Calvados

département de Basse-Normandie, entre l’estuaire de la Seine et le Cotentin; 693 700 hab., 553 450 ha. Il a pour préfecture Caen, et pour sous-préfectures Bayeux, Lisieux et Vire. Son nom, qui évoque un bombement nu (calva, comme chauve) plutôt qu’un prétendu «dos de cheval» (caval), a été emprunté à des hauts fonds marins devant Arromanches, permettant ainsi d’éviter un désobligeant «Orne-Inférieure» qui avait d’abord été adopté par les Révolutionnaires. Il occupe 5 548 km2 et a pour voisins les départements de la Manche, de l’Orne, de l’Eure et même de la Seine-Maritime par l’estuaire. Il est divisé en 527 communes, contre 705 en 1999, en raison de la vigueur des fusions; une commune, Pont-Farcy, a été cédée en 2018 au département de la Manche, pour des raisons de cohérence d’intercommunalités. Les communes sont regroupées en 16 intercommunalités: 14 communautés de communes, une communauté d’agglomération (Lisieux) et une communauté urbaine (Caen). Le département compte aussi 25 nouveaux cantons.

La population est en nette augmentation depuis les années 1950. Elle avait atteint un premier maximum à 505 200 hab. en 1806, puis avait diminué jusqu’à 384 700 en 1921, 400 000 en 1946; elle atteignait 561 000 hab. en 1975, 648 400 en 1999. Le solde naturel est un peu supérieur au solde migratoire, tous deux étant positifs.

Le département du Calvados est très fortement polarisé par l’agglomération de Caen, qui représente environ 270 000 habitants et continue de progresser. Il est structuré par un axe principal est-ouest, parallèle au littoral de la Manche, qui est la radiale de Paris à Cherbourg, matérialisée par la voie ferrée, la N13 et l’A13, ces deux dernières étant écartées à l’est de Caen puisque l’une passe par Évreux et Lisieux, et l’autre par Rouen et Pont-l’Évêque. Deux ou trois radiales caennaises se branchent sur ce couloir: l’une vers Alençon et Le Mans; une autre au SO vers Rennes, qui se confond désormais avec l’autoroute dite des estuaires (A84); la troisième, mineure, mène à Laval par Flers. Caen a pour relais une couronne de petites villes sur le couloir principal (Bayeux à l’ouest, Pont-l’Évêque et Lisieux à l’est), sur la route d’Alençon (Falaise) et à la rigueur sur celle de Laval (Condé-sur-Noireau) mais n’en a pas sur l’axe breton, qui laisse Vire de côté; en revanche, Vire a sa propre étoile de routes au sud-ouest du département et sert correctement son arrondissement.

Ces réseaux structurent des espaces assez diversifiés dans leurs paysages et leurs activités, où l’on peut distinguer cinq sous-ensembles principaux.

Le littoral en est un, marqué à la fois par les loisirs, par l’histoire du Débarquement et de 1944, à un moindre degré, par la pêche et l’ostréiculture d’un côté, quelques écosystèmes de marais de l’autre. Ses propres différences sont nettes, et surtout liées à la distance à Paris: fortes fréquentations sur la Côte de Grâce et la Côte Fleurie à l’est, plus retenues et plus cérémonielles à l’ouest; entre les deux, le littoral dit de la Côte de Nacre est comme une banlieue de Caen, où s’élève la part des résidences principales. Quatre contrées différentes et très typées divisent d’est en ouest la plus grande partie du département en arrière du littoral. Leurs contrastes sont en partie liés au dispositif de bordure du Bassin Parisien, en partie à la distance à Paris, dont les effets renforcent la division méridienne est-ouest.

À l’est se tiennent les bocages à pommiers du pays d’Auge, grands fournisseurs de la capitale en fromages de renom, cidre et «calva», l’eau-de-vie au nom du département; ils sont connus pour leurs châteaux, leurs haras, leurs vergers de pommiers et leurs maisons à colombage, dispersés dans une ambiance de collines herbagères modelées dans les terrains marneux du Crétacé et couvertes d’argiles à silex.

Au centre, la Campagne de Caen introduit, à la faveur d’un affleurement de calcaires jurassiques portant limons, des paysages nus et labourés à gros villages espacés, qui font rupture en Normandie et sont comme un écho des grands terroirs agricoles périparisiens, mais de plus en plus ouverts à l’habitat et aux activités du périurbain caennais.

Vers l’ouest, le Bessin retrouve un paysage bocager et herbager à la faveur des marnes du Lias et des premières collines du massif ancien, mais moins typé que le pays d’Auge, moins marqué par le marché et les investisseurs parisiens .

Reste au sud-ouest du département un autre sous-ensemble original, qui relève du Bocage normand et de ses abords: en pays de collines sur les terrains anciens du Massif Armoricain, parfois orientées par les traces des vieux plissements, les pays de Vire et de la Suisse Normande, dépeuplés mais qui restent très industrieux, abritent de nombreux ateliers, moins sensibles à une tradition ouvrière qu’à l’intérêt de salaires modérés acceptés localement par les jeunes gens et surtout les jeunes filles.

Le nom du Calvados a désigné rapidement l’eau-de-vie tirée de cidre; il existe une appellation d’origine contrôlée calvados depuis 1984, étendue à toute la Normandie; plus une AOC calvados-pays d’auge (1984) et plus récemment une AOC calvados-domfront, couplée à une appellation de poiré-domfront, depuis 1998.