Sorbonne

9 700 hab., quartier du 5e arrondissement de Paris; il est situé entre le boulevard Saint-Michel à l’est, la rive gauche de la Seine au nord (quai Saint-Michel), à l’est l’alignement de rues allant du Haut-Pavé à la Contrescarpe par les rues de la Montagne-Sainte-Geneviève et Descartes, au sud les rues Malebranche, des Fossés-Saint-Jacques et de l’Estrapade. Il est traversé du nord au sud par la rue Saint-Jacques et d’est en ouest par le boulevard Saint-Germain et la rue des Écoles. Il communique avec l’île de la Cité par le pont au Double, le Petit Pont et le pont Saint-Michel.

Il est composé de trois parties assez distinctes. Au nord, près de la Seine, un ensemble de rues animées par les touristes accompagne les églises Saint-Séverin et Saint-Julien-le-Pauvre (rite grec melchite); il contient le square René-Viviani, la rue de la Huchette où est le théâtre de même nom (90 places). Il bénéficie de la station de métro Saint-Michel en bord de Seine, sur la ligne 4 de 1910, où se croisent en outre, au niveau inférieur, les RER A et C de la gare Saint-Michel-Notre-Dame, et qui dispose d’un couloir de correspondance avec la station de métro Cluny-la Sorbonne de la ligne 10, ouverte en 1930 mais qui avait été fermée de 1939 à 1988.

Au centre de ce «quartier Sorbonne» officiel, l’axe du boulevard Saint-Germain rassemble plusieurs centres d’intérêt. L’ancien hôtel parisien utilisé par les abbés bourguignons de Cluny dès le 13e siècle et agrandi au 15e s. abrite le musée de Cluny, musée national du Moyen Âge; le site contient aussi des thermes romains convenablement restaurés. Non loin sont l’École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l’industrie (ESTP) et le musée de la Préfecture de Police.

Plus à l’est s’ouvre autour de la place Maubert la «Maub’», ou quartier Maubert, animé par son marché et ses boutiques, et l’un des plus connus de Paris; mais ce foyer déborde à l’est sur le quartier officiel voisin (Saint-Victor). Une église orthodoxe roumaine est près de la place Maubert, et l’église Saint-Ephrem, de rite araméen-syriaque, juste un peu plus haut. Les métros Maubert-Mutualité et Cluny-la Sorbonne donnent accès à cette partie centrale, le dernier communiquant par souterrain avec le métro et le RER de la station Saint-Michel.

Au sud du quartier Sorbonne, sur les pentes et le sommet de la Montagne Sainte-Geneviève, sont les grands bâtiments universitaires, entre la rue des Écoles au nord et la rue de l’Estrapade au sud. Le Collège de France et la Sorbonne, vieux ennemis des temps jadis, sont proches. Les lycées Louis-le-Grand et Henri-IV, le collège Sainte-Barbe et la bibliothèque Sainte-Geneviève sont un peu plus haut et proches de la place du Panthéon. Le lycée technologique Jacques-Monod (sanitaire et social, 700 élèves) est tout à côté, rue Victor-Cousin.

La Sorbonne tire son nom du collège fondé en 1253 par le théologien Robert de Sorbon au sein de l’Université de Paris, institution cléricale à cette époque. Richelieu, qui en fut proviseur, fit rénover et agrandir les bâtiments et fit construire la chapelle très ornée qui lui sert de sépulture. Le bâtiment actuel a été, hors la chapelle, entièrement édifié de 1885 à 1901. Il fut le siège de l’Université de Paris de 1896 à 1970. À cette date, l’Université a été divisée en treize universités nouvelles, dont seules quelques-unes ont gardé des enseignements dans ce palais, trois d’entre elles ayant tenu à s’appuyer sur le nom: Paris-I (Panthéon-Sorbonne), Paris-III (Sorbonne nouvelle), Paris-IV (Paris-Sorbonne). Il n’y a donc plus d’institution universitaire nommée Sorbonne, ni de «professeur à la Sorbonne», mais seulement un vaste ensemble de bâtiments et le nom d’une rue. Les regroupements en cours des universités parisiennes, Paris-Cité, UniverSud Paris, ParisTech, etc., ne retiennent plus le nom, mais seulement celui de Paris.

Le Collège de France, ainsi nommé depuis 1870 après avoir été royal et impérial, est né des recommandations faites à François Ier par Guillaume Budé, qui souhaitait voir prospérer des enseignements moins figés que ceux de la Sorbonne d’alors. Il occupe un grand bâtiment commencé au début du 17e s. mais achevé seulement dans les années 1780 et repris au milieu du 19e s. Ses enseignements, de haut niveau, sont libres et non diplômants.

Le Panthéon, d’abord édifié en 1771 comme église Sainte-Geneviève en forme de temple antique sur un plan de Soufflot, en croix latine et à vaste et triple dôme, se hausse à 83 m au sommet de la Montagne, et se voit ainsi de très loin; la Révolution l’a très vite transformé en «panthéon» en hommage aux grands hommes du pays; 71 d’entre eux y ont leur dépouille. Sur la place du Panthéon donnent l’ancienne faculté de droit, dans un bâtiment de Soufflot (université Paris-II Panthéon-Assas) et la bibliothèque Sainte-Geneviève, œuvre d’Henri Labrouste en 1851, qui en dépit de son nom est publique et interuniversitaire mais a recueilli les collections de l’abbaye génovéfaine.

L’ancien collège Sainte-Barbe, ouvert en 1460, privé mais non clérical, refait aux 17e-18e s. puis deux fois au 19e s., a été fermé en 1998 et abrite désormais une bibliothèque universitaire publique. Le lycée Louis-le-Grand est le lointain successeur d’un collège ouvert par les jésuites en 1563 dans l’ancien hôtel de la Cour de Langres rue Saint-Jacques, nommé ensuite collège de Clermont, puis Louis-le-Grand du vivant de Louis XIV en 1682, avant de devenir le collège Égalité en 1792 et Prytanée français en 1798 et de changer ensuite plusieurs fois de nom; il a été entièrement reconstruit de 1885 à 1893, accueille 1 800 élèves (dont 940 en classes préparatoires) et abrite un musée scientifique Pierre-Provost.

Son rival le lycée Henri-IV occupe l’emplacement de l’ancienne abbaye fondée par Clovis et Clotilde et siège des génovéfains; comme il se doit, il est encadré par les rues Clovis et Clotilde juste à l’est du Panthéon, et il conserve la tour Clovis du 13e s. L’abbaye, devenue bien national, fut transformée en école centrale en 1796, puis en lycée Napoléon, Corneille, enfin Henri-IV. Très demandé, le lycée accueille près de 2 000 élèves, dont 1 100 en classes préparatoires, plus 660 collégiens.

La mairie de l’arrondissement donne sur la place du Panthéon, ainsi que l’église Saint-Étienne-du-Mont, très ornée, du 17e s.; le théâtre du Triomphe (100 places) est au sud-est. La place du Panthéon est une ancienne place Sainte-Geneviève, qui a changé de nom sous la Révolution. La large rue Soufflot (265 m de long, 31 de large), a été ouverte et nommée en 1807, du nom de l’architecte (1713-1780), puis réaménagée en 1845-1846. Elle descend du Panthéon au jardin du Luxembourg; le forum de Lutèce semble avoir été dans les parages.