département de Picardie, couvrant la partie orientale de la région. Le gentilé habituel est Axonien. Il a pour préfecture Laon, pour sous-préfectures Château-Thierry, Saint-Quentin, Soissons et Vervins; 531 300 hab., 21 cantons, 800 communes, 13 communautés de communes et 4 communautés d’agglomération (Chauny-Tergnier-La Fère, Laon, Soissons et Saint-Quentin). Il est limitrophe des départements du Nord, des Ardennes, de la Marne, de la Seine-et-Marne, de l’Oise et de la Somme. Le maximum de population a été atteint en 1866 avec 564 400 hab., puis le département, ravagé par la Grande Guerre a connu une période très creuse de 1914 à 1950. L’Aisne dispose de bassins industriels non négligeables autour de Saint-Quentin, de Chauny-Tergnier et de Soissons, et elle a acquis une belle réputation en agriculture grâce à ses grandes exploitations du Valois et du Soissonnais, qui en font le premier département français pour la production de betterave, le deuxième pour le blé, le quatrième pour l’ensemble des céréales; s’y joignent au nord les herbages laitiers de Thiérache, au sud le vignoble de champagne de la vallée de la Marne. Le département a la forme bien connue d’une betterave, sa culture symbolique: allongé du nord au sud, large au nord, en pointe vers le sud. De ce fait, ses paysages donnent comme une coupe à travers le Bassin Parisien. Au nord apparaît la terminaison du massif ancien ardennais boisé; il est longé par une étroite dépression périphérique marneuse par où se faufile l’ancien axe ferroviaire Nord-Lorraine, dont l’activité a bien diminué: Hirson n’est plus à cet égard qu’une étape déchue. Suivent les collines herbagères de la Thiérache et, vers l’est, la plaine de la craie champenoise. Elles sont dominées à la hauteur de Laon par la côte de l’Île-de-France, qui forme le rebord du plateau de calcaire grossier du Laonnois et du Soissonnais, très découpé par les vallées de l’Ailette et de l’Aisne et leurs affluents; leurs versants sont festonnés en cuves et creuttes (vallons en chaudron et grottes), paysages inséparables des souvenirs du front et des massacres de 1914-1918. Un léger ressaut à la hauteur de Villers-Cotterêts marque le passage au plateau du Valois au sud-ouest, soutenu par la table du calcaire de Saint-Ouen, et du Tardenois à l’est, si découpé qu’il apparaît comme un domaine de fortes collines. Un autre talus proche de Château-Thierry signale la plate-forme du calcaire de Brie, plus compact, mais traversé par la vallée à grands méandres de la Marne. La proximité de Paris se fait sentir de plusieurs façons: au sud-ouest du département, par la conservation de vastes forêts d’origine royale et seigneuriale, comme par les résidences secondaires de Parisiens et l’abondance des déplacements quotidiens de travailleurs vers la capitale; leur extension y soutient la croissance démographique. En ces mêmes lieux et un peu au-delà s’est formé le puissant système agricole de la grande culture de céréales et betteraves, pommes de terre et protéagineux valorisée par l’industrie agro-alimentaire et qui, bien soutenue dans la proche capitale, a pu bénéficier longtemps de la politique agricole européenne. Les radiales qui divergent de Paris et les couronnes que dessine l’échelonnement des villes-relais contribuent à structurer l’espace axonien. Celui-ci est sillonné par un axe occidental qui suit la vallée de l’Oise et contribue à l’activité des bassins de Chauny-Tergnier et de Saint-Quentin; un axe médian par Villers-Cotterêts, Soissons et Laon (N2); l’axe de la vallée de la Marne au sud, complété et suivi à travers les collines par l’autoroute de l’Est (A4) et la ligne ferroviaire à grande vitesse, qui traverse en étrangère. Saint-Quentin et Laon sont sur la couronne majeure, qui se prolonge à l’ouest par Amiens et au sud-est par Reims; Chauny-Tergnier et Soissons se situent sur une couronne intermédiaire; Villers-Cotterêts et Château-Thierry, sur une couronne rapprochée, tandis que tout au nord Hirson campe sur la plus lointaine. La nouveauté est l’apparition d’un axe transversal, celui de l’A26 de Lille vers Reims et Dijon; passant par Saint-Quentin et Laon, il coïncide dans l’Aisne avec la couronne parisienne majeure, et tend ainsi à limiter le glissement des activités vers le sud-ouest du département. C’est Soissons, de ce fait, qui craint de se trouver dans un creux, rendu sensible par la crise de certaines de ses industries. Aussi la ville voudrait-elle valoriser sa position apparemment centrale, et insiste-t-elle sur l’intérêt stratégique d’un renforcement de l’axe nord-sud de Saint-Quentin à Château-Thierry par Soissons, certes matérialisé symboliquement par la départementale D1, mais qui entre mal dans la logique de la toile organisée par Paris. |