Mouzon

(2 310 Mouzonnais, 4 173 ha dont 807 de bois) est une «commune nouvelle» issue de la fusion de Mouzon et Amblimont en 2016, dans la communauté des Portes du Luxembourg. Mouzon (2 090 Mouzonnais, 3 443 ha dont 760 de bois) était un chef-lieu de canton des Ardennes, 18 km au SE de Sedan sur la rive droite de la Meuse, 7 km OSO de Carignan. L’ancienne bourgade marchande Mozomagos, chef-lieu de pagus, se trouvait sur la voie romaine de Reims à Trêves, dont il reste des traces dans les chemins et au site archéologique du Flavier. Elle eut une abbaye au 9e s. et devint ensuite une place forte, dont il reste quelques remparts; il en vient une belle église abbatiale gothique du 13e s. (et 15e-16e), longue de 65 m, avec grandes orgues; port de plaisance.

Mouzon fut le fief de la firme Sommer, maintenant divisée en deux fabriques de tapis et moquettes pour automobiles (140 sal. chacune), au groupe Faurecia (PSA-Peugeot), qui a aussi sur place un centre de recherche-développement. Arcelor-Mittal a un atelier sidérurgique de 100 sal. (produits plats et traitement de surface). Mouzon dispose d’un collège public (avec antenne à Raucourt), d’un musée du Feutre (1987) et d’un musée d’histoire locale dit de la tour de la porte de Bourgogne; maison de retraite publique. La commune a absorbé en 1965 Villemontry, au sud (90 hab.), sur le versant gauche de la Meuse, portant ainsi son nombre d’habitants à 3 300 hab.; depuis, sa population diminue et elle a encore perdu 590 hab. après 1999. Amblimont (220 hab., 740 ha) est à 4 km au NO de Mouzon sur le versant droit de la Meuse; elle a gagné 60 hab. depuis 1999.

Les Sommer à Mouzon. La famille Sommer, d’origine lorraine, s’est installée à Mouzon après l’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Allemagne. Alfred Sommer a créé la firme Sommer en 1880 à Mouzon, pour la fabrication de feutres. La société s’est associée en 1972 avec Allibert, industriel à Monestier-de-Clermont en Isère dans le Trièves, où il avait créé une usine de chaussures en 1910 et où il était passé à la production de sols plastiques en 1950. Sommer-Allibert est alors devenu un champion du revêtement de sols en plastiques et a acquis en 1986 des parts du canadien Domco, firme créée en 1872, spécialiste de parquets et de linoléum, puis la division linoléum de l’allemand Tarkett en 1997, une firme d’origine suédoise, absorbée par Pegulan en 1987. Et finalement c’est Tarkett (7 400 sal.) qui substitue à Sommer-Allibert son nom et son siège de Frankenthal, et Domco qui rachète Tarkett en 1999… Une partie de la production de Sommer-Allibert est passée au groupe Faurecia en 2001, issu de Bernard Faure et devenu propriété du groupe Peugeot-PSA. C’est pourquoi Sedan et Mouzon fabriquent à présent, à partir de Sommer, d’un côté des plastiques pour automobiles Faurecia, de l’autre des revêtements de sols Tarkett.

Dans un tout autre domaine, Roger Sommer, fils du fondateur Alfred, né en 1877 en Meurthe-et-Moselle et arrivé enfant à Mouzon, se lance plus tard dans l’aventure des sports mécaniques. Il achète un avion Farman en 1909 et bat en août 1909 le record du monde de durée en vol (2h27); il se fait constructeur et fabrique 180 avions en trois ou quatre ans, avec une soixantaine d’ouvriers en 1910; mais la concurrence est déjà rude et les commandes de l’armée cessent rapidement. Dès 1912, il préfère se consacrer à l’entreprise de feutres. Roger Sommer est mort en 1965. Son fils Raymond Sommer, né à Mouzon en 1906, est devenu pour sa part un champion de courses d’automobiles, s’illustrant en grand prix et aux 24 heures du Mans de 1933 à 1950; il s’est tué en voiture en 1950. Restent deux musées, des débuts de l’aviation à Douzy, du feutre à Mouzon; l’aéroclub de Douzy et le club d’aéromodélisme portent le nom de Roger Sommer.