commune de Nouvelle-Calédonie dans la province du Sud, occupant toute la pointe SE de la Grande-Terre sur la côte au vent. C’est la plus vaste commune de la Grande-Terre: elle s’étire sur 75 km NO-SE et occupe 133 840 ha, dont seulement 2 033 de terres coutumières, attribuées à quatre tribus de l’aire coutumière Djubéa-Kapone qui forment 92% de la population et sont réparties en trois districts, plus une tribu «indépendante». Le nombre d’habitants n’était que de 900 hab. en 1963 après avoir atteint 1 500 hab. en 1956, mais il augmente depuis: 1 550 hab. en 1996, 1 840 en 2004 (2 300 avec la population comptée à part), dont 96% de Mélanésiens. Trois écoles primaires accueillent 310 élèves et Yaté a aussi un collège de 120 élèves et une bibliothèque, mais très peu de commerces et pas de banque. La commune s’étend du mont Humboldt au canal de la Havannah. Sa partie nord est dominée par les massifs du Kouakoué (1 501 m) et des monts Dzumac, partagés avec Dumbéa; une réserve de faune et flore du massif de Kouakoué s’étend sur 7 486 ha. Entre les deux dévale l’Ouinné, qui aboutit au village minier du même nom, au fond d’une profonde baie et doté d’un petit aérodrome privé. Un peu plus au sud s’enfonce la Pourina, dont la haute vallée est l’objet d’une réserve spéciale de faune et de flore sur les flancs des monts Dzumac (4 480 ha). Toute la partie centrale de la commune est occupée par le parc provincial de la Rivière Bleue et par le lac de barrage de Yaté. Le parc naturel, délimité en 1980, s’étend sur 9 045 ha; il est riche en grands arbres (kaoris, houps ou araucarias), et l’on y veille à la préservation des cagous, ces oiseaux étranges qui ne volent pas et qui aboient. Il est accompagné par la réserve spéciale de faune de la Haute Yaté (15 900 ha). Plusieurs réserves botaniques ont également été reconnues plus au sud: la Forêt Cachée (655 ha), Yaté-barrage (546 ha), pic du Pin (1 482 ha), le Grand Lac (307 ha), la Forêt Nord (280 ha) et Cap N’Dua (830 ha). Le barrage, édifié sur le site d’un barrage plus ancien (1925) et plus petit, a été construit en 1959 pour alimenter la centrale électrique de 68 MW qui est à 2 600 m en aval et qui fournit encore un peu plus de 20% des besoins du Territoire (350 GWh sur 1 600). Il mesure 56 m de haut et plus de 600 m de long, et retient un lac de 40 000 ha et 300 Mm3. Dans la partie amont de celui-ci, on visite la forêt noyée, dont les troncs dépouillés se dressent encore au-dessus des eaux. Un peu au sud, la prairie des Lacs est un fond marécageux dont sort vers le nord et vers Yaté la rivière des Lacs, connue pour les chutes de la Madeleine (réserve botanique), près de l’ancienne mine Anna-Madeleine. Les abords de la crique Pernod, au sud du lac, sont l’objet d’actives explorations minières par la SLN. Un aérodrome nommé Plaine-des-Lacs doté d’une piste gazonnée de 650 m est enregistré sous le code NWWS. Yaté proprement dit n’est qu’un petit village près de la centrale électrique, à 80 km à l’est de Nouméa par la RP 3, est au fond de l’estuaire de la rivière Yaté, laquelle a le plus grand bassin de la Nouvelle-Calédonie (436 km2) et le plus fort débit moyen (15 m3/s). Au nord de Yaté, le village côtier de Mamié est au bout d’une route de 16 km et abrite la tribu Unia, la plus nombreuse de la commune (650 hab.). La côte au sud de Yaté avance vers l’est et offre quelques plages (Wao, Touaourou); Wao (ou Waho) est le véritable bourg de la commune et réunit les administrations et le collège public (140 élèves); son nom est celui d’une des quatre tribus de la commune, qui n’est pas la plus nombreuse (220 hab.) et qui est hors district; mais, juste au sud-est, le village de Touaourou ajoute sa tribu d’environ 400 membres. Au-delà, la presqu’île Kwé Binyi y forme la pointe la plus orientale de toute la Grande-Terre. La commune de Yaté se termine au sud dans la baie de Port-Boisé. Un peu au sud du cap, mais déjà à 21 km de Wao, le village de Goro, qui a pour le moment 300 habitants dont une tribu de 210 personnes, donne accès à la cascade de Wadiana Goro; une mine de fer y a été exploitée par des Japonais avant la guerre; le nom a pu être écrit Xéré sur les cartes de l’IGN. Le site de Goro, dont le groupe Pentecost a cédé en 1992 les droits qu’il détenait depuis 1950, doit devenir un lieu majeur d’extraction du nickel selon les projets de la firme canadienne Inco, devenue Vale Inco depuis son rachat par la firme brésilienne géante CVRD (Companhia Vale do Rio Doce). Ils visent l’extraction annuelle à ciel ouvert et le traitement de 4 millions de tonnes de minerai et la production de 60 000 t de nickel par an, plus 5 000 t de cobalt; les réserves des environs sont évaluées à 120 millions de tonnes… Après avoir envisagé un débouché par Goro, la firme s’est orientée vers l’installation d’un centre de nettoyage et de tri du minerai dans l’arrière-pays de Goro, suivi à l’ouest par l’implantation de l’usine hydrométallurgique qui emploiera 900 personnes sur 22 ha, puis d’un nouveau port d’expédition dans la baie de Prony (commune du Mont-Dore), où est également installée une centrale thermique à charbon. L’ensemble devrait coûter environ 4 milliards de dollars; le japonais Sumitomo est pour 20% dans l’entreprise, 10% ont été attribués à la Société de participation minière du Sud calédonien, qui associe les trois provinces. Le projet a été très discuté en raison de ses impacts sur l’environnement, plusieurs fois réaménagé, et finalement lancé en 2008. Les effluents seront acheminés par une conduite sous-marine allant du port de Prony au canal de la Havannah en contournant le cap Ndoua. Il est déjà question de projets d’extension vers les gisements de Prony Ouest (Le Mont-Dore). La production commence en 2009 et devrait atteindre son plein développement en 2013. En mer, en direction de l’Île des Pins, au-delà du canal de la Havannah, a été délimitée une vaste réserve marine intégrale de 17 150 ha (réserve Yves Merlet) dont 80 ha pour l’îlot Kié et 60 ha pour l’îlot Améré. |