(55 000 Narbonnais, 17 296 ha) est une sous-préfecture du département de l’Aude, et sa plus grande agglomération. La ville fut une grande place romaine à une bifurcation de la Via Domitia. Son site reste celui d’un remarquable carrefour, où la traversée de l’isthme atlantico-méditerranéen se branche sur l’arc méditerranéen. Cette situation a fait des environs de Narbonne un site précoce de peuplement; l’oppidum de Montlaurès, un peu au nord de la ville mais dans la commune, a montré des traces anciennes, sans doute d’un peuple Elisyque (800 av. J.-C.) qui recevait des marchandises étrusques, phéniciennes et carthaginoises, avant d’être bousculé par les Ibères puis les Volques. Les premières mentions d’un Narbo ou Narba gaulois semblent remonter au 5e siècle avant notre ère, et Narbo Martius fut une ville romaine connue: une borne milliaire antérieure à 117 av. J.-C. y porte la plus ancienne inscription romaine trouvée en France; plus tard, vers 45 av. J.-C., elle ajouta à son nom Decumanorum, en raison de l’établissement d’une colonie d’anciens de la 10e légion romaine, alors que Béziers recevait ceux de la 7e. Le carrefour exploité par Domitius Ahenobarbus vers – 117 fonctionne donc depuis longtemps, mais pas toujours intensément. Riquet lui-même n’avait pas été séduit: le Canal du Midi passe à 15 km au nord de Narbonne et se dirige droit vers Béziers; toutefois, le canal de la Robine devait permettre d’atteindre la mer, par Port-la-Nouvelle. De nos jours se croisent en ville des voies ferrées (vers Toulouse-Bordeaux, Perpignan-Barcelone, Montpellier puis Marseille-Nice ou Lyon-Paris) et près de la ville des autoroutes (A9 Languedocienne et A61 vers Toulouse, dite des Deux-Mers). Il se trouve que le long passé foncier et viticole de la ville ne l’a pas portée vers une mise en valeur intensive de cette situation: point de marché-gare, ni de grand système logistique. La ville est restée bourgeoise et dominée par la viticulture depuis le 19e siècle, et n’a pas développé autant d’industries que sa situation géographique l’aurait laissé supposer. Le centre de la ville se divise classiquement en cité et bourg, séparés par la Robine. La première est dominée par les palais des archevêques et leurs musées (archéologique, art et histoire), et la grosse cathédrale du 13e s., avec cloître et trésor; un peu plus loin, l’Horreum, un ancien entrepôt de marchandises transformé en musée, est le seul reste gallo-romain. Le bourg a un marché 1900, une basilique avec crypte paléochrétienne (Saint-Paul) et l’ancien hospice, quelques vieilles maisons, le musée lapidaire. À l’ouest de la ville et au pied des reliefs, les quartiers Saint-Jean et Saint-Pierre ont reçu une collection d’HLM et sont classés en «zone urbaine sensible». L’un des gros employeurs est la coopérative vinicole, devenue le puissant groupe Val d’Orbieu qui pris le nom de Vinadeis en 2015 en intégrant l’Uccoar de Carcassonne-Montréal. Vinadeis rassemble 1 500 viticulteurs, emploie 420 salariés, produit près d’un million d’hectolitres par an provenant de près de 15 000 ha (11 caves, 36 domaines et châteaux), et vend 2,6 millions d’hl. La coopérative avait déjà racheté les vignobles Listel aux Salins du Midi, mais les a revendus au nouveau magnat du champagne Vranken. Areva traite à Narbonne, sur le site de Malvesi (ou Malvesy) un peu au nord de la ville, près de l’oppidum de Montlaurès, du minerai d’uranium provenant d’Arlit au Niger, afin de le raffiner. L’usine, d’abord Société de raffinage d’uranium (SRU) fut installée en 1959 et devint Comurhex dix ans après, en partenariat Pechiney-Cogema, avant d’être entièrement à la Cogema en 1992; elle raffine 14 000 t/an et emploie 300 personnes. sous le nom d’Orano Cycle. Les Ateliers d’Occitanie (70 sal.) s’occupent de matériel ferroviaire; menuiserie métallique Barsalou (45 sal.); conserverie de viandes Montagne Noire (90 sal.). Les entreprises de distribution abondent: hypermarchés Carrefour (300 sal.), Géant Casino (160 sal.), Leclerc (105 sal.), Intermarché (80 sal.), Decathlon (50 sal.), Metro (40 sal.); mais la base régionale de distribution du groupe Intermarché (280 sal.) a été transférée à Béziers en 2014; restauration les Grands Buffets (90 sal.); quelques gros négoces dont le Cellier des Vignerons de la Méditerranée (120 sal.), Tridome-Orion (matériaux, 100 sal.) et Languedoc-Chimie (55 sal.); les carburants Dyneff (80 sal.); aide à domicile Aide et Assistance (40 sal.), informatique VAL (55 sal.); travail temporaire Work 2000; base des Autoroutes du Sud de la France (200 sal.), travaux publics Eiffage (60 sal.) et Colas (110 sal.); SNCF (100 sal.), Enedis (90 sal.), Orange (70 sal.); transports Frigo 11 (50 sal.); cars Keolis (130 et 55 sal.); gardiennage FMS (50 sal.), nettoyage urbain Sita (Suez-RV, 580 sal.); La Poste (175 sal.); centre d’aide par le travail. La mairie occupe 800 personnes, le centre hospitalier plus de 1 000 (339 lits); deux cliniques le Languedoc (280 sal.) et les Genêts, 240 sal.) disposent ensemble de 300 lits; centre pour enfants déficients et institut médico-éducatif la Pinède (65 sal.), 70 lits psychiatriques; maisons de retraite les Pins Verts (45 sal.), l’Oustal (45 sal.), les Mimosas (40 sal.). La ville a trois lycées et cinq collèges publics, un lycée et un collège privés. Une antenne de l’université de Perpignan réunit 200 étudiants en droit et 160 dans un IUT juridique; le club sportif Racing-Club Narbonne-Méditerranée, qui fut célèbre en rugby, a 50 salariés. Narbonne figure parmi les «villes d’art»; il s’y tient un festival de théâtre amateur en juillet. Elle est le lieu de naissance de Charles Trénet (1913-2001), et fut un fief électoral de Léon Blum de 1929 à 1940. La commune est très étendue et de dessin très contourné: elle va au SO jusqu’au site de l’abbaye de Fontfroide, qu’elle englobe, et à l’est jusqu’à la mer (Narbonne-Plage), soit plus de 25 km de portée. Elle entoure ainsi la commune de Bages, presque une enclave. La partie orientale contient une grande part de la montagne de la Clape, bloc de relief calcaire à garrigues et bois, devenu un bon terroir viticole où progresse le vignoble de qualité. La Clape domine l’urbanisation littorale de Narbonne-Plage, dont la croissance est relativement récente et où se trouve un parc de loisirs Aquajet. Narbonne compte en tout 4 400 résidences secondaires, la plupart sur ce littoral. À l’ouest de la Clape, le finage s’avance au milieu des étangs, jusqu’au voisinage de Port-la-Nouvelle; il englobe ainsi toute la plaine où a été creusée la Robine, et où passe la voie ferrée de Perpignan; ainsi qu’une partie de l’étang de Bages, où s’est installé le petit port de plaisance de la Nautique; plusieurs domaines ont été acquis par le Conservatoire du littoral. L’aérodrome de Narbonne-Vinassan (LFNN, aéroclub) est à l’est de la ville, avec deux pistes en herbe de 710 m, dont une réservée aux planeurs. Dans les Corbières au SO, se cache dans les bois l’abbaye de Fontfroide, restaurée au 20e siècle; très beau cloître, roseraie. Une AOC viticole fontfroide s’étend sur 6 communes et 1 500 ha des 5 400 ha qu’elles totalisent; consacrée VDQS en 1951, elle passa en AOC en 1985; elle porte sur des cépages voisins de ceux de l’appellation corbières: moitié de carignan et 40% de grenache noir, un peu de cinsault, mourvèdre et syrah; en blanc, grenache blanc avec un peu de bourboulenc et de maccabeu. Une autre AOC, propre à la commune de Narbonne, porte sur les reliefs dominant Bages, dans le terroir de Quatourze (600 ha), où sont installés un domaine expérimental avec centre de formation professionnelle agricole, et le château du domaine de Notre-Dame de Quatourze. Enfin, une appellation de vin de pays des Coteaux Narbonnais porte sur 5 communes. Avec 2 796 ha de vignes exploitées, Narbonne est ainsi la première commune viticole de l’Aude. Les reliefs des Corbières se prolongent vers le nord par une série de collines jusqu’au site de l’oppidum de Montlaurès, riche en restes archéologiques; tout près, on a exploité une mine de soufre et le CEA a établi ses installations de Malvesi. Entre ces reliefs s’étale une plaine, large de 7 km, où la ville a pu s’étaler; elle est noyée au sud par l’étang de Bages. La population de la commune était de 28 000 hab. aux temps forts du vignoble autour de 1900; elle est montée assez régulièrement ensuite et continue de progresser après avoir passé le cap des 40 000 hab. en 1977; elle s’est accrue de 6 980 hab. depuis 1999 (+15%). L’unité urbaine Insee est limitée à la commune, l’aire urbaine compte 24 communes et 93 100 hab. La communauté d’agglomération Le Grand Narbonne associe 37 communes et monte à 125 900 habitants. L’arrondissement a 165 200 hab., 109 communes, 210 200 ha. Trois nouveaux cantons portent le nom de Narbonne, le premier avec une fraction de la commune et 4 communes voisines, le deuxième avec une autre fraction et 2 communes, le troisième avec seulement le reste de la commune de Narbonne. |