(160 200 Dijonnais, 4 041 ha) est la préfecture de la Côte-d’Or. La ville est située en plaine. Le nom dérive de l’appellation Divio qui aurait eu le sens de lieu sacré. Son centre n’est qu’effleuré par l’Ouche à son débouché de la Montagne bourguignonne. Un assez vaste pentagone de boulevards du 19e siècle délimite un centre-ville lui-même complexe. Quelques vieilles rues conservent les orientations du castrum romain, dont il reste aussi une tour; il était situé au bord du Suzon, dont le tracé dans la ville a été entièrement recouvert. Une ville médiévale lui avait succédé, autour du puissant palais ducal, ouvrant sur une place en demi-lune; l’ensemble monumental du palais des États, dont l’essentiel est des 17e-18e s., abrite l’hôtel de ville et le riche musée des beaux-arts, l’un des plus remarquables de France. L’église Saint-Michel marquait à l’est la limite de la cité ducale; le palais de justice, ancien parlement renaissance, le théâtre et les musées Magnin (arts) et Rude, plusieurs beaux hôtels bourgeois complètent ce premier ensemble. Un autre bourg s’était formé plus à l’ouest, autour de l’abbaye Saint-Bénigne, apparue dès 515 (crypte) et dont l’église est devenue cathédrale; le musée archéologique et l’école des Beaux-Arts sont ses voisins. Entre ces deux pôles et à cheval sur eux s’est développé le centre animé des magasins et des rues piétonnes. Tout autour et jusqu’aux boulevards, voire au-delà, s’est étendue la ville du 17e au 19e siècle, encore marquée par quelques grandes bâtisses, dont certaines sont les héritières d’anciens couvents: s’y trouvent collèges et lycées, une cité administrative (Dampierre), des musées (art sacré, vie bourguignonne) et le siège de la communauté d’agglomération côté sud; les halles et l’ensemble préfecture-hôtel de région côté nord, prolongé au-delà du boulevard par l’hôtel du département. Les angles du pentagone de boulevards sont marqués par des places: de la République au nord-est, «du 30 octobre et de la Légion d’honneur» à l’est, du Président Wilson au sud; les deux angles occidentaux sont les lieux, au nord-ouest, de la gare, des jardins botanique et de l’Arquebuse, du musée d’histoire naturelle et du planétarium; au sud-ouest, d’un ensemble administratif et de l’hôpital général, ainsi que du pont principal sur l’Ouche. Le seul élément de perturbation de ce dispositif est lui-même symbolique: c’est la pénétrante en provenance de Paris par Troyes, qui franchit le boulevard par la porte Guillaume (18e s.) et aboutit au palais des Ducs et à Saint-Michel, servant d’axe majeur au centre-ville (rue de la Liberté); pour rester dans les symboles, elle est bordée au nord-ouest par l’Institut œnologique… Bien entendu, l’espace urbanisé a largement débordé ce pentagone de boulevards, qui n’occupe pas le douzième de la superficie communale, laquelle est presque entièrement bâtie. Faubourgs et usines s’étaient développés au-delà des boulevards, structurés par les principales routes divergeant du centre-ville, et par une grande ceinture continue, portant également le nom de boulevards et qualifiée de boulevard périphérique, qui date d’un siècle environ. Elle englobe quelques grandes installations comme l’hôpital psychiatrique de la Chartreuse à l’ouest; un ensemble d’enseignement catholique au nord-ouest du côté des Marmouzots et un autre à l’est à Montmuzard avec le parc des sports; la gare de marchandises, la prison, l’arsenal, des lycées. Au nord-est de la place de la République, la municipalité a créé un bel et efficace ensemble associant palais des congrès et expositions (1956) et auditorium (1998), un peu plus loin la cité judiciaire des années 1970. Cette ceinture est relayée à l’est et au nord par une grande bretelle de contournement de la ville, à quatre voies et grands échangeurs, à laquelle a été donné le nom de Georges Pompidou. La plupart des grandes usines modernes se tiennent entre ceinture et rocade, ainsi que le parc de la Colombière (17e s.) au sud et le très grand ensemble universitaire et hospitalier étalé à l’est de la ville sur plus de 2 500 m, du Bocage aux Péjoces. Le principal ensemble industriel est au nord-est de la commune, complété à la sortie de la ville vers Langres par le centre commercial, le Zénith et le parc de la Toison d’Or. Vers l’ouest, le relief s’anime et il n’existe pas de rocade externe; le canal de Bourgogne suit le cours de l’Ouche sur sa droite et offre un petit port près du centre-ville; la vallée de l’Ouche a été embellie par le lac Kir, qui est presque entièrement dans la commune, et bordé de lieux de loisirs. Le lac a été réalisé à la demande du député-maire de Dijon, le chanoine Félix Kir (1876-1968), pour régulariser les crues de l’Ouche et protéger ainsi quelques bas quartiers de l’agglomération; il a été inauguré en 1964; le plan d’eau, long de 1 500 m et large de 250, occupe 37 ha et a été entouré d’un espace vert paysagé de 30 ha. On sait que Félix Kir a également laissé son nom à un apéritif qui fait la double promotion des vins et des cassis du Dijonnais. L’habitat a envahi les pentes au sud de l’Ouche, dans les quartiers des Valendons, des Marcs d’Or et de la Fontaine d’Ouche, dominés sur le plateau par le fort de la Motte Giron et agrémentés par la proximité du parc de la Combe à la Serpent; au sud-ouest, un ensemble boisé partagé avec Chenôve abrite à la Trouhaude quelques institutions sociales (centre d’aide par le travail, institut médico-éducatif, centre de rééducation, maison de retraite, ancien sanatorium annexe des hôpitaux, etc.), ainsi que le parc «écologique» de la combe Saint-Joseph. Bien que la proximité relative de Paris ne lui ait pas laissé l’autonomie de métropoles provinciales plus éloignées, Dijon peut donc se flatter à la fois d’un passé prestigieux, d’une expansion récente soutenue et d’un bon niveau d’équipements et d’activités; elle a également mérité le titre de «ville fleurie 4 fleurs». Elle avait jadis bénéficié de la puissance des ducs de Bourgogne: Dijon fut un temps une capitale de la sculpture sous Philippe le Hardi avec Claus Sluter (1350-1406), et il en reste de nombreuses traces en ville et à la chartreuse de Champmol. Elle a largement profité de sa situation géographique sur le grand couloir de circulation nord-sud par la Saône, et un peu en arrière des villes plus exposées de l’Est. Récemment, elle a été longtemps gérée par deux grandes figures de maires de droite, le chanoine Kir de 1945 à 1971, puis René Poujade (1971-2001); elle l’est depuis 2001 par François Rebsamen (socialiste, né en 1951 à Dijon). La ville dispose d’un puissant équipement hospitalier et universitaire, avec plusieurs instituts et grandes écoles: Ensbana (École nationale supérieure de biologie appliquée à la nutrition et à l’alimentation), Enesad (Établissement national d’enseignement supérieur agronomique de Dijon), Esirem (École supérieure d’ingénieurs de recherche en matériaux); École nationale des greffes. L’Université, complète, participe à un Centre européen des Sciences du goût avec le CNRS (1998) et à un ensemble Bourgogne Technologies; l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) participe aussi au pôle Alimentation; s’y ajoutent l’école supérieure de commerce (500 sal.), les instituts régionaux supérieurs du travail éducatif et des soins infirmiers, deux cliniques de 320 et 240 emplois un conservatoire national de région. Six grands pôles d’investissement ont été choisis pour valoriser et développer les spécialités dijonnaises: Alimentation et goût, Santé chimie pharmacie, Emballage et conditionnement, Automobile, Logistique, Nouvelles technologies de l’information et de la communication. Un groupement Vitagora est chargé par Dijon-Développement des activités centrées sur le goût, la nutrition et la santé. Ces choix reposent à la fois sur des éléments de tradition et sur des tendances plus ou moins récentes, non sans quelques fragilités toutefois. Le Vignoble avait contribué à la vinaigrerie, et celle-ci au succès des moutardes de Dijon; puis le secteur s’est fortement concentré, Amora finissant par absorber Maille et l’ensemble par passer sous la coupe du britannique Unilever en 1999; un essai d’implantation de l’états-unien IFF (International Flavor and Fragrances) avec 270 emplois à Longvic s’est soldé par une fermeture dès 2005, au profit d’une stratégie chinoise. La réussite de la production de médicaments par les laboratoires dijonnais Fournier avait fait, d’une droguerie de 1880, une grande entreprise (3 400 sal. dans le monde dont 1 400 en France); elle a été rachetée par Solvay en 2005, à l’exception des laboratoires Urgo (1 200 sal. en tout, dont 600 dans l’agglomération), sortis du groupe Fournier en 2003. Même si bon nombre des grandes entreprises de l’agglomération sont à l’extérieur de la commune, celle-ci n’en héberge pas moins un certain nombre dans ses limites. Il en est ainsi de la verrerie optique Essilor (255), l’optronique Safran (270), le matériel électrique basse tension Schneider (360), Oncodesign (105 sal., japonais) pour la recherche sur le cancer. Le journal régional (Le Bien Public) emploie 245 personnes. Les entreprises du tertiaire sont néanmoins dominantes dans la commune: la Caisse d’Épargne (370), Axa France IARD (275); hypermarché Carrefour (335), Leclerc (240), Galeries Lafayette (260), Ikea (215), Primark France (220), Fnac (100), Intermarché (100); matériel contre l’incendie Chubb (110 sal.); nettoyages ISS (470), ONET (350), Atalian propreté est (310 sal.), EDEN (285 sal.), Orion (270) et Entretien Dijonnais (525), Hôtels propreté (250), ISOR (175), Font’net (100); collecte et traitement des déchets Dieze (120 sal.); entretien d’espaces verts Net’express (190); gardiennages Main sécurité (215), Securitas (120), SIG (315); travail temporaire ADECCO (1 400 sal.), Manpower (485), Randstad (185). Les entreprises de transport et de négoce abondent aussi, mais sans atteindre ces effectifs; Dijon et ses voisines comptent beaucoup sur le rôle de plate-forme logistique de ce carrefour ferroviaire et autoroutier qu’est l’agglomération, flattant des exemples comme ceux de la firme suédoise Ovako Steel qui a installé une plate-forme de distribution de produits sidérurgiques, ou d’Unilever qui développe un centre technique, de Merck qui a un entrepôt de 175 emplois, etc. La Sncf (réseau et voyageurs) déclare 2 800 sal., Orange 290, la Poste 1 200, le distributeur d’électricité ENEDIS 215. La commune avait 22 000 habitants au début du 19e siècle, 50 000 vers 1880, 75 000 en 1910; passée à 100 000 au milieu du 20e siècle, elle a culminé à 152 000 (sdc) en 1975; depuis, la population croît dans les communes périphériques. La communauté d’agglomération dijonnaise Dijon Métropole compte 24 communes et 251 900 hab. L’Insee attribue à l’unité urbaine de Dijon 245 900 hab. (15 communes, 27e rang en France), à l’aire urbaine 387 400 (290 communes, 25e en France). L’arrondissement de Dijon a 363 700 hab., 224 communes et 304 896 ha. Six nouveaux cantons portent le nom de Dijon; cinq se limitent à une partie de la commune, le sixième y ajoute deux communes, Corcelles-les-Monts et Flavignerot. |