Nord-Pas-de-Calais (Bassin houiller du)

ancien bassin d’extraction du charbon, étiré sur 120 km dans le sens est-ouest, sur une quinzaine de kilomètres de large. Le charbon s’y est accumulé au pied de la flexure par laquelle le socle du massif ardennais s’est enfoncé sous les sédiments de Flandre et du Hainaut. Il a été découvert à assez faible profondeur vers l’est, où les puits les plus anciens, en Valenciennois comme dans le Borinage de Wallonie, ont été forés surtout à partir du 18e siècle, la première compagnie de recherche datant de 1716, la première découverte, à Fresnes-sur-Escaut, en 1720 et la première exploitation à Anzin, en 1734. L’ampleur de l’exploitation s’est considérablement accrue à partir du milieu du 19e siècle. Elle s’est étendue en direction de l’ouest, en Pas-de-Calais — jusque dans la fosse du Boulonnais où les terrains carbonifères remontent un peu. La production du Pas-de-Calais a ainsi dépassé celle du Nord dès 1880.

Les charbonnages ont entraîné un bouleversement des paysages, dont l’érection d’énormes terrils et de multiples cités ouvrières (les corons) et de forts appels de main-d’œuvre étrangère, notamment de Pologne, d’Italie et d’Afrique du Nord. Ils ont eu, comme d’autres bassins, leur contingent de catastrophes et de malheurs: le souvenir du drame de la Compagnie de Courrières en 1906 n’est pas effacé. La guerre de 1914-1918 a détruit de nombreux puits dans la partie longtemps occupée par les Allemands, à l’est d’une ligne d’Arras à Béthune; la remise en état fut difficile mais assez rapide: le pic de production annuelle a été atteint en 1930 avec 35 Mt.

Longtemps divisé en 43 concessions minières indépendantes, confiées à 18 compagnies portant en général des noms de lieux (Compagnie des mines d’Aniche, de l’Escarpelle, de Grenay, etc.), l’ensemble du bassin a fait l’objet d’une nationalisation et d’une intégration en 1946, sous la forme des Houillères du bassin du Nord et du Pas-de-Calais (HBNPC), d’efforts consécutifs de modernisation et de concentration des installations. Le maximum d’activité et de peuplement a été observé autour de 1960, quand s’annonçaient déjà les signes de déclin. Puis la concurrence, l’augmentation des coûts et la baisse des rendements ont conduit à la fermeture progressive des puits, le dernier ayant été arrêté en décembre 1990 à Oignies.

Les HBNPC ont dû diversifier leurs activités dès 1966, et poursuivre leur travail après la fin des charbonnages, sous la forme de versements de retraite et de prestations sociales, d’efforts de reconversion et de réaménagement des habitats (120 000 logements dans 690 cités…), des paysages et des terrains. La plupart des puits ont été comblés, les installations de surface effacées, les friches transformées en espace d’accueil d’activités nouvelles ou en espaces verts, des terrils exploités, arasés, ou plantés et paysagés, voire aménagés pour les jeux et les sports. Des musées ont été ouverts. Toute une organisation nommée Bassin Minier Unesco s’est mise en place pour obtenir l’inscription du Bassin au patrimoine mondial de l’humanité. Une association nommée, à l’instar de la Wallonie, la Chaîne des Terrils, aide à la valorisation des terrils; elle siège à Loos-en-Gohelle. Une Apphim (Association pour la Protection et la valorisation du Patrimoine Historique et Industriel Minier des HBNPC), à Béthune, conserve la mémoire des mines.

Le Bassin minier compte environ 1 200 000 habitants et d’assez grandes villes comme Béthune, Lens et Douai; la perte d’emplois dans les charbonnages, les installations dérivées (cokeries, centrales thermiques, etc.) et la sidérurgie a été estimée à 140 000 emplois directs. Une Mission Bassin Minier Nord-Pas-de-Calais (MBM) poursuit depuis 2000 l’œuvre des Charbonnages, en liaison avec les collectivités territoriales; elle s’est fixée à Oignies depuis 2003, sur le carreau de la dernière fosse à avoir été en activité.

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