contrée de Basse-Normandie au nord-est de la région. Son nom est l’un des plus connus, notamment en raison de la notoriété de ses trois grandes spécialités de fromages: camembert, livarot et pont-l’évêque. Le paysage augeron reste celui d’un bocage, dense mais aux formes extrêmement variées, où se cachent bon nombre de ces manoirs à rangs de briques et pierres alternés, et pans de bois, en général construits du 15e au 18e siècle, qui en ont popularisé l’image. La contrée correspond à un vaste ensemble de collines modelées dans des terrains jurassiques horizontaux très marneux, recouverts d’argile à silex; les larges vallées humides de la Vis, de la Touques et de la Dives y sont encaissées. À l’époque gallo-romaine, l’Auge s’opposait déjà aux campagnes voisines, comme l’indiquait son nom de saltus Algia. Néanmoins, plus encore qu’à ce milieu de sols lourds favorable à l’herbe, c’est à sa proximité relative de Paris que le pays d’Auge doit son renom et ses spécialités: il est l’un des bocages normands les plus proches de la capitale, il environne Deauville et Trouville qui furent très tôt ses stations balnéaires privilégiées. Les Parisiens en consommaient depuis longtemps les beurres et les fromages, à une époque où les transports étaient encore lents; ils y ont ensuite acquis et équipé des résidences secondaires plus ou moins cossues. Encore à moitié en labours au milieu du 19e siècle, puis couché en herbe et presque partout planté de pommiers sous le Second Empire, le pays d’Auge a la réputation de s’être orienté dans l’élevage en prés clos et peu aménagés, sur des sols rarement travaillés où l’on «regarde pousser l’herbe» parmi les fleurs, qui donnent du charme aux herbages mais témoignent aussi de leur faible entretien. Toutefois, cette tradition a cédé devant des formes localement plus efficaces. Certaines parties de la contrée se spécialisent dans l’engraissement de bovins pour la viande, surtout au sud, d’autres dans la production des fromages, surtout au centre et au nord, et les chevaux sont élevés, surtout près du littoral, et au sud-ouest. L’eau-de-vie de cidre a obtenu en 1984 puis 1997 une AOC «calvados du pays d’auge», il existe aussi depuis 2000 une AOC cidre du pays d’auge, et des «routes du cidre» sont balisées pour les visiteurs. Lisieux est le principal centre du pays d’Auge, qui ne manque pas de bourgs actifs comme Cambremer, Pont-l’Évêque, Saint-Pierre-sur-Dives, Livarot, Orbec, Vimoutiers ou Gacé, et qui est traversé par le faisceau de circulation de Paris à Caen et au Cotentin, frôlé au sud-est par la nouvelle autoroute Rouen-Alençon. Le nom est positivement perçu, et employé par les intercommunalités et les communes nouvelles: Normandie-Cabourg-Pays d’Auge et Terre d’Auge; Livarot-Pays-d’Auge, Mézidon-Vallée-d’Auge, Belle-Vie-en-Auge, Saint-Pierre-en-Auge. Bien des communes plus anciennes portaient déjà le déterminant «en-Auge», jusque dans l’Orne (Louvières-en-Auge, Saint-Germain-d’Auge) où est aussi la commune nouvelle Sap-en-Auge. |