quartier du 18e arrondissement de Paris, au sud-ouest. Il est séparé du 9e arrondissement au sud par les boulevards de Clichy et de Rochechouart; la rue de Clignancourt fixe sa limite orientale, la rue de Custine et la rue Caulaincourt ses limites nord et ouest. Il a pour centre une butte-témoin du plateau de Brie, détachée des hauteurs de Belleville et qui monte à 130 m. La voirie est faite d’un lacis de rues très serré dont aucune ne traverse la totalité du quartier, et de multiples escaliers dont le principal additionne 222 marches, ce qui a justifié la construction en 1900 d’un funiculaire, deux fois révisé depuis, pour gagner 36 m de dénivellation en 118 m de long; deux millions de visiteurs l’empruntent chaque année. Au centre se dresse l’église romane Saint-Pierre, vestige d’une abbaye royale datant de 1147, à l’emplacement d’un ancien temple de Mars; elle a été restaurée au début du 20e siècle et ornée de vitraux de 1953. À côté, a été érigée, en repentance de la Commune de Paris et selon une décision de l’Assemblée nationale de 1873, l’énorme basilique blanche romano-byzantine du Sacré-Cœur, haute de 83 m; conçue par Paul Abadie en croix grecque à quatre coupoles, avec une tour carrée qui abrite la plus grosse cloche de France (19 tonnes), elle a été achevée en 1914 et reçoit 10 millions de visiteurs par an. La partie laïque de la butte s’étend vers l’ouest. Elle a depuis longtemps attiré les peintres et son principal haut lieu est la place du Tertre, où était l’ancienne mairie de Montmartre et qui reste un marché de peintures animé et un lieu de cabarets et restaurants. Tout près est l’Espace Montmartre, musée consacré aux sculptures de Salvador Dali. Un peu plus à l’ouest, le long de la rue Lepic qui monte en courbes depuis le boulevard de Clichy, se dressent les deux anciens moulins restaurés, dont le plus célèbre est le moulin de la Galette, l’autre étant le moulin Radet; un peu plus loin est le théâtre Montmartre-Galabru (90 places). Sur le flanc nord de la butte, mais rue Saint-Vincent comme il se doit, a été restituée une vigne, objet de culte et de célébrations; elle jouxte le musée de Montmartre et domine le petit cimetière de Montmartre. Juste à l’est est un petit musée Erik-Satie, dit le Placard, dans l’ancienne maison du compositeur. Le célèbre cabaret du Lapin Agile se survit difficilement vers le haut, rue des Saules. On voit aussi le château des Brouillards dans l’allée du même nom, une folie du 18e s. bien conservée. Sur le flanc sud de la butte, la place des Abbesses est un autre site majeur associant une station de métro, l’église Saint-Jean-de-Montmartre (1904), en béton recouvert de briques rouges, le petit square Jehan-Rictus et le théâtre de la Ville-les Abbesses (400 places); le collège public Yvonne-Le Tac (470 élèves) est tout près, ainsi que le Bateau-Lavoir sur la place Émile-Goudeau, repaire d’artistes très actif de 1892 à 1914, reconstruit en 1978 après un incendie et qui abrite des ateliers d’artistes. Au sud-est, le Sacré-Cœur domine la série d’escaliers et les arbres exotiques du grand square Louise-Michel, aménagé en 1927 sur 2,4 ha et longé à l’ouest par le funiculaire. À l’angle sud-est se dresse la halle Saint-Pierre, qui abrite le musée d’art naïf Marcel-Fourny. Plusieurs salles de spectacle bordent les boulevards: au sud-ouest les théâtres des Trois-Baudets (250 places), des Deux-Ânes (300 places), de Dix-Heures (140 places) et le théâtre Ouvert (100 places), le musée de l’Érotisme et le bal du Moulin-Rouge sur le boulevard de Clichy; au sud-est, Le Divan du Monde (500 places), le théâtre de l’Atelier (560 places), l’Atalante (60 places) et l’Élysée-Montmartre (1 200 places), la Boulevarde Noire (100 places) et la Cigale (1 000 à 1 400 places), le Trianon-théâtre (1 000 places). Le collège public Raymond-Dorgelès est à l’angle nord-est du quartier. Celui-ci est desservi par les stations de métro Blanche, Pigalle, Anvers et Lamarck-Caulaincourt aux limites du quartier, Abbesses à l’intérieur. Montmartre est une ancienne commune, qui a été supprimée en 1859 au moment de l’extension de Paris, une petite partie de son territoire au nord étant toutefois attribuée à la commune de Saint-Ouen. La découverte de restes de temples de Mars et de Mercure semble attester que le nom vint d’un antique mont de Mars, que la christianisation a transformé en mont des Martyrs, auquel on accédait par la rue des Martyrs qui subsiste sous ce nom dans le 9e et le 18e arrondissements. Montmartre avait 1 100 hab. en 1793, 2 200 en 1821, 6 800 en 1836, 14 700 en 1846 et 36 500 en 1856. Elle occupait donc une grande moitié occidentale de l’actuel 18e arrondissement, qu’elle dépassait au nord-ouest. Son territoire était en grande partie une propriété de l’abbaye de femmes de Montmartre; il eut un vignoble et de nombreux cabaretiers au pied de la butte côté sud, à partir du 17e s.: on y relevait 134 guinguettes en 1729. La butte a conservé un côté festif bien connu, célèbre les vendanges chaque année à partir de sa petite vigne reconstituée en 1933 sous le nom de Clos-Montmartre et riche de 2 000 ceps, curieusement sur le versant nord de la butte rue Saint-Vincent. Montmartre attire depuis longtemps artistes, amateurs de spectacles et visiteurs dans ses rues étroites et escarpées, dont la plus connue et la plus chantée est sans doute la sinueuse rue Lepic. La place du Tertre est le haut lieu de ce Montmartre traditionnel, où la chanteuse Dalida a sa place et une maison. Une association dite République de Montmartre, créée en 1921, organise des fêtes. Pourtant demeurent encore sur la butte trois congrégations féminines, du Cénacle, carmélites et bénédictines. La rue Montmartre n’est pas dans le quartier Montmartre, ni même dans son arrondissement, mais dans les 1er et 2e arrondissements; longue de 940 m, elle commence à la rue Rambuteau et s’achève boulevard Montmartre après avoir croisé les rues Étienne-Marcel et de Réaumur. Son tracé, SSE-NNO, remonte au 12e siècle mais a été rectifié après 1845; la Révolution en fit une rue Montmarat. Au-delà des Grands Boulevards, cette voie est relayée dans la même direction par la rue du Faubourg-Montmartre, jusqu’à la rue Lamartine (490 m). Ensuite, le chemin diverge entre la rue des Martyrs, qui monte directement vers la butte Montmartre dont elle porte le nom déformé ou transposé, franchissant l’ancienne barrière des Martyrs, et la rue Notre-Dame-de-Lorette plus occidentale, qui monte vers la place Blanche (ancienne barrière Blanche) en direction du cimetière de Montmartre. Le boulevard Montmartre est un court (215 m) élément des Grands Boulevards de 1676, allant de la rue Montmartre à la rue de la République entre les boulevards Poissonnière à l’est et des Italiens à l’ouest. Une cité Montmartre et une galerie Montmartre donnent sur la rue, dans le 2e arrondissement. La porte Montmartre est au nord du 18e arrondissement entre les portes de Clignancourt et de Saint-Ouen sur le boulevard des Maréchaux, et l’avenue de la Porte-Montmartre en sort sur 390 m entre le boulevard Ney et la rue Jean-Henri-Fabre qui marque la limite avec la commune de Saint-Ouen, juste au-delà du périphérique. |