département de la région Centre, qui a pour préfecture Bourges, sous-préfectures Saint-Amand-Montrond et Vierzon. Il occupe 7 235 km2 au sud-est de la région, où il contient plusieurs villages qui s’estiment au centre géométrique de la France métropolitaine et continentale. Il a pour voisins l’Indre, le Loir-et-Cher et le Loiret, et à l’extérieur de la région la Nièvre, l’Allier et une étroite limite de la Creuse, qui relèvent de régions différentes; il est donc riverain de la Bourgogne, de l’Auvergne et du Limousin. Il est divisé en 19 nouveaux cantons et 287 communes, elles-mêmes regroupées en une communauté d’agglomération (Bourges), 15 communautés de communes. La population municipale officielle est de 304 260 habitants en 2020 (311 400 en population totale) selon les comptages de 2017. Sa population est passée par un premier maximum assez tardif à 359 000 en 1891, puis s’est abaissée jusqu’à un minimum de 284 000 en 1954, non moins tardif. Le territoire départemental est très centré sur Bourges, qui dispose d’une étoile d’une dizaine de routes; mais son agglomération est tirée vers le nord-ouest par la proximité de Vierzon, avec Mehun-sur-Yèvre et Foëcy en relais et le val du Cher. Un axe presque méridien (nord-sud) s’esquisse ainsi par Vierzon, Bourges et Saint-Amand-Montrond; il correspond à la radiale de Paris vers Clermont-Ferrand, où passent la voie ferrée, la N144 et surtout à présent l’A71 dite Arverne. Cet axe suit en gros la vallée du Cher, tout en s’en écartant en faveur de Bourges. Les deux autres voies principales, formant avec cet axe le treillage classique, sont d’une part la route SO-NE de Châteauroux à la Loire (N151), qui à l’est se divise en une route vers La Charité (N151 aussi) et une vers Sancerre et Cosne; d’autre part, la diagonale NO-SE marquée par la N76, tronçon d’un Nantes-Tours-Lyon ou Genève en devenir, qui se confond avec l’axe N-S entre Vierzon et Bourges puis file vers la N7 et Mâcon. Les autres voies, vers Gien au nord ou La Châtre au SSO, sont d’intérêt local. Vers l’est, les circulations le long de la Loire se font à l’extérieur du département, sur l’axe Paris-Nevers. Bourges est proche du contact de deux domaines assez opposés qui divisent le territoire départemental: les espaces boisés du nord, la grande plaine de la Champagne berrichonne au sud. La rupture est soutenue par la côte des terrains crétacés du cénomanien, qui dessine un grand arc au nord de Bourges et culmine à 431 m à la Motte d’Humbligny. Cette opposition ne va toutefois pas sans nuances, qui se retrouvent dans les unités de paysages et les régions agricoles du Cher. Les terres au nord-ouest de Bourges relèvent de la Sologne: épandages sableux, étangs et grands bois; Vierzon est déjà une ville solognote, et le grand observatoire astronomique de Nançay est en pleine Sologne. Les collines du nord-est, assez vivement accidentées dans le plateau du Crétacé, forment le Sancerrois à l’est et, au nord, le Pays Fort: terroirs morcelés, beaux paysages aux nombreux bois, polyculture avec des spécialités comme les vins du Sancerrois et de Menetou-Salon, les vergers de la «Forêt» des environs de Saint-Martin-d’Auxigny, les crottins de chavignol ou les sites touristiques des environs d’Aubigny-sur-Nère, La Chapelle-d’Angillon et Henrichemont. Le département n’y atteint pas la Loire en aval de Belleville-sur-Loire. À la limite orientale, il inclut bien une part du Val de Loire sur 70 km entre le Bec d’Allier et la centrale nucléaire de Belleville, mais étroite: le coteau de rive gauche, berrichon, est tout près du fleuve et les circulations sont en Bourgogne; seule Sancerre-Saint-Satur y fait comme une tête de pont; au sud-est, les routes de Bourges à Nevers et de Bourges à Moulins traversent l’Allier et non la Loire, et n’ont pas fixé de ville sur ces passages, même pas une bourgade. Seule Sancoins est une sorte de sas entre Bourgogne, Auvergne et Berry, ce qui d’ailleurs lui vaut de conserver le premier marché aux bovins de France. Mais on est là dans un paysage original et particulier: celui des terres lourdes et humides du Lias en bordure du Massif Central, soulignées par les grands bois d’Apremont dans le Cher ou de la forêt de Tronçais dans l’Allier, et par un ruban de prairies où coule l’Aubois et où s’insinue l’ancien canal de Berry. Ce Val d’Aubois ou Val de Germigny forme un arc d’une cinquantaine de kilomètres à la bordure sud-est du département, entre Cher et Loire. De l’autre côté du Cher, il est prolongé et élargi dans le Boischaut, bocage à herbages qui s’épanouit dans l’Indre. Le département va assez loin au sud pour incorporer une fraction du Massif Central dans ce que l’on nomme la Marche, un terme qui évoque bien une limite, une frange historique; les altitudes s’y élèvent jusqu’au point culminant de la région Centre au Magnoux de Préveranges (504 m); Châteaumeillant et Culan y conservent leurs châteaux-sentinelles. L’aspect bocager de ces bordures méridionales, un peu sombre mais piqueté de blanc par les nombreux bovins charolais, contraste avec les larges horizons et les grands champs nus de la Champagne berrichonne, qui s’étale à l’est et au sud de Bourges et se prolonge à l’ouest dans le département de l’Indre. Cette Champagne, qui correspond en gros à un affleurement de calcaires jurassiques plus ou moins couverts de limons, est depuis longtemps un pays de grande culture à fermage. Toutefois, elle n’est pas aussi homogène que semblerait l’indiquer une carte géologique: le relief s’élevant vers le sud et le sud-est, et dominant le Boischaut et l’Aubois par une côte discontinue en partie dédoublée, il s’y divise en collines de plus en plus vigoureuses et boisées vers le sud; aussi cette Champagne admet-elle dans sa partie méridionale jusqu’à de grands bois, comme les forêts de Chœurs et de Thoux à l’ouest de Châteauneuf-du-Cher, de Maulne, de Meillant et d’Arpheuilles entre Saint-Amand-Montrond et Dun-sur-Auron. Lignières-sur-l’Auron, s’y affiche à l’ouest comme capitale de l’âne. Saint-Amand fait le lien entre cette Champagne quelque peu hérissée et les bocages méridionaux. Les paysages nus ne règnent finalement qu’entre Bourges et Issoudun, et surtout vers l’est, où s’étale aussi le vaste camp d’Avord. Au total, la statistique agricole attribue 41% de la superficie du département à la Champagne (300 000 ha) et 15% à la Sologne, ce qui semble assez généreux dans les deux cas; viennent ensuite le Pays Fort-Sancerrois avec 13%, le Val de Germigny (Aubois) avec 12%, le Boischaut avec 10%; enfin la Marche (5%) et le Val de Loire (3%). Sur 731 000 ha, la surface agricole compte pour 435 000 (64%) et la forêt pour 190 000 (25%). Le Cher consacre 335 000 ha aux labours (dont 208 000 aux céréales), 132 000 à l’herbe, seulement 4 300 aux vignes et 600 aux vergers. |