contrée et ancienne province de la région Centre autour de la vallée inférieure de la Loire et de sa réunion avec le Cher, l’Indre et la Vienne. «Ne me demandez plus pourquoi j’aime la Touraine ? je ne l’aime ni comme on aime son berceau, ni comme on aime une oasis dans le désert, je l’aime comme un artiste aime l’art…» (Balzac, Le Lys dans la vallée). Elle correspond approximativement au département de l’Indre-et-Loire. Le nom a pour origine celui du peuple gaulois des Turons, dont dérive aussi le nom de Tours, chef-lieu de la Touraine. Les habitants se nomment Tourangeaux, comme d’ailleurs ceux de son chef-lieu, ce qui entraîne des confusions. Jadis un adjectif a été tournois, comme dans la monnaie tournois, qui a eu cours du 13e au 17e s. et dont les pièces (livre, sou et denier tournois) étaient frappées à Tours; mais il n’est plus employé en ce sens. La Touraine est en position d’intermédiaire entre la France de l’Ouest, le Bassin Parisien et le Poitou, ce qui s’observe aussi bien dans les paysages, l’écologie physique, les activités humaines. Les paysages sont souvent attrayants et diversifiés, les champs de la grande culture coexistent avec les bois, les vignes, les vergers et les cultures maraîchères. Les quatre grandes vallées convergentes y ont de larges vals, encaissés entre des plateaux où domine la craie du turonien, ou tuffeau, facile à travailler et dont l’exploitation fut souvent souterraine; c’est ainsi que la Touraine est riche en habitats troglodytes, utilisant les anciennes carrières pour des annexes des maisons, des caves à vins, des champignonnières; voire des entreprises de la Défense nationale, comme à Cinq-Mars-la-Pile. Cette convergence des grands vals est due à la présence d’un ombilic tectonique, affaissant les terrains sédimentaires vers l’ouest, avant le passage aux roches du Massif Armoricain. Elle a joué un grand rôle dans l’attractivité de la Touraine, par l’extension de vals proches et de circulation aisée — exigeant toutefois de patients aménagements contre les crues. Le climat local passe aussi pour attractif, moins humide que plus à l’ouest, moins rigoureux que plus à l’est, et aux ciels changeants. La Touraine a eu une certaine réputation d’opulence: «Car je suis né et ay esté nourry jeune au jardin de France: c’est Touraine» (Pantagruel, chap. 9) «Vous ne fustes oncques de mauvaise pie couvez, puisque vous estes de la benoiste Touraine. De Touraine tant et tant de biens annuellement nous viennent…» (Cinquième Livre, chap. 6); il est vrai que Rabelais parlait de son pays natal. La Touraine a joué un rôle historique central, en attirant souverains et aristocrates. Louis XI y eut ses repaires, comme François Ier qui y attira Léonard de Vinci, et la Touraine s’est couverte de châteaux, qui contribuent aujourd’hui à sa fréquentation de visiteurs: Amboise, Loches, Chenonceau, Azay-le-Rideau, Langeais, Ussé, Chinon ne sont que les plus célèbres. La navigation sur la Loire a servi ses bourgeoisies. Dans la seconde moitié du 20e siècle, la position de la Touraine sur la grande couronne parisienne, en un lieu stratégique d’où divergent les voies vers Nantes et vers Bordeaux, y a multiplié les possibilités et les implantations d’usines et de bureaux, sans trop altérer ses paysages. Le parc naturel régional Anjou-Touraine englobe la moitié occidentale de la contrée, celle des convergences fluviales, et le Val de Loire élargi au Chinonais fait désormais partie du patrimoine mondial répertorié par l’Unesco. La Touraine bénéficie d’appellations d’origine: celle de Sainte-Maure-en-Touraine pour les fromages de chèvre, celles de Chinon, Bourgueil, Saint-Nicolas-de-Bourgueil, Noble Joué, Vouvray, Montlouis-sur-Loire et Touraine pour les vins. L’AOC viticole touraine, définie dès 1938, englobe 128 communes en Indre-et-Loire, plus 42 en Loir-et-Cher (surtout dans la vallée du Cher); assez éclectique, elle admet en blanc le sauvignon, le chardonnay et le chenin blanc; en rouge, le gamay, le cabernet, le côt, le grolleau et le pinot noir; elle porte sur 5 300 ha, pour une production d’environ 320 000 hl/an. Trois appellations ajoutent au nom de la province des désignations locales: touraine-amboise, touraine-azay-le-rideau, touraine-mesland, cette dernière en Loir-et-Cher (v. aux noms de communes). Le reste est dispersé en plusieurs noyaux: en Chinonais au sud de la Vienne, sur la rive droite de la Loire de Langeais à Saint-Cyr-sur-Loire, de part et d’autre du Cher de Chisseaux à Véretz par Bléré, et quelques communes isolées plus au sud comme Genillé et Chemillé dans la Gâtine de Montrésor, autour de Sainte-Maure, en Richelais à Razines, et jusqu’à Boussay-sur-Claise tout au sud de l’Indre-et-Loire. Plus récemment a été restaurée une appellation touraine-noble joué dans cinq communes entre Indre et Cher au sud de Tours. La communauté de communes de la Touraine du Sud est un groupement intercommunal de l’Indre-et-Loire, rassemblant 21 communes et 15 600 hab., dont Descartes, Le Grand-Pressigny et Preuilly-sur-Claise, celle-ci en ayant reçu le siège. La communauté de communes de Touraine Nord-Ouest est un autre groupement intercommunal de l’Indre-et-Loire, rassemblant 23 communes et 21 300 hab., dont Langeais, Cinq-Mars-la-Pile et Château-la-Vallière; le siège est à Cléré-les-Pins. Le pays Touraine Côté Sud est un pays officiel du département d’Indre-et-Loire autour de Loches, associant 4 communautés, 68 communes et 50 300 hab. sur 1 809 km2; le siège est à Loches. |