département au sud-ouest de la région Centre. Il a pour préfecture Châteauroux, pour sous-préfectures Le Blanc, La Châtre et Issoudun. Il mesure 6 791 km2 (6 903 pour la statistique agricole) et il est divisé en 13 cantons et 241 communes, regroupées en une communauté d’agglomération (Châteauroux) et 14 communautés de communes. Il est limitrophe de l’Indre-et-Loire, du Loir-et-Cher et du Cher dans la même région, de la Creuse, de la Haute-Vienne et de la Vienne en Nouvelle Aquitaine. L’Indre a une population officielle de 222 200 hab. en 2020 (population municipale), 228 000 en population totale. Elle était de 296 000 en 1886 et n’a presque pas cessé de décliner se tenant de 1920 à 1975 aux alentours de 250 000 avant de chuter à nouveau. Cela tient très largement à sa position aux marges méridionales du Bassin Parisien et au contact du Massif Central, et à l’absence de grande ville: l’agglomération de Châteauroux n’est que 85e en France par son aire urbaine, après Chartres, Bourges et même Blois. Le déficit démographique est à peu près entièrement dû au solde naturel des naissances et des décès, sensiblement négatif. Le territoire départemental appartient presque entièrement au Bassin Parisien. Toutefois, il mord un peu au sud sur les terrains anciens du Massif Central, où son altitude s’élève jusqu’à 459 m à Pouligny-Notre-Dame. Cette fraction de la Marche est bocagère, herbagère, accidentée par les vallées de l’Indre et de la Vauvre, de la Bouzanne, de la Creuse et de l’Anglin, qui y introduisent plusieurs sites pittoresques et recherchés; les principaux sont ceux d’Éguzon et du lac Chambon, de Gargilesse un peu en aval, dans l’arrière-pays d’Argenton-sur-Creuse. La Marche est précédée au nord par une dépression périphérique dégagée dans les marnes du Lias, qui prolonge vers l’ouest les dépressions du sud du département du Cher (Aubois, Germigny) et correspond au Boischaut, parfois dénommé Vallée Noire depuis les descriptions de George Sand. De la sorte, toute la partie méridionale du département est verdoyante, orientée vers les élevages à viande et laitiers, avec une population assez peu dense et qui tend à diminuer; ses principaux centres de services sont La Châtre, Argenton-sur-Creuse et Le Blanc, bien que celle-ci soit dans une situation plus ouverte et plus variée à proximité du Poitou, de la Brenne et de la Touraine. La Brenne est entièrement dans le département de l’Indre et se définit par ses sols et ses paysages comme une contrée d’étangs, de landes et de bois, apparentée à la Sologne et pour des raisons voisines, tenant à la présence d’épandages sableux et plats issus du Massif Central à l’éocène. Mais, à cause de son éloignement de Paris et du Val de Loire, elle n’a pas bénéficié d’autant investissements et a bien moins de châteaux; cela lui vaut en revanche d’accueillir de discrètes installations de défense, des réserves de végétaux et d’animaux, un Parc naturel et des touristes paisibles. Un peu à l’ouest et surtout au nord de la Brenne s’étendent des Gâtines: le paysage y est boisé, mais laisse la place à des exploitations céréalières bien agrandies et bien tenues, l’élevage ayant tendance à s’y restreindre. Les bourgades y sont fort discrètes: certes Valençay est connue, mais elle n’a pas 3 000 habitants. Le reste du département, soit environ le quart nord-est, appartient aux plus opulentes campagnes céréalières ouvertes qui forment la partie occidentale de la Champagne Berrichonne. Les deux principales villes de l’Indre y trônent au milieu des champs, où elles ont concentré des emplois industriels, des bureaux et même des établissements d’enseignement supérieur, bien qu’Issoudun ait sans doute plus d’ambitions que de moyens réels. La préfecture, Châteauroux, se tient certes dans la Champagne, mais presque à son extrémité, et ainsi proche des trois autres grands sous-ensembles auxquels elle apporte une forme d’unité. Elle est au centre d’une étoile de routes où se croisent trois liaisons interdépartementales. L’axe majeur, nord-sud, est la radiale parisienne qui va jusqu’à Toulouse: passant par Orléans et Vierzon, et dans l’Indre par Vatan, Châteauroux et Argenton-sur-Creuse, elle associe la voie ferrée et l’ancienne N20, devenue A20. Une deuxième voie suit le cours de l’Indre, de Tours (N143) à La Châtre puis à Montluçon et Clermont-Ferrand ou Lyon. La troisième relie Bourges à Poitiers par la N151; Issoudun et Le Blanc y relaient Châteauroux. Un rayon de moindre importance relie Châteauroux à Blois par Valençay. C’est là un réseau convenable pour un département qui n’est pas très peuplé et où le relief et le rang des cours d’eau rend les circulations plutôt faciles. Si l’Indre est le second département de la région Centre par son étendue, il est le tout dernier par sa population comme par son poids économique, et donc de loin le moins dense. Il n’a pas reçu autant d’investissements que ses voisins dans le passé lointain et dans les temps récents, est moins urbanisé et reste à l’écart des flux les plus intenses. Son agriculture le laisse bon dernier par le produit global et par travailleur: ce n’est ni la Beauce des grands champs ni la Touraine des cultures intensives, et les structures agricoles sont bien plus morcelées, les exploitations agricoles nettement moins «riches» que chez les voisins. L’élevage d’ailleurs y tient plus de place, le département étant le premier de la région, avec une forte proportion d’ovins et peu de volailles; la vigne compte très peu (800 ha dont 250 d’appellation). Moins de blé et guère de betteraves, peu de cultures spécialisées et beaucoup de moutons, des exploitations plus petites et plus peuplées: cela décrit bien une infériorité structurelle au sein de la région. Dans l’industrie et les services, l’Indre est aussi en dessous des moyennes régionales, loin des départements métropolitains du Loiret et de l’Indre-et-Loire. Les salaires moyens sont bas, inférieurs à ces moyennes, elles-mêmes au-dessous des moyennes nationales. Cela avait valu à Châteauroux et à Issoudun d’attirer quelques industries dites de main-d’œuvre. La filière textile-cuir-habillement y avait pris de l’ampleur, jadis marquée par les entreprises Boussac et les Cent Mille Chemises: elle a beaucoup souffert et ne réunit plus que quelques centaines de salariés. Châteauroux avait pu profiter de la filière de l’armement, un peu comme Bourges, Vierzon et Romorantin mais à sa façon, dans l’aéronautique: elle a subi les mêmes replis. L’Indre passe pour «rurale» et se flatte d’ailleurs d’être fort bien classée parmi les départements calmes (11e de France pour le taux de délinquance) et le faible prix des logements (6e de France). Ses habitants se disent volontiers «en Berry», bien plus que ceux du Cher, marquant par là sans doute une tradition dans l’identité, une moindre sensibilité aux autres images. Elle met en avant ses charmes paysagers, ses réserves naturelles, ses sites, ses fêtes agrestes de l’escargot (Cluis), de la pomme de terre (Crevant), de la chèvre (Fougerolles) ou sa Foire du Tout d’Issoudun — une grande braderie. Ce n’est pas pour les foules, et ce n’est d’ailleurs pas ce qui est recherché; du moins les amateurs de randonnées et de loisirs paisibles et instructifs ont beaucoup à y découvrir. |