Sainte-Menehould

(4 270 Ménéhildiens, 5 711 ha dont 3 918 de bois) est une ancienne sous-préfecture de la Marne, 46 km ENE de la préfecture. Les habitants sont les Ménéhildiens, mais le nom de la commune se prononce «Sainte-Menou» dans toute la Marne. Dans les documents historiques et dans les textes officiels, le nom a toujours été écrit sans accent; c’est par pure erreur que des variantes récentes, notamment dans la presse, lui donnent un, voire deux accents. Sainte-Menehould est la principale et même la seule ville de l’Argonne marnaise. Elle a reperdu en 2017 un rang de sous-préfecture qu’elle avait déjà perdu de 1926 à 1945.

Son site originel est un lobe de méandre de rive gauche de l’Aisne, au pédoncule très étroit et recoupé par un bref canal, de sorte que la ville est dans une île; une butte assez vigoureuse y porte le vieux village, avec le cimetière; l’Aisne lui sert de douve. Le centre-ville actuel, sur la N3 («voie de la Liberté»), est au pied de la butte côté nord. Ce site de Sainte-Menehould a fixé très tôt un château, qui a subsisté jusqu’au 9e s.; il a pris en 1148 le nom de la fille d’un comte du Perthois qui vivait vers la fin du 5e s. (Manehout, dite plus tard Ménéhilde); la place a été fortifiée à nouveau en 1204, le château relevant des comtes de Champagne.

Ville forte, Sainte-Menehould a surtout été une ville de route, servant d’étape entre Champagne et Lorraine. Elle s’y est signalée par la perspicacité de son maître de poste Drouet, reconnaissant Louis XVI en fuite sous son déguisement bourgeois le 21 juin 1791, et courant l’arrêter plus loin à Varennes; la commune fut baptisée Montagne-sur-Aisne en 1794. La ville basse a été entièrement reconstruite après un violent incendie en 1719, ce qui lui donne une allure homogène et appréciée aujourd’hui comme témoignage d’architecture du 18e s., où se mêlent les rangs de brique rouge et ceux de pierre blanche (gaize); musée municipal.

Toute la partie orientale de la commune s’étend sur le plateau boisé de l’Argonne, jusqu’à la limite départementale, parcouru notamment du nord au sud par les chemins de la Grande Tranchée et de la Haute Chevauchée (désignation attestée déjà en 1150), et qui culmine à 261 m. Ce plateau a longtemps eu un rôle stratégique éminent. Il est traversé par l’autoroute de l’Est, la voie ferrée de Châlons à Verdun (tunnel de 800 m), la N31 le long de laquelle, parmi les pommiers, s’étire le gros hameau de la Grange-aux-Bois, d’environ 700 habitants, créé au Moyen Âge mais qui n’est jamais devenu une commune. Les environs ont eu des verreries et des usines de draps.

Outre ses fonctions de bourg et d’ancienne sous-préfecture, qui lui valent un centre hospitalier public (20 lits), un office du tourisme, un collège et un lycée professionnel publics, trois supermarchés dont un Super U (65 sal.), un Intermarché, Sainte-Menehould est encore une petite ville industrielle. Elle fut un fief du groupe Pechiney, puis Alcan; la principale usine locale est celle des emballages Albea, ex Cebal, jadis Tuboplast, tubes et bombes aérosols, 530 emplois (une autre usine Alcan est à Vienne-le-Château). En outre, connecteurs Hummel (groupe Jaeger, 60 sal.) et divers ateliers, centres pour handicapés et d’aide par le travail, hôtel Le Cheval Rouge (20 sal.). Une zone d’activités a été aménagée sur 26 ha dès 1960; elle est relayée par le parc d’activités des Accrues, établi en 1988 sur 19 ha près de l’accès autoroutier.

Par ailleurs, Sainte-Menehould cherche à développer une fonction d’accueil et de loisir, soignant et en vantant ses spécialités gastronomiques, surtout le célèbre pied de porc; c’est une «station verte de vacances» avec camping, équitation, canotage, animations nombreuses. La commune a eu 5 300 hab. en 1896; sa population avait ensuite diminué jusqu’à 4 200 en 1931, puis était remontée à 5 800 en 1975, mais décline à nouveau depuis; elle a perdu 960 hab. depuis1999. La ville est le siège d’une communauté de communes de l’Argonne champenoise qui groupe 60 communes et 12 800 hab. Elle est le bureau du vaste canton nouveau d’Argonne Suippe et Vesle (22 500 hab., 79 communes).

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