Seine (estuaire de la)

espace fluvio-maritime de la Seine. Deux définitions en sont possibles, l’une stricte et l’autre large. Au sens strict, il correspond à la partie la plus élargie de la basse vallée, en forme de triangle ouvert sur la mer, donc en aval de Tancarville; la limite externe en est au nord le cap de la Hève ou, au moins, l’entrée du port du Havre; au sud la pointe du Heurt à Villerville, la digue du Ratier prolongeant le cours du fleuve sur 8 km à l’ouest d’Honfleur. Il existe néanmoins une acception plus stricte encore, plus attachée aux activités portuaires, qui arrête l’estuaire en amont à la hauteur du promontoire du Hode, et donc de Berville-sur-Mer au sud, coïncidant à peu près avec la fin du Grand Canal du Havre. Au sens strict, l’estuaire aurait donc 28 ou 20 km de profondeur, pour une ouverture de 10 à 12 km.

Au sens large, il est défini par la partie de la Seine où la marée se fait sentir et le long de laquelle s’échelonnent les installations portuaires maritimes: selon cette définition, l’estuaire va jusqu’à Rouen, voire Elbeuf. Il se déploie alors sur 80 km d’ouest en est, en fait 125 km de trajet pour les navires.

La Seine y est large d’au moins 300 m, 600 m devant Honfleur, et débite une moyenne de 500 m3/s. Les dragages assurent une bonne dizaine de mètres de tirant d’eau, mais la navigation est rendue très difficile par les bancs de sable: les navires doivent embarquer des pilotes professionnels, organisés en corporation depuis 1596. L’opposition entre le flot de marée montante et le débit du fleuve se traduisait par le déclenchement d’une vague parfois puissante et toujours dangereuse, remontant rapidement vers l’amont, le mascaret, célèbre dans la littérature depuis l’accident de Villequier; mais il a presque disparu depuis les grands travaux d’aménagement et de dragage. La marée n’a qu’un très faible marnage à Rouen, qui n’a pas de bassin maritime à écluse; elle est réputée s’arrêter à Elbeuf.

Les activités maritimes sont organisées par deux entités bien distinctes, le Port autonome du Havre et le Port autonome de Rouen, celui-ci ayant autorité de Rouen jusqu’à Honfleur. Hors du Havre, les principales installations portuaires sont, sur la rive gauche (sud), aux deux extrémités: juste à l’est d’Honfleur, et de La Bouille à Rouen par Grand-Couronne, Petit-Couronne et Grand-Quevilly; sur la rive droite (nord), juste en amont de Tancarville dans les terminaux de Radicatel et les installations de Port-Jérôme et Gravenchon, ponctuellement à Saint-Wandrille et Le Trait, et dans le port Saint-Gervais de Rouen au débouché de la vallée du Cailly, prolongé en aval jusqu’à Val-de-la-Haye.

Les paysages de l’estuaire alternent des espaces de marais en forme de demi-lune, restes de méandres recoupés, dont le plus connu est le Marais Vernier; des bourrelets alluviaux de rive exhaussés dont certains sont colonisés par des files d’habitations; des terrasses témoignant des étapes de l’encaissement du fleuve, en général caillouteuses et portant des forêts; des coteaux abandonnés par le fleuve comme la Côte du Havre, la Côte du Marais-Vernier ou celle qui disparaît presque sous la forêt de Brotonne au sud de La Mailleraye, la côte de la Londe sous le château de Robert le Diable; des coteaux encore vifs, escarpés et léchés par le fleuve comme à Vieux-Port, à Caudebec-en-Caux ou à Barneville-sur-Seine. La largeur du fleuve et le gabarit des grands navires qui remontent jusqu’à Rouen n’ont autorisé que trois ponts en aval de la préfecture, d’amont en aval ceux de Brotonne (1977), de Tancarville (1959) et de Normandie (1995); des bacs assurent les traversées intermédiaires.

L’ensemble de l’estuaire a fixé les deux grandes agglomérations du Havre et de Rouen, qui approchent du million d’habitants; le premier ou le second ensemble portuaire français selon les années (près de 100 millions de tonnes par an), rivalisant avec Marseille-Fos qui est de nature et de forme très différentes; un remarquable ensemble industriel, dominé par les raffineries de pétrole et la pétrochimie, la grande usine Renault de Sandouville et d’autres spécialités comme les papeteries et l’agro-alimentaire. Le développement de l’estuaire est étroitement lié à la présence de Paris et de sa région en arrière-pays: il en est la «Porte océane». En revanche, ses relations avec d’autres points forts du territoire comme la région du Nord et la Basse-Loire ont longtemps été mineures et médiocrement assurées, et le restent en dépit des efforts d’aménagement tels que les autoroutes dites des estuaires.


Seine (estuaire de la)

espace fluvio-maritime de la Seine. Deux définitions en sont possibles, l’une stricte et l’autre large. Au sens strict, il correspond à la partie la plus élargie de la basse vallée, en forme de triangle ouvert sur la mer, donc en aval de Tancarville; la limite externe en est au nord le cap de la Hève ou, au moins, l’entrée du port du Havre; au sud la pointe du Heurt à Villerville, la digue du Ratier prolongeant le cours du fleuve sur 8 km à l’ouest d’Honfleur. Il existe néanmoins une acception plus stricte encore, plus attachée aux activités portuaires, qui arrête l’estuaire en amont à la hauteur du promontoire du Hode, et donc de Berville-sur-Mer au sud, coïncidant à peu près avec la fin du Grand Canal du Havre. Au sens strict, l’estuaire aurait donc 28 ou 20 km de profondeur, pour une ouverture de 10 à 12 km.

Au sens large, il est défini par la partie de la Seine où la marée se fait sentir et le long de laquelle s’échelonnent les installations portuaires maritimes: selon cette définition, l’estuaire va jusqu’à Rouen, voire Elbeuf. Il se déploie alors sur 80 km d’ouest en est, en fait 125 km de trajet pour les navires.

La Seine y est large d’au moins 300 m, 600 m devant Honfleur, et débite une moyenne de 500 m3/s. Les dragages assurent une bonne dizaine de mètres de tirant d’eau, mais la navigation est rendue très difficile par les bancs de sable: les navires doivent embarquer des pilotes professionnels, organisés en corporation depuis 1596. L’opposition entre le flot de marée montante et le débit du fleuve se traduisait par le déclenchement d’une vague parfois puissante et toujours dangereuse, remontant rapidement vers l’amont, le mascaret, célèbre dans la littérature depuis l’accident de Villequier; mais il a presque disparu depuis les grands travaux d’aménagement et de dragage. La marée n’a qu’un très faible marnage à Rouen, qui n’a pas de bassin maritime à écluse; elle est réputée s’arrêter à Elbeuf.

Les activités maritimes sont organisées par deux entités bien distinctes, le Port autonome du Havre et le Port autonome de Rouen, celui-ci ayant autorité de Rouen jusqu’à Honfleur. Hors du Havre, les principales installations portuaires sont, sur la rive gauche (sud), aux deux extrémités: juste à l’est d’Honfleur, et de La Bouille à Rouen par Grand-Couronne, Petit-Couronne et Grand-Quevilly; sur la rive droite (nord), juste en amont de Tancarville dans les terminaux de Radicatel et les installations de Port-Jérôme et Gravenchon, ponctuellement à Saint-Wandrille et Le Trait, et dans le port Saint-Gervais de Rouen au débouché de la vallée du Cailly, prolongé en aval jusqu’à Val-de-la-Haye.

Les paysages de l’estuaire alternent des espaces de marais en forme de demi-lune, restes de méandres recoupés, dont le plus connu est le Marais Vernier; des bourrelets alluviaux de rive exhaussés dont certains sont colonisés par des files d’habitations; des terrasses témoignant des étapes de l’encaissement du fleuve, en général caillouteuses et portant des forêts; des coteaux abandonnés par le fleuve comme la Côte du Havre, la Côte du Marais-Vernier ou celle qui disparaît presque sous la forêt de Brotonne au sud de La Mailleraye, la côte de la Londe sous le château de Robert le Diable; des coteaux encore vifs, escarpés et léchés par le fleuve comme à Vieux-Port, à Caudebec-en-Caux ou à Barneville-sur-Seine. La largeur du fleuve et le gabarit des grands navires qui remontent jusqu’à Rouen n’ont autorisé que trois ponts en aval de la préfecture, d’amont en aval ceux de Brotonne (1977), de Tancarville (1959) et de Normandie (1995); des bacs assurent les traversées intermédiaires.

L’ensemble de l’estuaire a fixé les deux grandes agglomérations du Havre et de Rouen, qui totalisent près de 700 000 habitants; le premier ou le second ensemble portuaire français selon les années (près de 100 millions de tonnes par an), rivalisant avec Marseille-Fos qui est de nature et de forme très différentes; un remarquable ensemble industriel, dominé par les raffineries de pétrole (35 Mt/an) et la pétrochimie, la grande usine Renault de Sandouville et d’autres spécialités comme les papeteries et l’agro-alimentaire. Le développement de l’estuaire est étroitement lié à la présence de Paris et de sa région en arrière-pays: il en est la «Porte océane». En revanche, ses relations avec d’autres points forts du territoire comme la région du Nord et la Basse-Loire ont longtemps été mineures et médiocrement assurées, et le restent en dépit des efforts d’aménagement tels que les autoroutes dites des estuaires.

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