(221 270 Rennais, 5 039 ha) est la préfecture de l’Ille-et-Vilaine. Le nom de Rennes dérive d’une tribu des Redones, dont le nom, selon A.J. Raude, aurait signifié conducteurs de chars et serait lui-même dérivé d’une vieille racine en rod, la roue; le breton en a fait Roazon. Il est toutefois très proche de la racine celte pour le gué. Il est de fait que Rennes est très tôt apparue comme un carrefour, et s’est trouvée au centre d’une étoile de huit routes romaines. Bien avant le nom de Rennes, elle se nommait Condate, confluent; la ville romaine était précisément dans l’angle formé par la Vilaine et l’Ille, au NE du confluent. Le centre-ville y est resté, des traces de l’enceinte carrée de la ville romaine y ont été trouvés. La ville médiévale s’y est développée, s’entourant au 15e siècle d’une enceinte dont le contour se lit dans les rues qui entourent le centre-ville actuel, presque entièrement rebâti après un terrible incendie en 1720. Au 18e siècle, l’habitat a franchi la Vilaine dans une nouvelle ville au plan quadrillé, doublant à peu près l’ancienne, et à l’extrémité méridionale de laquelle la gare a pris place au 19e siècle. Le centre de Rennes apparaît ainsi triple. Le carré initial s’organise autour des places du Parlement et de la Mairie au sud-est, de la cathédrale Saint-Pierre et des Lices (avec les halles) au sud-ouest, Hoche et Sainte-Anne au nord. La plupart des rues piétonnes sont dans la partie sud, où trônent les principaux monuments: palais du Parlement (17e s.), actuel palais de justice, très endommagé par un incendie en 1994 mais rétabli; opéra, hôtel de ville (18e s.), cathédrale (refaite au 19e siècle); le très vieux Rennes est entre celle-ci, les Lices et Sainte-Anne. Le second élément correspond à l’extension de la ville bourgeoise et des pouvoirs vers l’est de la ville ancienne, de part et d’autre de son ancienne limite et en direction du magnifique jardin des plantes du Thabor, créé au 19e siècle, un peu en relief sur 10 ha, avec jardin botanique et roseraie dans les anciennes possessions de l’abbaye bénédictine de Saint-Mélaine: palais Saint-Georges (17e s.) au sud, hôtels de la préfecture et du conseil général, ancienne université. Le troisième est l’espace des 18e-19e s. entre Vilaine et gare, qui a reçu d’autres bâtiments publics et administratifs moins prestigieux, les musées des Beaux-arts et de Bretagne et le palais du Commerce, plus le Théâtre national, les nouvelles halles et la salle de la Cité. Il s’organise en partie autour de l’esplanade De Gaulle au sud-est, du grand centre commercial Colombia au sud-ouest; au-delà du boulevard occidental (la Tour d’Auvergne), ont pris place l’hôtel de police, la nouvelle cité judiciaire et l’école du notariat. Le nouvel ensemble des Champs Libres (2006, C. de Portzamparc) réunit la grande bibliothèque de Rennes Métropole, le Musée de Bretagne, l’Espace des Sciences et son Planétarium en 3D, et des salles de conférences et d’expositions. Entre ce troisième ensemble et le premier, la Vilaine a été recouverte sur 500 m en amont du confluent de l’Ille, ce qui assure la suture du centre-ville. Autour de ces trois éléments centraux, qui font classer Rennes parmi les «villes d’art et d’histoire», les quartiers du 19e et du 20e siècle montrent l’ampleur de la croissance rennaise. Une première ceinture de boulevards, à environ 2 km du centre, a été vite dépassée. Une grande rocade, à environ 4 km du centre, fait à peu près le tour de la commune, mordant sur les voisines à l’est mais non à l’ouest; elle est jalonnée d’échangeurs, nommés «portes», qui ont fixé des zones d’activité et des centres commerciaux. Au nord du centre, le quartier d’habitation de Maurepas a inauguré les grands ensembles d’HLM des années 1960, et se classe à présent en «zone urbaine sensible», mais il est flanqué par les grands parcs boisés et installations sportives qui longent l’Ille; à l’ouest de celle-ci, une avancée de la commune de Saint-Grégoire associe une grande zone industrielle et le centre commercial du Grand Quartier. La ville comprend douze quartiers, associés deux à deux en six secteurs officiels de la politique de la ville. Le secteur nord-ouest a reçu les vastes campus hospitaliers et universitaires et de la métropole (Pontchaillou et Villejean), avec l’École nationale de Santé publique et l’Institut régional du travail social, plus quelques administrations; à l’ouest de ces installations, le grand ensemble de Villejean fait partie des zones urbaines sensibles; juste au-delà de la rocade se tient le lycée agricole et horticole privé de la Lande de Breil. À l’ouest, entre les sorties vers Brest et Lorient, dominent les installations de l’agriculture: École nationale des Sciences agronomiques, Maison de l’Agriculture, plus un centre d’affaires et, au bord de la Vilaine, le Stade Rennais. Au-delà de la porte de Lorient, s’étale la zone industrielle Ouest, où sont notamment la grande usine de caoutchoucs de la Barre-Thomas, et le marché d’intérêt régional. Passé la Vilaine, le sud-ouest juxtapose le centre commercial et le quartier «sensible» de la porte de Cleunay et, au-delà de la rocade, de grands espaces verts autour la base de loisirs de la Prévelaye, ainsi qu’un vaste domaine de l’armée, avec l’établissement du GIAT et le Commissariat à l’Armée de Terre, mais dans la commune de Saint-Jacques-de-la-Lande. Au sud du centre se situent notamment la maison d’arrêt, le centre pénitentiaire de femmes et la caserne de gendarmerie; plus loin, dans un environnement moins sévère, le parc de Bréquigny et ses installations de sports et d’études, le centre commercial Alma et, au-delà de la rocade, l’écomusée du pays de Rennes, dans le parc de 15 ha de l’ancien domaine agricole de la Bintinais. Toutefois, ce sud compte aussi deux zones urbaines sensibles (Champs Manceaux et les Cloteaux, le Blosne). En direction du sud-est se situent les triages ferroviaires et une grande zone industrielle débordant sur Cesson-Sévigné, où ont pris place notamment les installations du grand quotidien Ouest-France. L’est de la commune, au nord de la Vilaine, est occupé par le très grand complexe universitaire scientifique de Beaulieu, qui déborde aussi sur Cesson et autour duquel gravitent l’hôpital psychiatrique, l’INSA, l’École supérieure d’application des transmissions (ESAT) et le musée des Transmissions, l’IUT et le technopole Rennes-Atalante, qui est entièrement sur le territoire de Cesson. Le centre commercial des Longs Champs et le très grand parc des Gayeulles, avec étangs et base de plein air et loisirs, marquent le nord-est de l’agglomération, en direction de la porte de Normandie dont le vaste échangeur de communication avec l’autoroute des estuaires occupe une bonne part du finage septentrional de Cesson; le Conseil régional s’est installé au NNE de la commune de Rennes, à l’ouest des Gayeulles. Un métro de type VAL, automatique, a été mis en service en 2002; la ligne compte 15 stations sur 9 km, du quartier de Villejean au nord-ouest à celui de Blosne au sud-est, en passant évidemment par le centre et la gare; 16 rames assurent des services à haute fréquence; le temps total de parcours est de 16 minutes. Le métro emploie une centaine de personnes. Une seconde ligne projetée pour 2020 irait de la porte de Saint-Nazaire (au sud-ouest) aux Longs Champs (au nord-est) puis à Cesson, tandis que la première doit être prolongée vers Chantepie au sud-est. Rennes a longtemps été une grande cité bourgeoise provinciale, dominée par le Parlement et le monde judiciaire, ne négligeant pas les possessions foncières dans son rayon d’attraction, la vénérable université elle-même, apparue au 15e siècle, contribuant à la reproduction de cette forme sociale. Mais elle est devenue après la dernière guerre un point d’appui majeur du développement provincial, assez près de Paris pour profiter pleinement des prétendues «décentralisations» vers l’Ouest à la recherche de main-d’œuvre abondante et bon marché, assez loin pour conserver une marge d’initiative, adossée à une région peuplée et active qui ne cherchait plus son salut dans la seule émigration. Elle passe pour un modèle de croissance et de diversification, et a eu la chance de bénéficier d’équipes municipales de qualité, sous la houlette d’Henri Fréville au temps de la droite, puis d’Edmond Hervé, socialiste, ancien ministre, maire de 1977 à 2008. Les principaux changements sont venus de l’apparition de certaines industries, et spécialement de l’installation de Citroën en banlieue sud et ouest, avec de nombreux effets induits; et probablement plus encore du développement et de la diversification du milieu universitaire et de la recherche, notamment dans la santé et les sciences, ainsi que d’une politique culturelle adaptée à une population mieux formée. Les universités rennaises totalisent 58 000 étudiants et 4 000 chercheurs; les grandes écoles sont l’ENS Agronomique, l’ENS de Chimie (ENSCR), l’EN de Santé publique (ENSP), l’INSA (sciences appliquées), l’INSFA (formation agro-alimentaire); la commune a 17 lycées publics et 8 privés. La ville organise de grands festivals annuels; cinéma (Travelling et Jeunes), conte (les Mythos), création (les Tombées de la nuit), jazz, Transmusicales, marionnettes et mimes pour enfants (Marmaille), mise en scène, arts électroniques, culture bretonne (Yaouank). Le centre hospitalier a 1 700 lits, plusieurs cliniques en totalisent 400 dont l’Espérance 70; maisons de retraite dont les Roseraies (70 sal.). Rennes est également une ville de garnison, avec l’état-major régional, le 16e GA (groupe d’artillerie), le 3e GLCAT (groupe logistique du commissariat de l’armée de terre), l’ESAT (école des transmissions) à Cesson, et le CTAC (centre territorial d’administration et de comptabilité), auxquels s’ajoute le centre électronique de l’armement de Bruz (Celar). Le Stade Rennais occupe 170 salariés, le Théâtre National de Bretagne 100. Dans les banques, assurances et affaires se distinguent le Crédit mutuel de Bretagne (Arkea, 950), Allianz (310 sal.), Avanssur (Axa, 280 sal.), Direct Assurance Vie (Axa, 260 sal.), GLD (conseil, 220 sal.), la Société Générale (200 sal.), la Banque de France (140 sal.), Geirec (comptabilité, 130 sal.), Avenir Sécurité (110 sal.), la BNP (100 sal.), la Banque Postale (100 sal.), Elan Créateur (conseil, 100 sal.), le Crédit Lyonnais (85 sal.), Sirica (Crédit Agricole, 85 sal.), Brinks (65 sal.), GMF (55 sal.), Téléassurances (55 sal.) BPI (50 sal.). Quantité d’entreprises s’affichent dans l’informatique et la communication comme France-Télécom (Orange, 1 300 sal. en plusieurs unités), le quotidien Ouest France (890 sal.), Canal Plus (320 sal.), Atos Origin (260 et 60 sal.), Sopra Steria (240 sal.), GFI (210 sal.), Pages jaunes (210 sal.), Alyotech (190 sal.), France-Télévisions (180 sal.), AG2R (160 sal.), Infotel (150 sal.), Mediapost (130 sal.), Precom (publicité, 130 sal.), SFR (120 sal.), Open (115 sal.), Creative Ingénierie (100 sal.), ASI (90 sal.), Bureau Veritas (85 sal.), Espacil (85 sal.), Apside (ingénierie, 65 sal.), Citedia (70 sal., spectacles), Diana Natural (70 sal.), Fidal (juriste, 65 sal.), Worldline (60 sal.) Infomer (presse, 55 sal.), laboratoire Atalante Pathologie (55 sal.) Les grands magasins de la commune sont un centre Leclerc (à Cleunay, 420 sal.), un Intermarché (140 sal.), Super-U (130 sal.), les Galeries Lafayette (120 sal.), Monoprix (100 sal.), le Printemps (75 sal.), la Fnac (75 sal.), Metro (80 sal.), un Carrefour (50 sal.); Ekyog (habillement 70 sal.), Conforama (60 sal.); négoces de robinetterie Lorans (140 sal.), de vaisselle P. Le Goff (65 sal.), de matériaux Point P (BM, 50 sal.); formation permanente Aftec (90 sal.) et AFPA (75 sal.); aide à domicile et accueil d’enfants Kangourou Kids (150 sal.), O2 (140 sal.), Domicile Clean (65 sal.), Pistache (55 sal.), Merci Plus (50 sal.); intérim Standyr (350 sal.), SMB (70 sal.), Aide au Logis (60 sal.), Global Services (55 sal.) Dans la gestion d’immeubles, Office public Archipel Habitat 240 sal., Espacil Habitat 210, Aiguillon 140, Les Foyers (70 sal.), Giboire (60 sal.). La commune de Rennes a de nombreuses entreprises de construction, travaux publics et réseaux et d’entretien, comme Eiffage (170 sal.), Cegelec (120 sal.), Veolia (100 sal.), CRLC (revêtements, 65 sal.), Charrier (60 sal.), Soprrema (60 sal.), SMAC (55 sal.), Kone (55 sal.), ainsi que le nettoyage urbain Netra (Veolia, 55 sal.); blanchisserie Initial BTB (90 sal.); gardiennage et sécurité Securitas (180 sal.) Protec Securité (70 sal.). EDF signale 430 salariés, Enedis 270, GRDF 50 sal. Le groupe des Hôtels Ferré a 55 salariés. L’industrie a évolué. La plus grosse unité reste l’usine de joints en caoutchouc de la Barre-Thomas, créée en 1953 à l’ouest de la ville pour faire des roulements à bille et des pièces de caoutchouc, puis spécialisée dans les élastomères et, dès l’origine, liée à l’approvisionnement de l’usine Citroën de la Janais; elle a été vendue plusieurs fois, et appartient depuis 2011 à Cooper Standard, qui a inauguré en 2016 une usine neuve (880 sal.); électronique du groupe ST Microelectronics (220 sal.), transmissions hydrauliques Parker Hannifin (160 sal.), issue du groupe Legris. Les autres activités productives sont diversifiées: viandes et plats préparés Bouchers Services (430 sal.), Maître Jacques (230 sal.), ASB (55 sal.), spiritueux du groupe Ricard (65 sal.); cosmétiques Yves Rocher (290 sal.) et produits d’homéopathie Boiron (60 sal.). Dans les transports urbains, le réseau urbain Keolis emploie 860 personnes, les Transports d’Ille-et-Vilaine (TIV, groupe CAT) 260, STEF 180, CombiWest (50 sal.). La Sncf affiche 3 500 salariés, mais sans doute pour l’ensemble du réseau, La Poste 760 sal. L’arrondissement de Rennes a 593 100 hab., 111 communes et 23 300 ha. La communauté Rennes Métropole groupe 43 communes et 433 000 habitants (70 500 ha). L’aire urbaine selon l’Insee a 185 communes et 711 000 hab. sur 374 700 ha, l’unité urbaine 13 communes (327 000 hab., 28 440 ha). Six nouveaux cantons portent le nom de Rennes; trois divisent Rennes, les trois autres ont une fraction de Rennes et une communes voisine: Chantepie pour le 3, Saint-Jacques-de-la-Lande pour le 5, Pacé pour le 6. |