Vocabulaire de termes régionaux pour la BretagneTermes bretons Outre un certain nombre de termes bretons bien connus mais pas toujours compris, on trouvera ici des mots et des racines utilisés en Bretagne qui figurent assez souvent dans les noms de lieux à user avec modération et prudence. Tous ne sont pas bretons: il en est de bien plus anciens, qui datent d’avant les migrations du 6e siècle. Aber: estuaire encaissé, en pays de Léon; le mot est synonyme de ria, qui curieusement s’est bien plus appliqué en Bretagne à tous les estuaires envahis par la remontée du niveau des mers au Quaternaire, alors qu’aber est resté confiné au Léon. Aod: mot parfois employé pour côte, littoral (du latin altus). Ar: locatif (du côté de, vers, le long de). Arcoat, Ar Koad, Argoad: l’intérieur (le pays des bois). Ar Menez: le pays haut. Armor, Ar Vor, Arvor: le pays de la mer, la côte; les formes Armor et Arcoat sont les formes traditionnelles, venues d’un terme celtique prébreton; les formes Argoad et Arvor sont les graphies bretonnes modernes. Bagad: «troupe», orchestre; le bagad (le mot est masculin) est une section de kevrenn. Bihan: petit (Morbihan: la petite mer). Bocage: type de paysage marqué par la présence de fortes et épaisses haies clôturant les champs et les prés; très répandu dans l’Ouest de la France jusqu’au milieu du 20e siècle, il a pratiquement disparu de la Bretagne à la suite des remembrements et des efforts vers une agriculture plus rationnelle ou plus productive. Avec lui ont également disparu la plupart des chemins creux boueux qui subsistaient entre les haies, et des rotes meissières (les chemins pour aller à la messe sans trop se salir) qui jouaient avec elles. Bourg: ce mot désigne spécialement en Bretagne le chef-lieu communal, entouré de hameaux dont les plus étoffés sont nommés villages; il peut donc n’être lui-même qu’un gros village, sans véritable fonction de marché. Braz, bras: grand (Mor bras: l’océan). Bré: colline, hauteur. Breizh: Bretagne. Bro: pays; v. aussi pou. Coat, goat, koad: forêt, bois Com, coum: vallon (comme combe) Creac’h, krec’h: colline, hauteur Derv, derff: chêne; der est un très ancien mot européen, que l’on retrouve jusque dans la forêt du Der en Champagne et que l’on retrouve aussi sous la forme diry (Ploudiry). Dolmen: table-pierre; en breton cela donne taol vaen mais les spécialistes pensent qu’il n’y a ps de lien direct, dolmen étant probablement issu d’un terme gaélique. Douar: terre, lieu. Du: noir; cf. Le Pouldu: l’étang noir. elez: île. enclos paroissial: ensemble formé par une église ou une chapelle, son cimetière, une cour, une croix et un calvaire aussi sculptés que possible, caractéristique d’une partie du Léon. Fav, faou, fol: hêtre; cf. Le Faou, Le Faouët, Folgoët (bois de hêtres), etc. Fest noz: fête de nuit. Frout: torrent (cf. Camfrout). Gall, gallo: français au sens large; la langue gallo est une langue romane différente du français. Gouez, goas: ruisseau; cf. Gouessant, Gouesnou, Gouët. Guern, gwern, vern: marais, ou aulne; se retrouve dans des noms de lieu en Guer. Gui, gwi: radical issu du latin vicus, comme vic dans d’autres régions, et désignant un village, un bourg. On trouve la forme Guiler, comme villar ou villard en d’autres régions. en principe le gwi désigne le bourg, le plou la paroisse entière, et certains noms de communes en Plou ont des noms bretons en Gwi, comme Ploudalmézeau/Gwitalmeze. Gwenn: blanc. Hir: long (Penhir: la pointe longue). Ilis: église. Kemper: confluent (cf. Quimper, Quimperlé). Ker: lieu habité avec plusieurs maisons; village ou hameau, parfois château. Dans la hiérarchie spatiale, au-dessus du ty (simple) maison, au-dessous du lan ou du tré: très peu de communes sont en Ker-. Kevrenn: ensemble des sonneurs d’un pays. Lan: radical évoquant en général en breton un ermitage, un monastère, au moins un lieu attaché à la religion, et souvent associé à un nom de saint; ne pas confondre avec lann, qui est la lande; mais les deux pourraient avoir la même origine, un lieu isolé et désert, ce qui est souvent le sens attaché à lande, comme érème (le désert) a la même racine qu’ermite. Le lan a pu devenir paroisse puis commune, en général avec moins d’ampleur que le plou. Lenn: lac, étang. Lès, lis: cour, résidence, château. Lez, laez: hauteur, butte. Loc: terme désignant en général un lieu, et plus particulièrement un lieu consacré, éventuellement joint à un nom de saint; très fréquent dans les noms de communes. Loc’h: lagune. Maërl: amendement formé de restes pétrifiés d’algues calcaires (lithothamnium). Malouinière: manoir plus ou moins cossu du pays de Saint-Malo, en général du 18e siècle et construit avec la fortune des armateurs et des corsaires du pays. Marc’h: cheval. Méjou: ensemble de champs ouverts formant jadis et naguère comme une petite plaine au milieu des bocages; l’abattage de nombreuses haies en a évidemment réduit l’intérêt et la visibilité; il entre à l’occasion dans les toponymes sous la forme mes ou mé-. On trouve aussi les formes trest, tenat, doaren, luen (A. Meynier). Men: pierre. Menez, mené: montagne. Menhir: littéralement: pierre longue. Mes, v. méjou. Meur: grand, large. Moguer: mur ou vieux mur, ancienne muraille. Mor: mer. Nevez: neuf; fréquent dans les noms de communes: Plounévez est «villeneuve». Penn: tête, bout, extrémité; Penn ar Bed est le bout du monde, le finisterre en général, et spécialement en breton le Finistère. Penti: petite maison, cabane de paysan jadis. Pigouyer ou pigouiller: goémonnier, ramamseur et faucheur de goémon utilisant une pigouille (perche); le mot n’est pas propre à la Bretagne, mais commun aux marais atlantiques français. Pilhaouer: chiffonnier, spécialement en Léon. Plou: terme général désignant une paroisse; il est dérivé du latin plebs, qui évoque un peuplement; il se déforme en pleu, plo, plu et même poul dans beaucoup de noms de communes. Le plou est l’ensemble de la paroisse, le gui (vic) se limite en principe àu bourg dans la paroisse, le tré et le lann sont des fragments de la paroisse. Mais les paroisses originelles ont donné lieu à bien des divisions, de nombreux tré et lann sont devenus à leur tour des paroisses. À l’époque de l’intense émigration bretonne vers Paris et de l’invention du personnage de Bécassine (Pinchon, 1905), la paysanne en sabots et habit breton devenue bonne à Paris, l’abondance des noms de villages bretons en Plou- a contribué fortement à la diffusion du mot plouc comme terme de mépris pour le provincial en général. Il est à remarquer qu’il n’y a pas un seul village en Plou ou équivalent en Loire-Atlantique. Pondallez: «pont d’allée», puits intérieur permettant l’éclairage par le toit et caractéristique de certaines maisons (v. Morlaix). Porz, pors: port. Pou: pays, contrée; la racine se trouve dans le pays Pourlet et le Porhoët. Poul: mare, étang, parfois baie; mais poul est aussi une déformation de plou. Raz: courant. Roc’h: rocher. Roz, ros: butte, tertre couvert de bruyère. Ru, ruz: rouge. Run, rhun: butte, mont. Sal: château. Sonneur: joueur de cornemuse, musicien; de son, qui signifie chant. Steir, ster, étier, rivière. Stivell: source, fontaine. Ti, ty: maison. Toul: trou, et aussi parfois baie. Tré, treb, tref: terme signalant habituellement une fraction de paroisse, ou trêve. Les paroisses et communes qui en sont issues sont en principe de plus faible dimension que le plou. Treiz: passage, détroit. Trez: sable, et plus particulièrement amendement de sable coquillier. Tuchenn: éminence; prend aussi la forme turgenn, dorgenn; le mot se retrouve déformé dans le signal de Toussaines. Vern: v. guern Village: en Bretagne, désigne volontiers des hameaux, du moins assez peuplés, par opposition au bourg qui est le chef-lieu communal. |