970 doté d’un statut de zone franche, un IUT, un centre de réanimation, et à l’extrémité sud-ouest par le parc d’activité des Collines. Le quartier de Dornach (5 700 hab.), au nord, correspond à une ancienne commune rattachée en 1914; il comprend un grand centre commercial Cora et des magasins associés, la base logistique Système U, la zone d’aménagement technopolitaine de la Mer Rouge (57 ha), dont le nom tient à l’ancienne chimie des colorants du textile, la Maison du Technopole, les musées Electropolis et du Train et tout un quartier de pavillons avec jardins, plus en marge la gare de Mulhouse-Dornach. Le quartier du Haut-Poirier (5 100 hab.) est au sud-est du secteur, et lui-même divisé en en trois parties distinctes: un grand ensemble de collectifs au nord-ouest, l’essentiel des installations de l’Université au campus de l’Illberg au sud (débordant sur Didenheim), un ensemble de loisirs avec piscine, stade et palais des sports, et le centre socio-culturel Bel Air.

Le secteur 2 (25 500 hab.) va du centre-ville au sud-est. Le quartier du Centre Historique (7 300 hab.) en est le cœur, avec au nord la place de la Réunion, l’hôtel de ville de 1552, son musée et la Pierre des bavards (Klapperstein), la maison Mieg (renaissance), et juste au sud l’ancienne cité, qui fut entourée de remparts mais n’a pas laissé de boulevards, seulement quelques tours comme celle du Bollwerk, et le temple Saint-Étienne, les portes Haute, Jeune, de Bâle et du Miroir; ce quartier inclut au sud la gare centrale au-delà du canal du Rhône au Rhin. Il est prolongé au nord par le quartier Franklin-Fridolin (6 600 hab.), surtout résidentiel et marchand, que bordent à l’ouest le boulevard Roosevelt sur l’Ill recouvert, et le marché. Le quartier de la Fonderie (3 300 hab.) est au sud-ouest du centre et son nom évoque l’ancien site d’Alstom (SACM); il associe un pôle universitaire (campus de la Fonderie) avec les sciences économiques, sociales et juridiques, un centre Leclerc, la clinique Saint-Sauveur, des ateliers et, au-delà de la voie ferrée occidentale, des terrains de sports entre l’Ill et le Canal, jouxtant ceux du quartier du Haut-Poirier. Enfin le secteur englobe toute la partie accidentée de la commune au sud du canal, le très vaste Rebberg (8 400 hab.), ou «mont des vignes», résidentiel et même bourgeois, où domine un habitat de pavillons et villas avec jardins; il accueille aussi l’hôpital Émile Muller sur le relief et l’hôpital du Hasenrain au bord du canal, le zoo et la tour et l’émetteur du Belvédère.

Le secteur 3 (27 100 hab.) correspond à la partie orientale de la commune. Il comprend aussi quatre quartiers. Le quartier Europe-Bassin-Nordfeld (9 100 hab.) est au sud. Près du centre, il inclut la tour de l’Europe de 100 m de haut (1973), de 37 niveaux, avec restaurant tournant et hautes antennes, 180 appartements; le nouveau centre commercial de la porte Jeune; le lycée Montaigne et le parc Salvator; la Filature et le Nouveau Bassin de l’ancien port sur le canal. Le quartier Vauban-Neppert-Sellier-Waldner (8 900 hab.) le relaie au nord; le tribunal et la maison d’arrêt y sont voisins de la pace de la Liberté; un peu plus à l’est a pris place le complexe de cinéma Kinepolis; l’aménagement du Jardin Neppert contribue à la transformation de ce quartier, à l’emplacement des anciennes casernes Lefebvre et zac des Casquettes. Plus au nord encore, le quartier Wolf-Wagner (4 000 hab.) est longé par nord par l’autoroute et la voie ferrée; autour d’un secteur de maisons individuelles jointives, il comprend le cimetière, le parc des expositions, le musée Schlumpf de l’automobile, la salle de concerts du Noumatrouff, une dizaine de grandes barres de logements, plus la cité administrative et la caserne des pompiers. Le quartier Drouot-Barbanègre (5 000 hab.) est à l’est des précédents, autour du premier bassin du port du canal, d’une cité-jardin, d’une ancienne caserne reconvertie en logements et d’une grande école primaire; il accueille aussi le collège Saint-Exupéry.

Le secteur 4 (15 600 hab.) est au centre-ouest. Il se divise en quatre quartiers. Le quartier Daguerre (5 500 hab.), au sud, est dominé par de grands immeubles dans un cadre cependant aéré et vert, qui comprenait des ateliers et loge des ménages dont les revenus sont au-dessus de la moyenne; un lycée. Le quartier de la Cité-Briand (8 900 hab.) à l’est et proche du centre-ville, est très homogène dans son dessin quadrillé de maisonnettes mitoyennes, établi à partir de 1842 dans la Cité des Oiseaux, en partie rénovée et où a été aménagée la Cité Manifeste d’architecture moderne pour logements sociaux. Le quartier Brustlein (4 400 hab.), au nord-ouest, est un quartier ouvrier avec des collectifs au nord, où sont l’usine DMC, Clemessy, et qui a d’amples perspectives de remaniements. Le quartier Doller (4 900 hab.), au nord-est du secteur, inclut la gare de triage et des bâtiments industriels, dont quelques souvenirs comme la Cité Gluck et la Maison de la Céramique; et ne manque pas non plus de projets de rénovation de friches industrielles.

Le secteur 5 ne comporte qu’un seul quartier, Bourtzwiller (13 400 hab.), qui forme l’excroissance septentrionale du territoire communal. Il correspond à un ancien village, né d’une tuilerie créée par Sébastien Burtz en 1779 sur le territoire d’Illzach, qui avait reçu le statut de commune en 1928 puis qui, en grande partie détruit lors de la dernière guerre, avait choisi en 1947 d’intégrer la commune de Mulhouse. L’habitat y juxtapose des fragments de lotissements pavillonnaires, des éléments de collectifs, des ateliers et entrepôts épars; à l’est de la voie rapide qui le traverse s’est installé le centre commercial Auchan.

Six quartiers prioritaires ont été délimités: Bourtzwiller, les Coteaux, Péricentre et Brustlein à Mulhouse, Drouot-Jonquilles à Mulhouse et Illzach, Markstein-La Forêt à Wittenheim. L’unité urbaine de Mulhouse est évaluée à 239 900 hab. (20 communes); l’aire d’attraction au sens Insee a 410 000 hab. (132 communes). L’intercommunalité Mulhouse Alsace Agglomération a 39 communes et 273 600 hab. L’arrondissement de Mulhouse a 354 400 hab., 79 communes.

Trois nouveaux canons portent le nom de Mulhouse. Les deux premiers ne comptent qu’une fraction de la ville (40 200 et 41 600 hab.), le troisième (41 900 hab.) ajoute Illzach au reste de la ville.

Retour