département le plus septentrional de la région Centre; il couvre 5 929 km2 et a pour préfecture Chartres, pour sous-préfectures Châteaudun, Dreux et Nogent-le-Rotrou. Ses habitants sont parfois dits Euréliens. Il est divisé en 15 nouveaux cantons et 365 communes, elles-mêmes regroupées en deux communautés d’agglomération (Chartres et Dreux) et huit communautés de communes. Il est limitrophe des Yvelines et de l’Essonne en Île-de-France, de l’Eure en Haute-Normandie, de l’Orne en Basse-Normandie, de la Sarthe en Pays-de-la-Loire, ainsi que du Loir-et-Cher et du Loiret en région Centre. Sa population officielle en 2020 est de 433 200 hab. Passée par un premier maximum à 294 600 hab. en 1851, elle était descendue à 251 000 en 1921, puis a augmenté après la guerre; elle avait atteint les 300 000 hab. en 1966, les 400 000 en 1995. Cette croissance est due au voisinage de l’Île-de-France, dont le peuplement déborde sur les franges orientales du département, et dont une partie des activités s’est desserrée vers les villes euréliennes, Chartres, Dreux et Vendôme surtout. L’Eure-et-Loir, partagé comme son nom l’indique entre le bassin de la Seine par l’Eure et celui de la Loire par le Loir, est intercalé entre Paris et les régions du Grand Ouest; mais son territoire relève principalement du Bassin Parisien, même s’il est ici dans sa partie la plus étroite par rapport à la capitale. Ses paysages sont dominés par les bas plateaux et quasi-plaines de la Beauce, qu’il partage toutefois avec l’Essonne et le Loiret. L’image de la cathédrale de Chartres plantée au milieu des champs de blé a souvent frappé les imaginations. La plus grande partie du département relève de la Beauce; le Drouais n’en diffère que modérément. Seules les vallées encaissées de l’Eure, du Loir et de l’Avre mettent un peu d’animation dans ces paysages de grands champs opulents, aux grosses fermes espacées et aux villages maigres et dépeuplés, auxquels la floraison de nouvelles et immenses éoliennes donne un air d’étrangeté. Ne reste ainsi à l’ouest que le rebord oriental du Perche, lui-même divisé en (vrai) Perche, accidenté et vert, et Faux Perche, ou mieux Perche Gouët, en transition orientale vers la Beauce. Le faible peuplement donne aux bourgs des avantages, comme lieux de services et de commerces dont les villages sont dépourvus: aussi évoque-t-on un Dunois, ou des Beauces Alnieloise (d’Auneau), Vovéenne (de Voves), d’Orgères ou de Janville. Vers le nord, les débordements franciliens apportent des nuances de bois d’agrément, de résidences secondaires puis principales, volontiers fleuries, un peuplement plus diffus et proliférant: Maintenon, Épernon, Gallardon, Anet sont de lointaines banlieues parisiennes, dont la tendance serait à tourner le dos à Chartres et à la Beauce. La proximité de Paris fait aussi que les liaisons principales sont de grandes traversées un peu étrangères. L’ancienne route de Paris en Espagne, modernisée sous la forme de la nationale 10, passe par Chartres et Châteaudun, puis Vendôme et Tours; mais l’autoroute A10 entame peu à l’est le département pour mieux desservir Orléans; et si la ligne du TGV Atlantique reprend un tracé plus direct, c’est au milieu des champs de blé: Chartres et Châteaudun étaient trop proches, seule Vendôme en Loir-et-Cher a obtenu une gare avant la Touraine. À la limite sud-ouest du département près d’Arrou et Courtalain se greffe la ligne à grande vitesse vers Le Mans, sans plus d’impact local. Chartres est aussi sur l’axe de Paris à Rennes ou Nantes, matérialisé par la N23 et la voie ferrée, qui passent par Nogent-le-Rotrou avant d’arriver au Mans; l’autoroute A11 suit la même direction, mais plus directement, en s’écartant de Nogent. La réunion des deux faisceaux de Paris vers Tours et Bordeaux d’un côté, vers Le Mans et la Bretagne de l’autre, fait évidemment du couloir de Paris à Chartres un axe très fréquenté et même encombré, dont une petite partie seulement des trafics diffuse dans le quart nord-est du département. L’Eure-et-Loir n’est guère qu’effleuré par les autres radiales: celle de Paris à la Bretagne du Nord et au golfe de Saint-Malo (N12 et N26, voie ferrée vers Granville) frôle Dreux et passe vite dans l’Eure en Normandie; celle de Paris à Orléans, ferroviaire, routière (N20) et autoroutière (A10) ne fait que traverser un coin de Beauce eurélienne tout près de la limite du département du Loiret. Chartres dispose bien d’une étoile de routes, mais plutôt à cinq branches qu’à six — vers Paris, Dreux, Nogent-le-Rotrou-Le Mans, Châteaudun-Tours et Orléans. L’alignement nord-sud des trois principales villes, Dreux, Chartres et Châteaudun, peine d’autant plus à se constituer comme axe qu’il ne correspond à aucun principe d’organisation à l’échelle régionale ou à celle du Bassin Parisien. Et, si Nogent-le-Rotrou est une petite ville appréciée des visiteurs dans un environnement attrayant au cœur du parc interrégional du Perche, cet environnement même, en raison de son côté accidenté, plus la concurrence de l’A11 et de la ligne de TGV, éloigne les trafics et jusqu’aux capitaux de ce qui apparaît comme un coin d’ombre à la jointure de trois régions. L’Eure-et-Loir, par la Beauce surtout, est l’un des départements les plus cultivés et les plus productifs de l’agriculture française. Il consacre 77% de sa surface (454 000 ha) à la culture, principalement céréalière: les herbages ne comptent que pour 3%, les bois pour 12%. Les villes sont actives, et ont largement bénéficié des desserrements parisiens et des investissements étrangers qui leur sont associés, mais elles ont surtout reçu des ateliers de façonnage et des bureaux de routine. Chartres a cependant un embryon d’enseignement supérieur sous la tutelle d’Orléans. Le département fait grand état d’une Cosmetic Valley, comme l’on écrit à la californienne en imaginant plaire aux divinités de la créativité, et le pays Chartrain a bien reçu des usines de cosmétiques; mais la base principale de la dite «vallée» est à Orléans, et les ateliers de production ne sont pas nécessairement assortis de laboratoires. |