Provence-Alpes-Côte-d’Azur

l’une des régions françaises, à l’angle sud-est du territoire continental, de plus en plus souvent résumée par commodité en «Paca». Peuplée de 5 081 100 hab., elle occupe 31 400 km2 et elle est divisée en six départements: Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Var et Vaucluse. Au total, elle est divisée en 18 arrondissements, 126 nouveaux cantons et seulement 946 communes; elle a 52 intercommunalités dont trois métropoles et 17 communautés d’agglomération, 32 communautés de communes. Frontalière de l’Italie, elle n’a pour voisines en France que les régions Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes, mais la «continuité territoriale» la rend également voisine de la Corse, à laquelle elle seule donne accès par mer.

La préfecture régionale est à Marseille, mais la région comprend deux Académies, Aix-Marseille et Nice, cette dernière ayant autorité sur les deux départements des Alpes-Maritimes et du Var. La croissance de la population, qui avait atteint 0,8% par an aux environs de 2000, a un peu baissé depuis; elle est devenue proche de la moyenne nationale avec +0,4% par an (2013-2018), équilibrée entre un solde naturel positif (+0,2 %) en dépit de la moyenne d’âge élevée de la population, et un solde migratoire de même niveau. Les taux de créations d’entreprises et d’emplois sont élevés aussi, de même d’ailleurs que les taux de disparition; et, contrepartie de la croissance, le prix des logements est parmi les plus hauts de France.

Attractive, la région a une forte contribution économique à l’activité nationale; son produit brut est de 166 milliards d’euros (2018), ce qui lui donne le troisième rang après l’Île-de-France et Rhône-Alpes, conformément d’ailleurs à sa population. Elle est également 3e pour le produit par habitant (33 000 €/an) et pour le produit par emploi (78 300 €/an) mais néanmoins avec un revenu médian des ménages inférieur à la moyenne provinciale, un taux de pauvreté et de chômage supérieurs: la haute technologie y côtoie l’emploi précaire et le chômage des jeunes, une part d’emplois tertiaires et publics élevée. Il est vrai aussi que le taux d’activité est l’un des plus bas en France, en raison du nombre de retraités, d’activités précaires et non déclarées.

La région est la première en France pour le tourisme (hors Paris); elle enregistre annuellement 35 millions de touristes, qui justifient 170 000 emplois, soit cinq fois plus que dans l’agriculture. Celle-ci n’a pourtant n’a pas moins de place dans l’activité régionale que dans la moyenne française, mais elle occupe relativement peu d’espace dans le territoire.

Le territoire de la région n’est pas moins contrasté que sa société. Dans l’ensemble, il oppose d’abord une façade littorale très fréquentée à un arrière-pays nettement moins peuplé et même presque désert par endroits. Une autre dissymétrie apparaît entre ses bordures est et ouest; la première montagneuse, frontalière et difficile à traverser, la seconde qui est au contraire un grand couloir de passage de la Méditerranée vers la France et l’Europe septentrionales, et de surcroît un axe de production d’énergie —

certes, il marqua jadis une autre frontière, entre Royaume et Empire: mais la ligne est effacée depuis des siècles, et seules quelques anciennes forteresses en perpétuent le souvenir, comme à Tarascon face à Beaucaire.

De surcroît, le littoral comme l’intérieur sont eux-mêmes très différenciés. Le premier fait se succéder d’ouest en est des paysages et des formes de peuplement extrêmement différentes: les plaines de l’embouchure du Rhône, presque vides et à peu près dénuées de vie maritime; les indentations du golfe de Fos et de l’étang de Berre, terrain de déploiement des stratégies industrielles et portuaires; l’agglomération marseillaise, sertie dans un écrin de reliefs appréciés pour leurs abris et leurs calanques du côté de l’Estaque comme de Cassis et La Ciotat; l’agglomération de Toulon, à la fois bien distincte et très proche de la précédente, qui a pris son autonomie jusque dans la présence d’une université et son appartenance à une autre académie; le littoral varois, escarpé mais très recherché, qui de Hyères à Saint-Raphaël a multiplié les stations de vacances estivales; la Côte d’Azur proprement dite, bien plus peuplée que la précédente, et bien plus active en hiver parce qu’elle a de vraies villes à activités permanentes, et parce qu’elle bénéficie d’un climat hivernal plus amène, qui précisément fut à l’origine de son succès. À son tour, cette Côte d’Azur a ses divisions, entre pays cannois et pays grassois, pays antibois entraîné par son technopole, Nice et ses voisines de luxe, la Riviéra française et monégasque.

En arrière, les différences ne sont pas moins marquées. Le long de la frontière italienne s’alignent de vraies montagnes, dont l’altitude augmente vers le nord, fréquentées en été et de plus en plus en hiver, les foules citadines du littoral ayant incité à la création de stations de neige; du Mercantour à l’Oisans-Pelvoux en passant par la haute Ubaye, le Queyras et le Briançonnais, les paysages, les conditions d’accès et les clientèles sont très différents.

En avant de la montagne proprement dite, la Haute Provence déploie des paysages souvent magnifiques, toujours très accidentés, longtemps désertés et où de petites villes avaient du mal à exister, mais reprennent vigueur depuis quelques lustres; Digne et Gap y ont les mérites et les faiblesses des petites préfectures.

La Durance offre une belle voie de pénétration, et a été harnachée de multiples équipements destinés à contenir ses crues, à produire de l’électricité, à irriguer les campagnes provençales et à abreuver les citadins, jusqu’à Marseille et Toulon. Le vaste lac de Serre-Ponçon a changé tout un pays, des industries même se sont fixées. Son principal affluent le Verdon n’a pas été moins aménagé; mais s’il attire les visiteurs par ses gorges, il n’est pas un axe de pénétration, et Castellane reste aussi belle qu’isolée, surtout en hiver. Çà et là, des îlots d’activité tirent parti de petites plaines, par leurs vergers ou leurs fameuses papam — c’est ainsi que le monde agricole nomme les «plantes à parfum, aromatiques et médicinale» —, alternant avec des garrigues et des plateaux déserts, où paissent les moutons et où s’entraînent les militaires, comme dans l’immense camp de Canjuers.

Vers l’ouest, ces formes demeurent mais les situations changent. La région déploie le long du Rhône de larges plaines où l’usage intelligent de l’eau est très ancien et dont les campagnes prospères, striées de haies brise-mistral, bruissent de l’eau courante des canaux et des filioles au milieu des vergers et des champs de melons, de salades ou de tomates entre Orange et les Alpilles, et même encore au sud des Alpilles. Cette plaine prospère, étendue de part et d’autre de la Durance, est entourée de reliefs plus arides mais très appréciés pour leurs vignes et leurs villages perchés, au point d’attirer de nombreux visiteurs, comme aux Baux-de-Provence et du côté du Ventoux et de Vaison-la-Romaine en pays Voconce, voire des colonies de Parisiens fortunés à l’instar du fameux «Luberon», en fait le couloir d’Apt.

Enfin, entre les Plans de Provence dépeuplés, les foules marseillaises, les plaines fruitières et maraîchères, ayant un peu des trois mais avec des couleurs originales, le pays d’Aix déploie ses séductions et attire toujours plus, y compris dans les activités les plus futuristes avec l’expansion du site de Cadarache, qui entraîne aussi Manosque et va accueillir Iter.

Comme la société, la nature provençale a ses aménités, et ses duretés: la vigueur des reliefs, la minceur des sols hors des plaines, la sécheresse des étés, la violence des accidents climatiques et l’intensité des fréquentations estivales font de la région l’une des plus exposées aux risques: incendies surtout, mais aussi inondations, ravinements, glissements de terrains. Des réserves naturelles assez nombreuses y ont été aménagées; pas moins de trois parcs nationaux (Écrins, Mercantour et Port-Cros) aux contraintes strictes, et cinq parcs régionaux (Queyras, Verdon, Luberon, Alpilles et Camargue) y ont été délimités. La lutte contre les incendies nécessite une mobilisation tous les étés. Hors même des plaines des bords du Rhône, d’énormes travaux ont été accomplis en faveur de l’irrigation, surtout à partir de la Durance et du Verdon. Paradoxalement, la région est pourtant loin d’avoir les plus grandes surfaces irriguées en France, mais cette irrigation sert surtout aux fruits et aux légumes, un peu aux foins de qualité, non aux «grandes cultures» dispendieuses contrairement à d’autres régions. Les autres risques sont ceux des espaces urbains surchargés du littoral, aux richesses étalées et aux contrastes accusés, où des oasis aux couleurs de paradis côtoient des quartiers dits pudiquement «prioritaires».

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