Roubaix

(99 290 Roubaisiens, 1 323 ha) est un ancien chef-lieu de canton du département du Nord dans la Métropole européenne de Lille, 12 km au NE de Lille. Roubaix s’est illustrée comme grande ville industrielle du textile, de la distribution (le groupe Auchan en est originaire) et de la vente par correspondance, en particulier le groupe de La Redoute (groupe Pinault-Printemps-Redoute de F. Pinault, devenu Kerring) — celui des Trois Suisses est voisin, mais à Croix. Roubaix a même eu une bourse mondiale de la laine au 19e s. Puis la ville a connu de lourdes crises et, consécutivement, de sensibles remaniements récents de son patrimoine immobilier.

Le centre-ville est marqué par le grand hôtel de ville de 1911 par Victor Laloux sur la Grand’Place, des églises du 19e s., maisons bourgeoises et hôtels particuliers dans un périmètre restreint à l’intérieur d’un boulevard de ceinture. Au-delà, un autre anneau de boulevards contient le centre hospitalier. Cet anneau est traversé au sud-ouest par le long parc Barbieux (34 ha), sur le tracé d’un canal avorté qui sert de pénétrante routière (boulevards de Gaulle-Gambetta); le parc a été enlevé en 1919 à la commune de Croix, la commune de Roubaix envoyant ainsi une queue vers le sud-ouest, qui sépare presque en deux le territoire de Croix. Le parc du Nouveau Monde et le canal de Roubaix sont au nord-est et au nord, la gare au nord-ouest de la ville.

Un Eurotéléport ou Centre international de la Communication a été créé dans une ancienne filature de coton. Roubaix abrite aussi les Archives nationales du monde du travail. La ville est fleurie (quatre fleurs). Un musée d’art et d’industrie s’est installé dans l’ancien établissement de bains arts déco de 1932, dont il a conservé le nom (la Piscine). Un Quartier des Modes, animé par une Maison des Modes, accueille des boutiques de créateurs de mode. Roubaix a aussi un centre chorégraphique national, successeur des Ballets du Nord, un musée du tissage et le musée du jacquard de la Manufacture des Flandres. Elle propose plusieurs magasins d’usines, dont L’Usine sur les boulevards, et un ensemble McArthur Glen en centre-ville.

Roubaix héberge l’IUT-C de l’université de Lille-2, qui a trois départements (carrières juridiques, statistique et traitement informatique des données, techniques de commercialisation). L’Ensait (École nationale supérieure des arts et industries textiles), créée en 1889 sous le nom d’Enai (École nationale d’arts industriels) et rebaptisée en 1921, forme les deux tiers des ingénieurs en textile français. S’y ajoutent l’Esaat (École supérieure des arts appliqués et du textile, 1989, 720 élèves) et l’Esmod (École supérieure des arts et techniques de la mode, 150 élèves), apparue en 1841 et qui est à la tête d’un réseau de 20 écoles dont 14 à l’étranger. La ville organise un salon de la BD et du graphisme.

Dans l’enseignement secondaire, Roubaix a sept collèges publics et cinq privés, huit lycées publics dont quatre professionnels, cinq lycées privés dont trois professionnels. Le centre hospitalier V. Provo totalise 1 500 lits dont 800 médicaux, un établissement psychiatrique (150 places), un institut d’éducation motrice et un institut de rééducation psychologique; clinique Saint-Jean (Lille Septentrion, 150 sal., 90 lits) et deux autres cliniques, centre d’aide par le travail, maisons de retraite Medotels (dont Korian l’Ange Bleu, 70 sal.). La ville a aussi un tribunal d’instance. Roubaix est desservie par le métro de l’agglomération lilloise (ligne 2) et par le tramway (ligne R) qui la relie à Lille via Marcq-en-Barœul. La course cycliste Paris-Roubaix, qui remonte à 1896, se déroule sur 268 km, dont 57 km sur les fameux pavés des petites routes du Nord.

La Redoute a été créée en 1928 par la famille Pollet, issue du textile, qui avait fondé une filature de peigné en 1837 et s’était agrandie et modernisée en 1897, en ajoutant un tissage, rue de la Redoute à Roubaix. En difficulté en 1922, les Pollet ont fait une première tentative de vente par correspondance sur annonces pour liquider les stocks, et finalement créé en 1928 un catalogue, vite devenu célèbre. Elle a créé la société de crédit Finaref en 1970, puis a été absorbée en 1988 et 1992 par le groupe Pinault. Incluant aussi des magasins comme Vert Baudet, La Maison de Valérie et Cyrillus, elle est intégrée à l’ensemble Redcats (nom formé sur Redoute et catalogues), filiale de PPR (Pinault-Printemps-Redoute). Redcats dispose de 20 000 salariés dans le monde, dont 5 000 (et 1 500 millions d’euros de chiffre d’affaires) pour La Redoute proprement dite; mais la Redoute a traversé des difficultés, son effectif (1 800 sal. à Roubaix en 2013) s’est réduit et affiche 840 salariés en 2022.

La vente par correspondance est représentée également par Damart (530 sal.), groupe textile roubaisien créé en 1953 et appartenant à la famille Despature, renommé pour son Thermolactyl, mais dont la plus grande partie des productions vient désormais de Tunisie; Jules (320 sal., prêt-à-porter, issu de Camaïeu et relevant du groupe Mulliez); Okaidi (IDgroup, 420 sal.) vend vêtements, chaussures et jeux pour enfants; vêtements BZB (60 sal.); vente à distance Showroom (80 sal.); SEB Retailing (Home & Cook, 120 sal.) en électroménager.

Dans la production textile, le fleuron de la ville fut La Lainière de Roubaix, fondée en 1911 par Jean Prouvost dans la suite d’une filature de peigné de la famille. Elle était devenue la plus grande fabrique de laines d’Europe et a eu jusqu’à 10 000 salariés vers 1970, avec les marques du Pingouin, Stemm, Rodier, Pernelle, etc. Entrée en crise, elle a été liquidée en 1993 et ses marques dispersées. Il en reste un bâtiment sauvegardé sur le site de 17 ha qu’elle occupait à cheval sur Roubaix et Wattrelos. Le groupe Westaflex (intégré au groupe niortais Poujoulat) fabrique à Roubaix des conduits acoustiques pour automobiles Wevista (150 sal.). Le Joint Français (65 sal.) fournit des articles en caoutchouc. Les autres producteurs sont les machines Standard Industrie (75 sal.), les appareils d’éclairage Trato (120 sal.), les emballages plastiques Clayrton (60 sal.); constructions Sogea Caroni (460 sal.) et Vilogia (55 sal.).

Dans le secteur tertiaire, se distinguent les studios de création numérique et artistique Ankama (90 sal.) d’origine locale et dont le nom est fait de la première syllabe des prénoms des trois fondateurs; les services d’informatique et centres d’appels OVH (690 sal.), Procheque Nord (430 sal.), Conduent (310 sal.), Cegid (210 sal.), Nextoo (95 sal.), Acteos (60 sal.); les services et conseils Argence (210 sal.), Carrières et Conseil (160 sal.), Solvabilité Entreprise (Creditsafe, 120 sal.), Qualimétrie (140 sal.), Mobilis (80 sal.); les banques BNP (50 sal.), Crédit Lyonnais (120 sal.), le crédit Finaref (CA Consumer, 850 sal., de La Redoute), Swisslife Prévoyance Santé (400 sal.) et Swiss Life Assurances (150 sal.), Nortia (50 sal.); les ingénieries DSB (190 sal.) et Ing-Tec (75 sal.); secrétariat VCF (130 sal.), comptabilité Comexpert (50 sal.); aide à la personne Optimhome (65 sal.) et O2 (60 sal.).

Roubaix accueille un hypermarché E. Leclerc (130 sal.), un Intermarché (60 sal.), un négoce de quincaillerie Bossu-Cuvelier (60 sal.); intérim Adecco (1 240 sal.), Supplay (140 sal.), Logic O3 (70 sal.), RB89 (55 sal.); nettoyage EDP (75 sal.); gardiennages Egide (170 sal.) et Seculille (55 sal.), publicité Solocal (210 sal.) et Gutenberg (50 sal.); transports Duc (110 sal.), ID Log (75 sal.), distribution de gaz GRDF (110 sal.), d’électricité Enedis (85 sal.).

Roubaix avait seulement 8 000 hab. au tout début du 19e s. mais est montée à 34 000 en 1850, 76 000 en 1872, 124 700 en 1896, qui fut son maximum; la population est descendue à 107 100 en 1936 et remontée à 114 500 en 1968, puis a baissé; elle a toutefois regagné 1 250 hab. après 1999. La plus grande partie de la commune (75 000 hab.) est en «quartier prioritaire», sauf au sud-est aux abords de l’hippodrome, et au sud-ouest aux abords du parc Barbieux. Ce dispositif est divisé en trois parties. Au nord, un ensemble Epideme-Villas-Couteaux (67 ha, 5 400 hab.), au sud un ensemble Nouveau Roubaix (13 ha, 2 800 hab.); entre les deux, des ensembles intercommunaux Hautchamps - Longchamp, Lionderi, Trois Baudets (104 ha, 8 200 hab.) et Blanc Seau, Croix, Bas Sainte-Pierre (666 ha, 71 000 hab.).

Le canal de Roubaix est un élément de la nouvelle liaison Deûle-Escaut.

Deux nouveaux cantons portent le nom de Roubaix, le premier (76 100 hab.) contenant une partie de la seule commune de Roubaix, le second (73 000 hab.) le reste de Roubaix (22 700 hab.) et deux autres communes, Leers (9 400 hab.) et Wattrelos (40 900 hab.).

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