département le plus occidental de la région Centre, étendu sur 6 127 km2. Il a 606 510 hab. dans 272 communes, regroupées en une agglomération métropole (Tours Métropole Val de Loire) et 10 communautés de communes. Il a pour préfecture Tours et pour sous-préfectures Chinon et Loches. Il est divisé en 19 nouveaux cantons. Le département est limitrophe de deux régions par la Sarthe et le Maine-et-Loire d’un côté, la Vienne de l’autre, et voisine dans la région Centre avec l’Indre et le Loir-et-Cher seulement. Il se signale par une remarquable croissance: il avait atteint un léger maximum de 341 000 hab. en 1896 et en 1911 avant une légère chute à 327 000 en 1921, et croît depuis, passant par 364 000 en 1954, 478 000 en 1975, 529 000 en 1990. Cela tient en grande partie à la dynamique de la métropole de Tours et de son bassin résidentiel, tant par l’excédent naturel que par l’excédent d’arrivées, tous deux vers +0,25% par an. Tours est en effet le centre incontesté du département, tant historique que contemporain. Le département tend même à se confondre avec l’aire urbaine et de service de son chef-lieu; Tours, dont l’agglomération rassemble 300 000 habitants, laisse peu de chose à ses satellites: 20 000 à Amboise, 10 000 à Chinon et autant à Loches… L’Indre-et-Loire a été formée à partir de la Touraine, bien que la province historique le déborde un peu vers l’est, tandis qu’à l’ouest certaines communes étaient de tradition angevine, notamment autour de Bourgueil et de Savigné-sur-Lathan, voire poitevine vers Richelieu. L’identité entre Indre-et-Loire et Touraine est presque parfaite, jusque dans le sentiment d’appartenance des habitants. Les adjectifs sont d’ailleurs les mêmes: les habitants de la Touraine comme ceux de Tours sont des Tourangeaux; il n’y a pas de gentilé connu pour «Indre-et-Loire», indroligérien n’est pas employé et l’ancien adjectif tournois, qui fut utilisé pour la monnaie, n’est plus d’usage. Le département est largement organisé par les radiales qui partent de Tours. Les principales sont évidemment celles qui ont une portée interdépartementale et interrégionale. Tours a l’avantage d’être à une centaine de kilomètres environ de toute une série de villes notables: Orléans, Le Mans, Angers, Poitiers, plus Châteauroux, Bourges-Vierzon et Châteaudun qui a reçu une gare de TGV. L’axe Paris-Bordeaux par Chartres et Vendôme est le principal, routier, autoroutier (la N10 et l’A10 traversent Tours) et ferroviaire, y compris pour la grande vitesse, dont la voie nouvelle depuis Paris s’arrête juste au sud de Tours; Sainte-Maure-de-Touraine est l’étape principale avant le Poitou. La Loire fut un grand axe fluvial NE-SO et reste parcourue sur les deux rives par des routes qui suivent les levées et sont très fréquentées; la voie ferrée vers Blois et Orléans s’y ajoute, et de surcroît l’A10 accompagne la vallée d’Orléans à Tours, même si c’est à quelque distance. Mais vers l’aval, une nouvelle autoroute (A85), achevée en 2006, réoriente les flux vers Angers puis Nantes. Elle se confondra avec un axe traditionnel de Nantes à Lyon en cours de consolidation, passant par Bléré vers Vierzon et Bourges (A85 encore inachevée entre Tours et la Sologne) ou par Loches vers Châteauroux. Une autre direction, vers le NNO, relie Tours au Mans et s’est renforcée par l’ouverture récente de l’A28, qui mène à Caen et Rouen et assure ainsi la continuité de la rocade la plus extérieure du Bassin Parisien. Plus discrète est la liaison vers La Flèche, Laval et la Manche par Château-La Vallière, au nord-ouest. Assez fréquentée en revanche est la route droite de Tours à Chinon, qui tout en desservant le Saumurois donne accès à Cholet et aux villes et littoraux de Vendée. Appuyée sur ce schéma radial, s’esquisse une sorte de rocade intradépartementale, par l’addition de trois voies transversales: la route de Blois à Angers donne un semblant d’ossature aux Gâtines tourangelles par Château-Renault et Neuillé-Pont-Pierre, celle de Château-Renault à Loches par Amboise dessert l’est du département, et celle de Loches à Chinon par Sainte-Maure est utile au sud; la situation est plus compliquée à l’ouest, où Langeais en amont, Bourgueil-Avoine à l’aval tiennent les traversées de la Loire. Ce treillage tend à renforcer le double rôle de Tours, tant comme plate-forme à la jointure du Bassin Parisien, du Grand Ouest et du Sud-Ouest, que comme métropole départementale et, à certains égards, semi-régionale. Il se superpose à une mosaïque de paysages assez finement découpée et qui donne lieu à de multiples interprétations. Certes, l’Indre-et-Loire est entièrement dans les terrains sédimentaires du Bassin Parisien. Y dominent les bas plateaux de calcaires, surtout le fameux tuffeau, craie blanche du crétacé qui a servi abondamment dans la construction, ce dont héritent quantité de sites troglodytiques. Mais ces plateaux sont très divisés par les grands vals et bordés de coteaux boisés, parfois viticoles. L’Indre-et-Loire est en effet le lieu de convergence de la Loire, du Cher, de l’Indre, de la Creuse et de la Vienne qui tous se réunissent au sud et à l’ouest de Tours sous l’effet de l’attirance d’un ombilic tectonique du Saumurois. Ces plateaux sont assez nus et largement cultivés au sud du Cher, où ils forment les paysages ouverts de la Champeigne, du plateau de Sainte-Maure et du Richelais. Au nord de la Loire, des épandages d’argiles à silex et des affleurements de faluns sont associés à des paysages plus boisés, au relief très accidenté par les petits affluents de la Loire et du Loir, formant les Gâtines tourangelles, très diversifiées dans le détail au point que l’on y isole un petit Savignéen à l’extrême ouest. Vers l’est où les rivières sont plus écartées, d’autres Gâtines apparaissent vers les limites du Loir-et-Cher et de l’Indre. Les abords du Val de Loire sont encore plus variés: grandes forêts d’Amboise et de Chinon sur les plateaux; larges varennes parcourues de boires et de levées en un système complexe qui vise à défier les inondations, et où apparaissent par taches des spécialités locales, surtout en légumes, fleurs et fruits; vignobles des terrasses (Bourgueil), des coteaux (Vouvray) ou des plus bas plateaux (Chinon, Azay-le-Rideau Montlouis-Amboise); fortes urbanisations renforcées par quelques implantations d’envergure comme le triage de Saint-Pierre-des-Corps, la base militaire de Tours ou la centrale nucléaire d’Avoine. La partie occidentale du département est incluse dans le Parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine, le Val de Loire élargi au Chinonais est inscrit au patrimoine mondial et le département réunit quelques joyaux des châteaux de la Loire, Chenonceau, Amboise, Azay-le-Rideau, Ussé, Langeais, Chinon et bien d’autres, plus cette curieuse ville nouvelle qu’avait voulue Richelieu. Cette concentration contribue à faire de l’Indre-et-Loire le premier département touristique de la région Centre, avant le Loir-et-Cher puis le Loiret. Il attire à lui seul près d’un tiers des visiteurs de la région, soit 2 300 000 nuitées sur 7 400 000 en hôtel et camping, dont 31% d’étrangers contre 24% en moyenne régionale, 4 100 000 nuitées sur 13 800 000 en tout. Les étrangers y sont nombreux et relativement dépensiers, ce qui a contribué à ce que l’aérodrome de Tours soit relié quotidiennement à Londres. Le chiffre d’affaires du tourisme est évalué à 800 millions d’euros, ce qui est plus que l’agriculture entière. Les campagnes du département sont aussi diversifiées que leurs paysages le laissent attendre. Certes, la production végétale règne; mais la domination des céréales n’y est pas aussi écrasante qu’en Loiret, Cher ou Eure-et-Loir. Le département compte 3 900 exploitations professionnelles (6 800 en tout) exploitant 340 000 ha, dont seulement 30 000 en herbages, contre 173 000 en céréales (109 000 en blé. La vigne occupe 10 400 ha dont 9 900 d’appellation (bourgueil, saint-nicolas-de-bourgueil, chinon, touraine avec plusieurs désignations, vouvray, montlouis) fournissant plus de 500 000 hl/an; on compte 2 000 ha de vergers et 1 400 de maraîchages, et même encore 120 ha de chanvre; les bois occuppent 159 000 ha (26% de la surface totale). Tout cela contribue à faire de l’Indre-et-Loire un département accueillant, jamais monotone sous un ciel aussi changeant que ses paysages et très apprécié des randonneurs pédestres et cyclistes. Mais bien entendu le poids de ces activités dans l’économie départementale reste faible. Le produit brut annuel dépasse 12 milliards d’euros, mais celui du Loiret est supérieur. Il se classe également second dans la région pour le résultat par habitant, et seulement troisième pour le résultat par emploi, car l’Eure-et-Loir le surclasse sur ce critère. On sent par là certaines limites de l’industrialisation dont Tours à bénéficié à l’époque de la grande expansion périphérique du Bassin Parisien: les ateliers de montage y ont prédominé, sur des salaires plutôt bas. La grande diversification des emplois tertiaires n’a pas suffi à compenser. L’Indre-et-Loire n’a aucune spécialité particulière. Les hôpitaux, l’université de Tours, les grandes administrations et certains transporteurs ont bien plus d’employés. |