(78 620 Rochelais, 2 843 ha) est la préfecture de la Charente-Maritime, sur le littoral. L’agglomération est face à l’île de Ré, mais le port et le centre-ville sont plutôt tournés vers le sud, à l’abri de la large pointe de Chef de Baie. Fondée au 11e siècle par Aliénor d’Aquitaine comme place forte littorale, elle fut dotée de privilèges et exemptions qui en firent très vite une active place marchande et un port de commerce animé, également base d’émigration vers le Québec, par-delà les vicissitudes des guerres franco-anglaises et des affrontements entre huguenots et catholiques — le siège de la place protestante par Richelieu dura 416 jours en 1627-1628. Il reste de ce passé à la fois des défenses, toute une organisation portuaire et des accumulations de richesses patrimoniales. Le centre-ville s’organise autour du Vieux Port, défendu par les très connues tour Saint-Nicolas à l’est, fortifiée comme un donjon et de 42 m de haut, et la tour ronde de la Chaîne qui lui fait face côté ouest; un peu plus loin, la tour de la Lanterne atteint 55 m au sommet de sa flèche octogonale, et offre d’un peu plus bas un vaste panorama. Un bassin à flot se branche à l’est sur le Vieux Port, lequel offre 350 anneaux aux plaisanciers. Un peu plus au sud, au-delà de l’ancien quartier de pêcheurs du Gabut, à présent garni de boutiques, le bassin des grands yachts donne directement sur l’avant-port; il abrite à poste fixe le France I, ancienne frégate météorologique de 80 m. Au-delà du quartier de la Ville en Bois, qui était hors les murs et où l’on a pu trouver de la place pour la nouvelle université, le nouveau port de plaisance des Minimes a été aménagé sur la rive sud de l’avant-port, sous la protection de la pointe des Minimes et d’une jetée en L; il offre 3 300 places, ce qui en fait le plus vaste de toute la côte atlantique de la France. Le centre-ville est servi par un réseau régulier de rues en damier, dont l’axe principal est NNE-SSO, à peu près comme le Vieux Port. Certaines d’entre elles, comme la rue de l’Escale, ont gardé un cachet et des pavés anciens, beaucoup sont bordées d’arcades, et elles fourmillent d’anciens hôtels bourgeois et grosses maisons d’armateurs; préfecture, hôtel de la Bourse et palais de justice occupent des bâtiments du 18e siècle; la porte de la Grosse Horloge s’ouvre près du port. La vaste place de Verdun et celle du Marché marquent à peu près la limite nord du centre monumental, des affaires et des magasins. Plus loin se trouvent encore le jardin des plantes et le muséum d’histoire naturelle puis, le long des anciens remparts, des ensembles d’anciennes casernes et de bâtiments administratifs. La ceinture de défenses, contournée par l’embranchement ferroviaire vers la Pallice, est en effet étendue: elle définit un espace de quelque 1 500 m de largeur. À l’est, elle est marquée par la puissante porte Royale; à l’ouest, les anciennes douves en zigzag offrent une coulée verte de 200 m de large au pied d’une enceinte continue mais percée par 5 rues, qui va de la plage, près de la tour de la Lanterne, jusqu’à l’esplanade des Parcs au nord, en englobant le parc Charruyer: une chance pour une ville de cette dimension. La Rochelle a bénéficié de municipalités intelligentes, notamment celle que dirigea Michel Crépeau (radical de gauche), qui fut député et ministre, et maire de 1971 à 1998; cela lui valut une célébrité dans la croissance «écologique» avec la diffusion des «vélos jaunes» gratuits, ainsi que la création du port de plaisance des Minimes et le salon nautique du Grand Pavois; et aussi, sinon surtout, la mise en valeur de son patrimoine, la multiplication des musées et l’organisation de manifestations culturelles aussi réputées que les Francofolies, journées musicales nées en 1985 de la célébration des anciens rapports entre le port et le Canada. Une quinzaine de musées sont en ville: outre celui d’histoire naturelle, le musée Protestant, les musées d’Orbigny-Bernon (histoire), Lafaille (cabinets de curiosités), Fleuriau (nature régionale), du Nouveau Monde (Amériques), des Beaux-Arts, Grévin, du Flacon à parfum; et, du côté des bassins, les musées des Modèles réduits, des Automates, un musée maritime Neptunéa, un musée à quai et le musée à flot du France-I, et un grand aquarium. La Rochelle dispose aussi d’une scène nationale réputée (La Coursive) et tient plusieurs festivals, dont celui du cinéma en juin. Vers l’ouest au nord de l’avant-port, le centre-ville se prolonge par la plage de la Concurrence et le beau mail qui mène au casino, environné de jardins et de parcs en terrasses au-dessus du rivage. Au-delà, tout le cap de Chef de Baie est inclus dans la commune de La Rochelle, avec l’ancienne commune de Laleu et le port de la Pallice. À la pointe même, le nouveau port de pêche de La Rochelle a été aménagé et ouvert en 1994; il s’accompagne d’installations agro-alimentaires du pôle Agrocéan. Juste au nord se trouvent les bassins du port de commerce, qui traitent environ 7 à 8 Mt par an: 2 de céréales aux entrées, 2,5 de produits pétroliers, 1 de bois et presque autant de sables et graviers aux sorties: c’est le 8e port français pour les marchandises. Le port est abrité derrière une longue jetée en L qui porte la gare maritime; les navires de croisière peuvent aussi accoster: ils ont apporté 15 000 visiteurs à la ville en 2004. Au nord du port, la rocade de La Rochelle mène au viaduc routier de l’île de Ré. Au-delà se trouve l’aéroport de Laleu, lui aussi dans la commune, doté d’une piste de 2 140 m et de relations avec Lyon (Airlinair), Londres et Southampton. Le port est entouré de vastes zones d’industrie, stockage et négoce, qui représentent le principal lieu d’emplois de la ville en dehors des bureaux et hôpitaux. Outre ses banlieues industrielles de Puilboreau et surtout Périgny et Aytré, la commune compte notamment une usine Rhodia Solvay spécialiste de chimie des terres rares et travaillant pour les pots à catalyse d’automobiles (370 sal.), une métallerie fabriquant des bennes pour le nettoiement (Semat-OMB, 200 sal.), une fabrique d’engrais (Angibaud-Guano de poissons, 95 sal.), les chantiers navals Fountaine Pajot (110 sal.); traitements de surfaces Galva Atlantique (50 sal.), des ateliers de plastique ATMC (75 sal.) et Extruplast (40 sal.), Roche (35 sal.), de toiles Incidence Sails (90 sal.), miroiterie Saint-Gobain (40 sal.), une grosse fabrique de pâtisseries Atlantique Alimentaire (180 sal.), les viandes Bouchers Services (70 sal.), ingrédients alimentaires Innovia (40 sal.), conserves de poisson Maison Mer (35 sal.); imprimerie Rochelaise (45 sal.); plusieurs entreprises de manutention portuaire (Silo La Rochelle-Pallice, 80 sal.) et transports: Sarrion-Charbonnier (110 sal.), Hautier (95 sal.), Altead Augizeau (50 sal.), Robin (35 sal.), Samat (35 sal.), autocars TTO (Océcars, 120 sal.). Dans les services et le bâtiment se signalent l’immobilier Atlantic Aménagement (110 sal.) et la Rose des Vents (50 sal.), la menuiserie Ridoret (35 sal.), les analyses Silliker (70 sal.) et Aurea (65 sal.), ingénierie Créocéan (60 sal.), conseil Sellsy (50 sal.); le nettoyage Ansap (35 sal.), collecte d’ordures NCI (95 sal.), gardiennage GIP Atlantique (55 sal.), publicité Prest’Anim (45 sal.), plusieurs grands garages et hôtels. La Rochelle est bien entendu aussi un haut lieu de santé et de formation. Son centre hospitalier totalise 4 000 employés dont 300 médecins, 1 730 lits; s’y ajoutent la clinique du Mail qui emploie 160 personnes en deux établissements, et des maisons de retraite dont Orpea (60 sal.). Elle a reçu en 1993 une université de plein exercice, d’environ 8 200 étudiants, 900 enseignants et employés, couvrant un large éventail de disciplines hors de la médecine, et compte trois facultés, treize centres de recherche dont un certain Otelo, sigle pour Organisation des Territoires et Environnement dans les Espaces Littoraux et Océaniques…; plus un IUT de 5 départements et 840 étudiants, un IUP de 500 étudiants et l’École d’Ingénieurs en Génie des Systèmes industriels (EIGSI), 500 inscrits également. L’enseignement secondaire est dispensé dans sept collèges publics et un privé, huit lycées publics (dont un hôtelier) et deux privés. Les principaux autres établissements du tertiaire sont des banques dont la BNP (65 sal.) et la Société Générale (40 sal.), un centre Leclerc (160 sal.) et les magasins Super U (55 sal.) et Intermarché (75, 40 et 35 sal.), Monoprix (70 sal.), Galeries Lafayette (45 sal.); négoce de produits chimiques Borealis (35 sal.), d’accastillage Brinswick (40 sal.), de poissons Foro Marée (35 sal.), de matériaux Vama (35 sal.); l’Aquarium (35 sal.), le Stade Rochelais (65 sal.); agence du quotidien Sud-Ouest (40 sal.), assurances Allianz (55 sal.), Adenes PPE (40 sal.). EDF déclare 850 emplois, Enedis 95, Engie 125, La Poste 150. La Rochelle a aussi son casino, au groupe Barrière (100 sal.). Le TGV relie désormais La Rochelle à Paris en 2h30. La Rochelle a eu autour de 16 000 hab. dans la première moitié du 19e s., a absorbé en 1880 la commune de Laleu au nord (1 200 hab.) et a passé les 30 000 hab. en 1900; elle a poursuivi sa croissance sans arrêt jusqu’en 1975, où elle a culminé à 79 800 hab. et s’est retrouvée à 76 600 en 1999 après un creux à 71 000 en 1990. Elle a diminué de 1 440 hab. depuis 1999. La Rochelle a deux zones urbaines sensibles, le grand ensemble de Villeneuve les Salines au sud-est (8 100 hab.), et au nord-ouest le vaste périmètre de Mireuil, Laleu, la Pallice et la Rossignolette, qui s’étend jusqu’au port de la Pallice et regroupe 18 100 hab.: de loin la plus peuplée de la région, elle a obtenu le statut de zone franche en 2003. La communauté d’agglomération de la Rochelle rassemble 28 communes et 166 200 habitants. L’unité urbaine est de 116 200 hab., l’aire urbaine de 171 200 hab. (48e en France). L’arrondissement a 214 600 hab., 58 communes. Les 3 nouveaux cantons de La Rochelle divisent simplement la commune (26 100, 23 900 et 24 100 hab.). |