Cayenne

(66 330 hab., 2 360 ha) est la préfecture de la Guyane, dans la CA du Centre Littoral. La moins étendue des communes guyanaises est aussi la plus peuplée, et continue de croître: elle avait 41 000 hab. en 1990, 50 700 en 1999. L’urbanisation a largement débordé de son territoire et l’essentiel de la croissance se fait à présent dans les communes voisines.

Son histoire se confond avec celle des débuts de la Guyane: le site rocheux de Cayenne, seul promontoire littoral du département, entre la rivière de Cayenne à l’ouest et l’estuaire du Mahury à l’est, fut celui du premier établissement français, résultat d’une patiente négociation avec le chef amérindien Galibi Cépérou. Le fort Cépérou y fut édifié en 1635, des marchands de Rouen vinrent s’installer en 1637 et la ville fut fondée en 1643. Elle ne comptait encore guère qu’un millier d’habitants vers 1800. Son nom est probablement dérivé de celui de la rivière, qui a lui-même une forme très voisine de celui du département: il semble qu’il vienne d’un mot amérindien désignant un plan d’eau, un estuaire.

La ville coloniale, au plan quadrillé, a été dessinée dans la première moitié du 19e siècle et fut étendue ensuite avec l’aide des bagnards; elle occupe environ 2 km O-E et 1 km N-S sur la plate-forme rocheuse. Plusieurs éminences accidentent le site: le mont de Montabo (64 m) sur la côte rocheuse au nord, les monts Lucas (83 m), Baduel (103 m) et la montagne du Tigre au sud-est (149 m), la montagne des Maringouins au sud, qui a été exploitée en carrières. Le centre-ville est à l’angle nord-ouest de la commune, derrière la côte rocheuse qui porte le fort Cépérou à la pointe Saint-François. La place des Palmistes, rectangulaire et orientée nord-sud, en est le site principal, bordée par les principales administrations (préfecture, trésorerie, conseil général) et le quartier militaire. Il en part un quadrillage de rues régulier dont les grands axes sont de direction OSO-ENE. Le canal Laussat limite le centre au sud, le cimetière et l’institut Pasteur (80 sal.) à l’est; ce dernier est à l’emplacement d’un ancien pénitencier.

Côté nord, la côte rocheuse offre les grandes anses et plages de l’Hôpital, Nadau, Méret, de Châton, entre les pointes rocheuses Saint-Joseph, des Amandiers, Buzaret et Châton. Toute une série de cités et villages entourent ce centre et s’étendent largement vers l’est en direction de Rémire-Montjoly, moins vers le sud, où est le centre hospitalier et où le marais Leblond limite la construction sur la rive droite de la rivière de Cayenne. Selon la topographie et les accès, se juxtaposent des lotissements résidentiels, des blocs d’immeubles récents, et de pauvres îlots d’habitat spontané. Les banlieues populaires sont surtout au sud. Une grande ex-«zone urbaine sensible» à statut de zone franche urbaine, dite Village Chinois-Quartiers Sud, englobe les parties en difficulté, au sud du centre et, plus à l’est au-delà du mont Baduel, trois périmètres annexes dont le grand ensemble du mont Lucas et des quartiers d’habitat dit spontané. Le Village Chinois est un secteur d’habitat très dense et insalubre juste au sud du centre-ville, entre le canal Laussat et le canal Leblond; son nom lui vient de ce qu’il avait accueilli à l’origine les anciens bagnards indochinois de la Guyane; il passe pour un quartier «chaud», volontiers surnommé Chicago; il a un marché aux poissons, des marchands indonésiens et quelques «clubs». La cité Eau Lisette, entre la crique de même nom et le centre hospitalier, est l’un des quartiers d’habitat spontané les plus connus, avec la montagne Baduel au sud-est.

Plus au sud, au pied de la modeste «montagne des Maringouins», a été aménagée la grande zone d’activités de Collery sur une centaine d’hectares, avec un hypermarché Cora, ouvert en 2005. De ce côté, la commune est limitée par une bande de terrains marécageux où a été creusé le canal de la crique Fouillée; v. Cayenne (Île de). Au-delà, on passe à Matoury. La faible superficie de la commune de Cayenne fait que les trois principales bases portuaires du chef-lieu, et d’ailleurs du département tout entier, sont en périphérie. Le port de pêche est au Larivot sur la rivière de Cayenne, dans la commune de Matoury. Matoury accueille aussi l’aéroport de Cayenne, tandis que le port de commerce et le port militaire sont au Dégrad des Cannes, à Rémire-Montjoly, sur l’autre estuaire.

Cayenne, lieu de naissance de Gaston Monnerville (1897-1991) et de Félix Éboué (1884-1944), concentre toutes les fonctions métropolitaines du département. Le centre s’orne de plusieurs sites et monuments classés, dont la cathédrale de 1823, à l’hypercentre, le fort Cépérou qui est un site inscrit, ainsi que la place des Palmistes. Il offre trois musées: le musée départemental Alexandre Franconie dans un immeuble des années 1830, construit par une famille de marchands, avec une bibliothèque; le musée des cultures guyanaises; la maison natale de Félix Éboué. Il est doté d’un observatoire des oiseaux en front de mer, d’un jardin botanique, de plusieurs plages.

Sur la côte nord-est, ont été délimitées les zones d’intérêt écologique (znieff) de la Côte Rocheuse-colline de Montabo (60 ha), et de la Côte Rocheuse-mont Bourda (49 ha); Montabo et Bourda, qui encadrent la grande anse de la plage de Montabo, figurent parmi les sites inscrits et sont sous l’autorité du Conservatoire du littoral pour 4 et 23 ha respectivement; le Conservatoire possède également le site de la pointe Buzaret. Le Conseil régional s’est installé à Bourda. Le centre hospitalier dispose de 530 lits, dont 330 médicaux, une centaine en psychiatrie, un établissement pour personnes âgées dépendantes. Cayenne a aussi un institut médico-éducatif départemental (80 places), l’hôpital privé Saint-Gabriel (110 sal.) et trois cliniques privées: Saint-Paul au sud (110 sal., 95 lits, et centre de soins de suite et réadaptation de l’Anse Colas, à une congrégation), les Hibiscus sur la rocade de Montabo, Véronique (groupe Kapa) vers Baduel. L’Ébène est une association qui offre un centre d’aide par le travail (ESAT), une maison de retraite, une maison d’accueil spécialisée, des soins et soutiens à domicile; Cayenne a, en tout, quatre maisons de retraite.

La ville a trois lycées publics (3 600 élèves) et trois privés (700 élèves), 5 collèges publics (4 300 élèves) et un privé. Elle héberge une antenne de l’université des Antilles-Guyane et plusieurs centres de recherche. Le Pôle universitaire guyanais a quitté le campus Saint-Denis pour un nouveau campus du Trou Biran au nord-est de la ville, non loin de la plage de Montabo. Le Pôle, qui affiche 2 300 étudiants, comprend à Cayenne deux unités principales, l’UER de médecine et l’IESG (Institut d’enseignement supérieur de la Guyane) qui assure deux licences scientifiques et cinq en lettres, langues et musique, une en droit, une en administration économique et financière, ainsi que trois licences professionnelles scientifiques (environnement, télécommunications, construction), quatre masters (droit privé, portugais, économie du développement, ressources en milieu intertropical). L’UER de médecine couvre cinq diplômes d’études supérieures et six diplômes d’université. Le Pôle propose aussi une ESPE (formation de professeurs des écoles, ex-IUFM) et un Institut universitaire de formation continue pour adultes (IUFC). Cayenne abrite en outre un Institut régional de développement du travail social (IRDTS), qui forme des travailleurs sociaux. À Montabo, l’IRD (Institut de recherche pour le développement) dispose d’un laboratoire et d’une station de réception des satellites Spot et Envisat sous le nom de SEAS-Guyane (Surveillance de l’environnement amazonien par satellite).

La ville a de très nombreuses entreprises de service, de commerce et quelques-unes de construction et de fabrications, mais presque toutes emploient moins de 15 salariés. Se distinguent: Électricité de France (260 sal.) et la banque BNP (140 sal.), l’hypermarché Système U (95 sal.), le négoce de tabac Sainte-Claire (50 sal.), l’immobilière Siguy (100 sal.), le laboratoire d’analyses Eurofins (60 sal.), l’hôtellerie SEHTG (85 sal.); Orange (80 sal.), La Poste (360 sal.); travaux publics Eiffage (410 sal.) et Ribal (100 sal.), récupération de plastiques GCC (65 sal.); nettoyages Sodexnet (200 sal.), et Netibis (85 sal.); plantations Clauzel (50 sal.); intérim Job Guyane (195 sal.), Tempo (140 sal.), Outremer Intérim (120 sal.), Fiderim (110 sal.). Cayenne abrite également un régiment d’infanterie de marine (9e RIMA) et l’état-major de l’armée en Guyane, plus le 3e RSMA (service militaire adapté). L’arrondissement de Cayenne a 14 communes, 188 800 hab. (2023).