Saint-Barthélemy et Saint-Martin

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Saint-Barthélemy et Saint-Martin

Saint-Barthélemy et Saint-Martin sont des collectivités territoriales de l’Outre-mer français, situées dans les Antilles. Elles étaient considérées comme des communes de la Guadeloupe jusqu’en 2004 et y formaient l’arrondissement de Saint-Martin-Saint-Barthélemy, dont le chef-lieu était à Saint-Martin. Au référendum du 7 décembre 2003, leurs habitants ont massivement choisi le nouveau statut de «collectivité d’outre-mer» qui leur était proposé par le gouvernement, par 95,5% de oui à Saint-Barthélemy (79% de votants) et 76,2% à Saint-Martin, mais avec bien moins de votants (44%). Il est clair que ces îles, surtout la plus riche, Saint-Barthélemy, souhaitaient accroître autant que possible les privilèges qu’elles tirent de leurs avantages fiscaux et de leur attrait consécutif sur le tourisme international.

Ces deux îles sont situées à un peu plus de 200 km au nord-ouest de la Guadeloupe, dont elles sont séparées par une demi-douzaine d’îles étrangères, certaines avec le statut d’États indépendants. Leurs relations avec la Guadeloupe n’ont jamais été très denses et se sont plutôt relâchées, toute leur activité étant orientée vers le tourisme et les relations avec l’Amérique du Nord. Cette situation s’est affirmée après 1945 et le mouvement s’est accéléré depuis les années 1980: «Deux petits points oubliés sur la carte sont devenus deux des destinations touristiques les plus prisées de l’arc Caraïbe; leurs réseaux commerciaux sont devenus parmi les plus denses des Antilles françaises et leur population a plus que triplé. Terres d’émigration pendant des générations, elles sont aujourd’hui soumises à d’importants flux d’immigration» (F. Seners).


Saint-Barthélemy

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a 10 550 habitants et occupe 2 400 ha. Elle est située par 62°50’O et 17°55’N, au sud-est de Saint-Martin et à 200 km au NO de la Guadeloupe. C’est une île de 9 km en longitude, entourée d’îlots. Les Caraïbes la nommaient Ouanalao, le pélican; ce nom réapparaît de nos jours dans l’hôtellerie et la publicité. Christophe Colomb, qui n’y a pas débarqué et l’a baptisée en passant, en 1493, en hommage à son frère, Bartolomeo. Elle était donc théoriquement espagnole, mais les Anglais y ont pris pied en 1648, aussitôt délogés par les Français. Longtemps oubliée et repaire de flibustiers et de boucaniers, elle a commencé à recevoir à partir de 1659 quelques colons normands et bretons invités à y cultiver le tabac, et surtout après 1763, date à laquelle elle a été rattachée à la Guadeloupe. Pas pour longtemps: Louis XVI la cédait en 1784 au roi de Suède, en échange de facilités portuaires à Göteborg. Les Suédois firent du chef-lieu, rebaptisé Gustavia, un port franc très apprécié comme relais de la grande navigation; mais un cyclone et des incendies frappèrent la colonie (en 1852 notamment), que les navires à vapeur finirent par abandonner au profit de mouillages plus septentrionaux; la Suède rétrocéda l’île à la France en 1878, et elle fut finalement rattachée au département de la Guadeloupe en 1946.

L’île est assez basse, ne culminant qu’à 281 m au morne calcaire du Vitet tout à l’est. Il y pleut rarement. Le climat est sec; des cactées dont certaines espèces de cierges et la «tête à l’anglais» (en forme de bonnet à poil) sont caractéristiques de la flore; il n’y a pas de véritable rivière et l’eau est rare: il a fallu installer une usine de dessalement de l’eau de mer, qui ne suffit pas à la demande; des citernes sont nécessaires. De ce fait, l’île n’a jamais été agricole et n’avait guère importé d’esclaves: son peuplement reste presque entièrement d’origine européenne. Ses habitants ont longtemps vécu de commerce et de pêche, bénéficiant des exemptions fiscales ménagées par les accords franco-suédois, et longtemps tolérées plus que véritablement légales. Un arrêt du Conseil d’État de 1985 a mis fin légalement à cette tolérance et les résidants sont désormais tenus de payer l’impôt sur le revenu. Toutefois, ils ne l’ont pas fait et n’ont pas été sanctionnés. On comprend néanmoins l’allure massive du vote en faveur d’un changement de statut en 2003, le nouveau étant censé permettre de retrouver le paradis fiscal.

Le chef-lieu, Gustavia, est sur la côte ouest (sous le vent). Il dispose d’une étroite et très belle rade, un peu comme à Bonifacio, très appréciée des plaisanciers et qui lui valut son premier nom, le Carénage, avant l’hommage rendu au roi de Suède. Le plan quadrillé du bourg est calqué sur la direction de la rade. Un peu au NO, Corossol est un village de pêcheurs, agrémenté d’un Musée international du coquillage. Entre les deux, le hameau de Public a reçu la centrale électrique, l’installation de dessalement de l’eau de mer et l’usine d’incinération des déchets, qui alimente en énergie la précédente. L’aérodrome a pu être construit tout auprès, mais sa piste est courte (600 m). Au nord-ouest, l’île est étroite et un peu moins de 4 km séparent Gustavia de la pointe à Colombier, orientée vers le nord-ouest, qui protège l’anse semi-circulaire de même nom. Orientée vers le nord, la plage de l’anse des Flamands est très recherchée. Plus près de Gustavia mais toujours sur la côte nord, l’anse des Cayes et la baie de Saint-Jean ne sont pas moins fréquentées, surtout la dernière, la plus proche de Gustavia. Le reste de l’île est un peu plus massif. Quatre anses fréquentées et bordées d’habitations découpent la côte nord, et y font autant de petites stations balnéaires: Lorient et Marigot, séparées par l’urbanisation de la Pointe Milou, Petit et Grand Cul-de-Sac, la dernière bien protégée par la barrière de corail. Trois autres anses découpent la côte sud, un peu à l’écart et moins habitée: le Gouverneur, Grande Saline où l’on tolère le naturisme, Grand Fond dominée par le morne de Vitet et le morne de Grand Fond (presque aussi haut, 274 m), et prolongée à l’est par l’anse Toiny, très recherchée. Les îlots sont vides, mais le plus éloigné et le plus grand, l’île Fourchue, 5 km au NO de la pointe à Colombier, offre un bon mouillage pour la plaisance.

La population est en forte augmentation: 5 000 habitants en 1990, moins de 2 500 dans années 1960. L’île dispose d’un collège et d’un hôpital local, d’un musée historique à Gustavia. La croissance est directement liée au tourisme, qui s’est manifesté tardivement, mais avant Saint-Martin: le premier hôtel est de 1945. Un maire entreprenant d’origine hollandaise s’est employé à jouer à fond la carte du tourisme de luxe et à séduire les riches États-uniens, qui avaient déjà utilisé l’île comme base de ravitaillement pendant la prohibition. Quelques gros investisseurs aidant, y compris les Rockefeller et les Rothschild, le succès est venu et les entreprises de bâtiment n’ont pas chômé. Le tourisme s’est très vite orienté vers le luxe et la sélectivité, et accueille surtout une clientèle nord-américaine. L’île se flatte de proposer 22 plages… et pas de casino. Les hôtels se dispersent dans presque toute l’île, sauf la côte sud; les plus nombreux sont à Saint-Jean et Lorient, puis Grand Cul-de-Sac et Gustavia, ainsi que sur les baies des Cayes et des Flamands; au total environ 900 chambres d’hôtel, et 400 villas de luxe. L’île est à un quart d’heure de l’aéroport de Saint-Martin par air, 50 minutes de la Guadeloupe; mais l’aérodrome est petit; des navettes maritimes font également le trajet de Saint-Martin (Marigot) en un peu plus d’une heure.


Saint-Martin

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(32 000 hab., 5 320 ha) avait 29 100 hab. au recensement de 1999, 31 400 à celui de 2002. Située par 18°05’N et 63°05’O, elle est au NO de Saint-Barthélemy et à 240 km en ligne droite au NO de la Guadeloupe, 260 km à l’est de Porto-Rico. La commune occupe la moitié nord de l’île de même nom, dont le sud est une dépendance des Pays-Bas, en néerlandais Sint-Maarten (32 400 hab., 3400 ha). Le nom tient au jour de sa découverte par la seconde expédition de Christophe Colomb (la saint-Martin de 1493, donc le 11 novembre). Le nom caraïbe était Sualouiga, qui signifie l’île du sel.

La partie française, au nord de l’île, mesure 15 km d’ouest en est. La partie hollandaise contient l’aéroport de Juliana, principale porte d’accès aux deux moitiés. Cette situation originale résulte d’un traité du 26 mars 1648, toujours en vigueur, qui stipule notamment que la circulation est entièrement libre d’une moitié à l’autre. En fait, l’île était alors en principe une possession espagnole depuis le passage de Christophe Colomb, mais sa tutelle l’avait délaissée, et quelque peu abandonnée aux pirates et flibustiers. Les Hollandais, intéressés par ses ressources en sel, y prirent pied dès 1627, suivis par des Français, et édifièrent un fort en 1631, ce qui entraîna une intervention armée espagnole. Français et Hollandais associés finirent par avoir le dessus et se partagèrent l’île d’un commun accord en 1648, non sans avoir éliminé sans trop de ménagement les Arawaks qui avaient pu survivre.

La colonie hollandaise reçut en renfort en 1656 des compatriotes expulsés du Brésil, qui y apportèrent leur savoir-faire agricole. Le climat est à peine moins sec qu’à Saint-Barthélemy et le relief est tout aussi calcaire, mais l’agriculture réussit. L’île résista à de nombreuses tentatives d’appropriation par les Anglais, ajouta au sel la fourniture de produits tropicaux et, pour cela, importa de nombreux esclaves noirs, surtout au 18e siècle, et reçut de nouveaux colons de toutes provenances. Il en est résulté une population très métissée, et une domination progressive de la langue anglaise dans les affaires courantes, même si le français et le néerlandais sont toujours langues officielles. Privée d’appui par la perte de Saint-Christophe (Saint-Kitts) en 1713, la colonie française fut rattachée à la Guadeloupe en 1763. Puis, avec le temps, l’extraction de sel s’acheva, la production de sucre fut arrêtée en 1875, celle de coton en 1923. Un statut de port franc obtenu en 1850 intervint trop tardivement. Dans la seconde moitié du 19e siècle et la première du 20e, l’île devint un foyer d’émigration.

En 1939, la France et les Pays-Bas abolirent les douanes et contributions indirectes entre les deux zones. La construction de l’aérodrome à des fins militaires, en 1943, notamment pour la défense contre les sous-marins allemands, fut le premier signal de la mutation contemporaine: il apporta des emplois et des ressources et, devenu civil et réaménagé, il permit à partir de 1955 de recevoir des avions gros porteurs et, ainsi, de réorienter les deux parties de l’île vers le grand tourisme.

À l’ouest de l’île, le Grand Étang (ou Simsonbaai) est partagé entre les deux parties. Il est fermé au nord comme au sud par deux lidos. C’est sur le lido du Sud, dans la partie hollandaise, qu’a été édifié l’aéroport qui porte le nom de la princesse Juliana. Le lido du nord dessine un arc bordant la baie Nettlé; il a des habitations et une longue plage; il est parcouru par la route qui donne accès à la pointe du Canonnier, extrémité occidentale de l’île. Le rocher boisé et habité de Terres Basses y est une ancienne île, raccordée à la principale par les deux lidos; la baie Longue au SO, la baie aux Prunes à l’ouest et la baie Rouge au NE y offrent des plages appréciées. Plusieurs complexes touristiques ont été construits sur ces rivages.

Le reste de l’île est parfois nommé Grande Terre. Le bourg de la partie française, Marigot, qui rassemble à lui seul environ 10 000 habitants, est à l’extrémité orientale du Grand Étang Simson et du lido septentrional, au fond d’une grande baie de la côte nord que limitent la pointe du Bluff au NO, la pointe Arago au NE. Sans avoir l’ampleur et le luxe de Philipsburg, qui est la vraie capitale de l’île dans sa partie hollandaise, il affiche de nombreux commerces, un marché, un vieux fort perché de 1767, une marina et un musée historique. Marigot est relayé à 5 km au NE par le village de Grand-Case, étiré au fond de la baie de même nom, que termine au NE la pointe Bell; un étang et un petit aérodrome le jouxtent à l’est. Grand-Case a aussi des hébergements touristiques, mais un côté plus autochtone et moins international que l’ouest de l’île, et une réputation gastronomique persistante. L’anse Marcel, au NE de Grand-Case, a également été colonisée par un complexe touristique et un port de plaisance.

Trois baies se succèdent sur la côte orientale, passé la pointe de l’Est qui marque l’extrémité NE de l’île et que prolongent l’îlet Pinel et, à 3 km au large et bien plus grand, l’îlet Tintamarre (env. 30 ha), lieu d’excursions et de plongée mais réserve naturelle protégée. La première ou baie Orientale, longtemps peu habitée, si ce n’est au hameau de Cul-de-Sac, mais réputée la plus longue et la plus belle de l’île, s’est couverte d’hôtels et de paillotes; elle donne sur trois îles et consacre une plage au naturisme; les fonds sous-marins sont en principe protégés par la réserve naturelle. Deux étangs marquent le fond de la baie de l’Embouchure, dont ils sont séparés par un lido; le quartier d’Orléans, qui fut le plus ancien site de colons français sur l’île, entoure l’étang aux Poissons et constitue l’une des trois agglomérations principales de la Saint-Martin française. Enfin au-delà, la petite baie Lucas a aussi quelques habitations et équipements touristiques.

Le point culminant de l’île, dans la partie française, est le pic du Paradis (424 m), accessible en voiture et qui domine le quartier d’Orléans. Le seul hameau qui soit vraiment à l’intérieur de l’île est Colombier, proche du Paradis mais sur une autre petite route, au SO.

La population de Saint-Martin a très fortement progressé au cours des années 1980; la croissance continue, mais s’est un peu ralentie: on y comptait 4 500 hab. en 1961, 8 100 en 1982, 28 500 en 1990. Saint-Martin a trois collèges et un lycée polyvalent, et de nombreux hôtels; on y a recensé plus de 3 800 chambres.