(24 900 Rochefortais, 2 195 ha) est une sous-préfecture de la Charente-Maritime, 32 km SSE de La Rochelle. La ville occupe le lobe d’un large méandre de la Charente, sur la rive droite au milieu des marais. La limite communale est fixée par la Charente et ne dépasse que de peu le périmètre du méandre au nord de l’A837. Le site fut choisi par Colbert pour y édifier un grand port de guerre en remplacement de celui de Brouage qui s’était envasé; les navires pouvaient s’y abriter sur le fleuve à près de 20 km de la mer, protégés en avant par les défenses de l’île d’Aix et de Fouras. Le chantier a duré de 1666 à 1690, autour d’un arsenal, qui fut le plus puissant du royaume. Mais l’arsenal a fermé en 1926 et la Marine a définitivement abandonné le site en 2002. Entre temps, Rochefort est passée par de graves moments de crise, et des destructions en 1944, avant de repartir sur de tout autres bases: un puissant effort de restauration, un centre de services avec de bons atouts touristiques, une ville industrielle et même un port de commerce. Rochefort a d’ailleurs reçu en 1993 le grand prix national du patrimoine pour ses efforts de rénovation. La ville a un plan régulier en damier, inscrit dans un demi-cercle autour de l’arsenal, qui longeait la rive droite de la Charente à l’est de la ville. L’orientation des rues principales est d’ailleurs la même qu’à La Rochelle, sensiblement NNE-SSO, parallèlement à l’arsenal; cela a le mérite de les protéger des vents d’ouest, mais ceux-ci peuvent s’engouffrer à l’aise dans les rues transversales. La place centrale, avec l’hôtel de ville, se nomme évidemment place Colbert. Alentour se trouvent la sous-préfecture et les douanes, le théâtre à l’italienne et en bois de la Coupe d’Or, le musée des commerces et métiers d’autrefois; non loin au nord se tient le palais de justice, tout près mais au sud la curieuse maison de Pierre Loti (né à Rochefort en 1850), avec mosquée et salon turc. Tout le bord du fleuve est occupé par les anciennes installations de l’arsenal; la plus spectaculaire est la Corderie, un bâtiment de 370 m de long où se tressaient les cordes des voiliers et qui abrite à présent, entre autres, un Centre international de la Mer présidé par Erik Orsenna, et des instituts de formation (IEQT, ISAAP, v. plus loin). La Corderie est entourée de plusieurs bâtiments (anciennes forges et magasins de vivres) et de toute une série de jardins: de la Marine, des Retours, des Amériques, de la Galissonnière, un labyrinthe végétal de la Bataille navale, une aire des Gréements, etc. Au sud se voient l’hôtel de la Marine et le musée de la Marine, l’arc de triomphe de la porte du Soleil de 1830 à l’entrée, et deux formes de radoub, dont l’une fut longtemps occupée par la construction d’une réplique de la frégate l’Hermione qui amena La Fayette en Amérique et qui fit sa première traversée transatlantique en 2015. Au nord, deux bassins servent désormais aux bateaux de plaisance (300 places au total). Ils amorçaient le tracé des remparts et des douves qui protégeaient la ville vers le nord et l’ouest. Au nord-ouest s’étalent les vastes bâtiments de l’ancien hôpital de la marine, qui ont abrité l’école de médecine navale; il en reste, dans un environnement de jardins, un musée de la médecine navale et tropicale et une immense bibliothèque sur le même thème. Près de l’hôpital a été découverte en 1866, à l’occasion d’un forage, une source d’eau chaude (42 °C, à 856 m), exploitée à présent par un établissement thermal du groupe Eurothermes, refait en 1998 (110 sal.). Vers le sud, les anciens fossés et remparts ont fait place à une coulée verte qui rejoint les abords du centre-ville et se termine par le théâtre du Petit Marseille et le musée archéologique de la Vieille Paroisse. La ville du 17e siècle se termine au sud par un quartier militaire en partie reconverti en un vaste conservatoire de musique. Au-delà, les ressources patrimoniales de Rochefort se complètent d’une zone industrielle en bordure de Charente au SE; puis d’un parc horticole avec un conservatoire du Bégonia, juste hommage à Maurice Bégon, ancien intendant de la marine à Rochefort (1638-1710), dont un envoyé découvrit la fleur aux Antilles. Un peu en aval, le pont transbordeur sur le fleuve mène au Martrou, port de la commune d’Échillais; il date de 1900, a été abandonné, puis rouvert en 1991 aux piétons et cyclistes; depuis 1991 aussi, un viaduc parallèle permet le passage des voitures. Au sud-ouest du méandre subsiste l’ancien aérodrome militaire de Rochefort-Soubise. Au nord de la ville, la voie ferrée dessine une courbe en suivant la bordure des marais, laissant une large place à l’échangeur qui donne accès à l’autoroute des estuaires (A837). Le port de commerce de Rochefort, en amont de la ville, est partagé avec la commune de Tonnay-Charente; son trafic annuel est un peu inférieur au million de tonnes, et les sorties équilibrent presque les entrées; celles-ci sont en engrais et en bois (résineux sciés du bassin de la Baltique), tandis que les céréales dominent aux sorties. Le port a des relations régulières avec la Baltique, l’Islande, les Antilles, le Maroc et l’Afrique occidentale. L’activité industrielle de Rochefort s’était réorientée principalement vers la construction aéronautique; le groupe Airbus y conserve environ 930 emplois (Stelia), Simair (cellules d’aéronefs, holding Nisima) 190, Malichaud (aubes pour réacteurs, états-unien Chromalloy) 210. S’ajoutent à cet ensemble les traitements de surface Metachrome (210 sal.) et Toulousaine de Traitements (40 sal.); une fonderie de la CFFC (Française des fontes en coquille), devenue NDC Foundry (New Die Casting) et réduite à 90 sal.; plateaux de tables stratifiés SM (britannique, 80 sal.), vernis et mastics pour l’ébénisterie (Initiatives Décoration, 85 sal.), matériels électriques Comeca (45 sal.) et Scopeec (50 sal.), chantier naval de plaisance Bavaria (60 sal.). Dans le bâtiment apparaissent les entreprises de génie thermique Hervé (80 sal.), réseaux électriques Signalisation de Bretagne (80 sal.), Allez (70 sal.), travaux publics Eiffage (50 sal.); maçonnerie ECBL (115 sal.). Rochefort est aussi un centre de services étoffé, avec centre hospitalier, cliniques (70 sal.), 3 maisons de retraite dont la Roseraie (40 sal.), les Bégonias (30 sal.), les Jardins d’Iroise (30 sal.); deux collèges publics et un privé, trois lycées publics dont un professionnel qui soutient une plate-forme technologique de plasturgie et métallurgie. Rochefort a également un Institut régional des techniques de l’image et du son (Irtis), une École des ingénieurs en génie des systèmes industriels (EIGSI) plus, dans le domaine militaire, associée à la base aérienne 721, une École de formation des sous-officiers de l’armée de l’air (EFSOAA) et, plus connue, une École des spécialités techniques (EST) par laquelle doivent passer tous les mécaniciens de l’armée de l’air. Depuis 1992, fonctionne aussi à la Corderie un Institut européen de la qualité totale (IEQT), fondé par la Chambre de commerce avec la collaboration de l’Université de Poitiers, et dont le nom très ambitieux signifie qu’il forme des «animateurs qualité niveau II») pour les entreprises. La Chambre de commerce entretient aussi à la Corderie un Institut supérieur des achats et approvisionnements (ISAAP). La société Lodima propose pour sa part un centre de formation professionnelle (métiers du tertiaire). Les autres services et commerces sont surtout représentés dans la distribution par un centre Leclerc (240 sal.), un Intermarché (100), magasins Monoprix (25) et Leader Price (25), Decathlon (30 sal.), Bricomarché (40 sal.) et Bricorama (30 sal.); les négoces France Boissons (50 sal.) et de primeurs Pons (45 sal.); assurances April (35 sal.), informatique Ivooo (60 sal.); transports Dusolier Calberson (80 sal.) et MDN (30 sal.), et autocars Keolis (170 sal.);; collecte d’ordures Suez RV (40 sal.); gardiennage Surveil (45 sal.), La Poste (130 sal.). Rochefort a eu 24 000 hab. en 1851, 36 000 en 1901, et avait un peu perdu ensuite, jusqu’à 26 500 hab. en 1931. Remontée à 30 900 hab. en 1954, sa population diminue depuis, en partie au profit des communes voisines; elle a encore perdu 2 600 hab. depuis 1999. La ville a une «zone urbaine sensible» à l’ouest de la ville, le grand ensemble du Petit-Marseille (1 600 hab.). La communauté d’agglomération Rochefort-Océan groupe 25 communes et 63 500 habitants sur 142 140 ha. L’unité urbaine est de 36 000 hab., l’aire urbaine de 48 800 hab. (141e en France). L’arrondissement a 189 200 hab., 82 communes. Le nouveau canton de Rochefort correspond à la commune. |