Nord (province du)

l’une des trois provinces de la Nouvelle-Calédonie, au nord de la Grande-Terre. Elle inclut à l’extrême Nord la commune insulaire de Bélep et va au sud-est jusqu’à Canal incluse, tandis qu’au sud-ouest elle comprend la moitié septentrionale de la commune de Poya. Le chef-lieu est Koné, sur la côte sous le vent, mais quelques annexes administratives et éducatives sont à Poindimié sur la côte au vent. La province s’étend sur 958 260 ha dont 238 662 de terres coutumières; ses 206 tribus, organisées en 28 districts, composent les deux tiers de la population. Celle-ci était de 24 200 habitants en 1956; elle est montée à 32 000 en 1976 puis 41 000 en 1996, et atteint 44 500 habitants en 2004, dont 78% Mélanésiens et 17% d’Européens.

Cette croissance, moins spectaculaire que celle de la province Sud, est à peu près entièrement due au solde naturel (excédent de naissances), car les fortes immigrations des années 1960 à 1980 se sont concentrées au Sud. Aussi la population est-elle plus jeune: 41% des habitants ont moins de 20 ans et l’âge moyen est de 28 ans. La province a 7 600 élèves de l’enseignement primaire, 3 700 dans 19 collèges, 510 dans deux lycées et1 200 dans 8 lycées professionnels. Sur 9000 «établissements», 2 800 sont dans les services publics et 2 400 dans l’agriculture; suivent le bâtiment (940), la pêche (660), les transports (580), le commerce ne venant qu’ensuite (540). La province n’a ni musée ni cinéma, mais 8 bibliothèques et trois centres culturels. L’agriculture n’a qu’un rôle discret: environ 850 exploitations à plein temps, 118 000 ha en herbe sur 121 000 exploités mais seulement 55 000 «entretenus», 44 000 bovins.

Fief de l’indépendantisme kanak, la province du Nord s’est dotée d’un puissant levier financier avec la Sofinor (Société de financement et d’investissement de la province Nord), créée en 1990 et présidée par Guigui Dounehote, également maire de Voh et élu au Congrès (UNI-FLNKS). Celle-ci a pour filiale la SMSP (Société minière du Sud Pacifique) qui, ayant racheté des mines de nickel aux groupes Lafleur et Pentecost et négocié des échanges avec la SLN (Eramet), se trouve à la tête de cinq gisements (Ouaco, Koniambo, Poya sur la côte ouest, Kouaoua et Nakéty sur la côte est), et de deux coentreprises avec le sud-coréen Posco (NMC, Nickel Mining Co) et le groupe suisse Glencore par Xstrata, après leur rachat du canadien Falconbridge (KNS, Konimabo Nickel SAS). Ce dernier accord débouche sur la construction de la troisième usine de nickel de Nouvelle-Calédonie, l’usine du Nord, dite aussi de Koniambo et qui sera située à Voh pour une production de 60 000 t/an. L’autre accord est lié à l’expédition des minerais vers la Corée du Sud, où NMC participe à la création de l’usine de nickel de Gwangyang.

La Sofinor assure en outre de grands travaux publics et de bâtiment dans la province du Nord. Mais elle en déborde à l’occasion et se flatte également d’être le premier groupe alimentaire de Nouvelle-Calédonie, au moins dans l’aquaculture avec la Sopac et dans la pêche hauturière avec les Pêcheries du Nord, et un fort groupe hôtelier avec cinq hôtels de haut niveau dont le Club Méditerranée de Koulnoué, le Malabou de Poum et le Koniambo de Koné, et même au Sud avec le Surf (Novotel, où est le Casino Royal) et le Beaurivage de Nouméa, plus deux autres hôtels à Lifou et Maré (Loyauté). Le Pdg est André Dang Van Nha. Les bureaux sont partagés entre Nouméa et Koné. Le siège social de la SMSP est à Kaala-Gomen, mais le siège administratif et l’adresse postale sont à Nouméa…

L’Assemblée de la province siège à Koné. Elle compte 22 élus, dont 15 siègent également au Congrès. Elle est présidée par Paul Néaoutyine, du FLNKS-UNI-Palika, également maire de Poindimié. Son groupe a 9 des 17 élus UNI-FLNKS, le FLNKS-Union Calédonienne ayant 8 élus, le nouveau Parti travailliste 3, tandis que l’opposition anti-indépendantiste se limite à deux élus.