Provence (la)

ancienne province par excellence — les deux mots ont la même origine latine: le pays des vaincus, pro victis. Au sens strict, elle groupe les pays situés entre les Alpes du Sud et le Rhône; le provençal est un dialecte de la langue d’oc. La Provence historique fut un marquisat, un comté et même, à plusieurs reprises et plus ou moins brièvement, un royaume; elle eut au 14e s. une Reine Jeanne dont le nom est encore attaché à quelques vieux ponts, monuments et lieux-dits. Du 9e siècle à 1481, elle fut une terre d’Empire avant d’être incorporée au royaume de France. Elle englobait à l’origine les Alpes du Sud et le pays niçois, alors qu’après le Moyen Âge elle fut plus restreinte, à un territoire finalement divisé en Bouches-du-Rhône, Basses-Alpes et Var.

On la disait victime de trois fléaux: le mistral, la Durance et le parlement d’Aix… Elle est de nos jours associée à une idée valorisante de ciel bleu et de loisirs, de festivals estivaux, de plantes odorantes et de cigales, de santons, d’oratoires et de chapelles mariales, une imagerie à laquelle ont contribué le roman et le cinéma, Giono, Pagnol et Char — plus tôt Mistral, Aicard et Daudet, maintenant presque oubliés. Pourtant la Provence est aussi dans les foules et l’agitation du littoral, les parcs technologiques, l’industrie nucléaire et les camps militaires, le mistral et les coups de froid, les crues et les incendies, une certaine rudesse des comportements allant jusqu’aux votes pour la droite extrême.

Le nom reste valorisant. Il apparaît dans celui de la région, associé aux Alpes et à la Côte d’Azur, ce qui l’en distinguerait donc, bien que celle-ci soit au moins en partie provençale, et qu’il existe des Alpes de Provence jusque dans le nom d’un département… On nomme à part une Haute-Provence, aux contours indécis mais qui évoque des terres d’altitude relativement élevée — et non la Provence de la capitale provinciale comme dans beaucoup d’autres provinces historiques. Les Révolutionnaires s’étaient bien gardés de retenir le nom de la province pour un département; ce n’est que récemment que les Basses-Alpes se sont découvertes Alpes-de-Haute-Provence, ce qui était censé les revaloriser à coup double, en profitant de l’image de la Provence et en se rehaussant, puisqu’elles troquaient un Basses pour un Haute.

Salon-de-Provence et Aix-en-Provence portent fièrement le nom de la province. La communauté urbaine de Marseille a pris le nom de Métropole d’Aix-Marseille-Provence, celle de Toulon Métropole Toulon Provence Méditerranée. Il existe une communauté de communes Terre de Provence dans les Bouches-du-Rhône; des intercommunalités Rhône Lez Provence, Aygues Ouvèze en Provence dans le Vaucluse; Provence Verdon, Provence Verte, Dracénie Provence Verdon Agglomération dans le Var; Haute Provence Pays de Banon, Provence Alpes Agglomération, Alpes de Provence Verdon Sources de Lumière dans les Alpes de Haute-Provence. En revanche, le nom Provence n’apparaît pas dans les intercommunalités des Hautes-Alpes et des Alpes-Maritimes.


Provence (la)

ancienne province à l’est du Rhône et en bordure de la Méditerranée. Les deux mots sont équivalents: la pro-vincia était le domaine conquis par les Romains sur les vaincus… En tant que tel, il est apparu vers 120 avant notre ère; dès 180, les marchands marseillais avaient appelé les Romains au secours contre les turbulents Ligures. Par la suite la Provence est devenue un comté, et fut même considérée comme un royaume au 9e s., dans des limites toujours fluctuantes. Elle était réputée faire partie de l’Empire, et eut deux souverains célèbres dont le nom est attaché à plusieurs monuments: la reine Jeanne (Jeanne 1re de Naples, 1326-1382) et le roi René (René 1er de Naples, ou d’Anjou, 1409-1480). La Provence ne passa au royaume de France qu’en 1483 sous Louis XI, non sans avoir perdu le pays de Nice un siècle auparavant. On y parlait alors le provençal, variante de l’occitan.

Le nom a traversé les siècles. Le travail de quelques écrivains du 19e siècle comme Alexandre Dumas, Alphonse Daudet, Frédéric Mistral ou Jean Aicard, puis le développement des loisirs et de la mobilité au 20e siècle, ont lié l’idée de Provence à la chaleur des étés, au concert des cigales, aux vacances, au pastis et à la pétanque, aux vieux villages tassés autour d’une place ombragée, aux paysages peints par Cézanne, et à un certain folklore auquel un Giono et un Pagnol ont largement contribué. Reste que la Provence est aussi dans la rénovation de Marseille, les grands travaux d’aménagement hydraulique du bassin de la Durance, les industries de Berre et de Fos, ou le complexe nucléaire de Cadarache. Le nom est porté par une région, mais pas seul: associé aux Alpes et à la Côte d’Azur et donc distingué d’elles, bien qu’il y ait des Alpes provençales, et même de Haute-Provence, et que la côte d’Azur soit largement provençale, même prise au sens strict. Il est en tous cas largement considéré comme portant une image positive, et arboré par de nombreuses communes, un département, de nombreuses intercommunalités, y compris les métropoles de Marseille ou de Toulon, désormais Métropole d’Aix-Marseille-Provence et Métropole Toulon-Provence-Méditerranée.

Retour