le plus grand marais maritime de France, partagé presque également entre la Nouvelle Aquitaine et les Pays de la Loire. Il occupe un ancien golfe, parfois dit des Pictons, dans une grande ondulation synclinale est-ouest des terrains sédimentaires au sud du Massif Armoricain. Le golfe a été comblé par des dépôts alluviaux qui ont, avec les apports de coquillages marins, donné la fertile terre de bri. La transgression flandrienne, depuis 8 000 à 10 000 ans, a contribué à la formation du marais. Des travaux de drainage et de protection ont été engagés dès le 9e siècle, et se sont intensifiés à plusieurs époques, principalement aux 11e-13e s. sous l’impulsion des abbayes, au 17e siècle selon les vœux d’Henri IV et avec l’aide des Hollandais, sous le Second Empire. Le marais couvre une surface évaluée autour de 100 000 ha (96 000 à 112 000 selon les sources) et s’étend sur 120 km entre la baie de l’Aiguillon et les abords de Niort. On y distingue fondamentalement un marais mouillé et un marais desséché. Le marais mouillé, dont les images sont les plus connues, est intérieur. Il reçoit les eaux continentales, surtout de la Sèvre Niortaise et de ses affluents comme le Mignon, de la Vendée et du Lay, et ses terres sont inondables. Il est très vert, impression qu’accroissent la prolifération des lentilles d’eau sur les eaux des canaux et les fossés, et l’abondance des arbres à l’ombre desquels glissent les barques: longs peupliers, frênes et saules têtards. C’est ce paysage que l’on visite dans la Venise Verte à l’ouest de Niort, et aussi tout le long de la bordure septentrionale du marais où il contraste avec les horizons découverts et céréaliers de la Plaine de Fontenay-le-Comte. Comme d’autres terres de conquête, il fut peuplé de paysans émancipés et associés, co-liberti en latin médiéval et ainsi colliberts, un nom vite transformé en cul-verts… On y redistribuait périodiquement les tâches, c’est-à-dire les parcelles à cultiver, encore récemment. Ses principaux aménagements sont du 19e siècle et ont créé de nombreux fossés de drainage. Les circulations y sont très complexes et l’on s’y perd aisément. On y pêche anguilles et écrevisses et une quinzaine de petits ports proposent des promenades en barque sous les frondaisons. Le marais desséché, au centre et à l’ouest vers la mer, est protégé par des digues et, normalement, n’est pas inondable, ce qui lui vaut son nom. Il est fait d’une série de polders, drainés à marée basse par des canaux rectilignes et protégés à marée haute par des systèmes d’écluses; il est presque entièrement cultivé, surtout en grandes fermes, même si des arbres agrémentent les digues et si quelques bosquets se dispersent. La surface du marais mouillé est estimée à 32 000 ha, celle du desséché à 47 000. On distingue encore trois sortes de terroirs. Le marais intermédiaire (19 000 ha) apparaît surtout au nord-ouest du golfe, en Vendée, et au sud-ouest à Esnandes, Andilly et Marans; comme son nom l’indique, il tient ses aspects contradictoires des deux précédents car la maîtrise de l’eau n’y est pas entière. Le marais littoral, dépourvu d’arbres, occupe en bordure de la baie de l’Aiguillon près de 10 000 ha; il se divise en vasière et herbu (ou slikke et schorre selon les termes hollandais consacrés), le dernier correspondant aux pacages de prés salés. Enfin, au milieu du marais émergent des «terres hautes», d’anciennes îles calcaires aux sols de groie, d’où l’on domine un peu le paysage, comme celles qui portent Marans en Charente-Maritime ou Chaillé-les-Marais en Vendée. La gestion des marais continue de poser des problèmes. Plus de 80% des surfaces sont exploitées par l’agriculture, soit en prés, soit en labours, et les techniques modernes ne sont pas partout bien adaptées; les résultats sont inégaux, et de nombreux essais ont déçu, notamment la culture du maïs après celles, plus traditionnelles, des haricots ou, plus sporadiques, de l’ail, du melon, voire de l’osier. La demande des touristes (évalués à 700 000 par an), les besoins des agriculteurs (80 000 ha exploités dont 50 000 en labours et 37 000 en herbe), certains projets d’équipement comme l’autoroute des estuaires (qui en réalité contourne le marais) et les craintes des écologistes, ou les intérêts de certains riverains qui tirent parti du site, ont du mal à coexister. La Cosymdah (Coordination des syndicats du Marais et de la baie de l’Aiguillon pour le maintien durable des activités humaines, sic), qui siège à Chaillé-les-Marais (Vendée), s’efforce d’améliorer la situation; plus de 40 syndicats s’occupent du marais… Il existe aussi une Coordination pour la défense du Marais Poitevin au Mazeau (Vendée), plus directement «écologiste». Un Parc naturel régional avait été institué en 1979; il a été supprimé en 1996 car sa charte n’a pas été suffisamment respectée. Il a revu le jour sous une autre forme en 2014 et s’étend sur 197 200 ha (dont 108 000 de «zone humide») où habitent 197 000 personnes dans 91 communes dont 52 en Vendée, 21 en Charente-Maritime et 18 en Deux-Sèvres, dont Niort et Fontenay-le-Comte. Il concerne 8 intercommunalités et fédère plusieurs écosites, dont la Maison du Marais à Coulon (Deux-Sèvres) dans l’ancienne Maison de la Coutume, c’est-à-dire de la taxe qu’il fallait jadis payer pour entrer dans le marais, la Maison du Maître de Digues à Chaillé-les-Marais en Vendée, la Réserve naturelle Michel Brosselin à Saint-Denis-du-Payré en Vendée. |