(160 480 hab., 1 813 ha) est la préfecture du département de l’Isère. Elle est à la tête d’une des grandes agglomérations françaises, et très remarquée pour son ensemble d’innovations et l’ampleur de ses investissements et compétences dans les technologies avancées. La commune s’étend dans la plaine de confluence du Drac et de l’Isère, large de 6 à 8 kilomètres, et principalement sur les cailloutis du cône d’épandage du Drac, qui a repoussé le cours de l’Isère au pied de la Chartreuse. Une antique bourgade des Allobroges, nommée Cularo, s’y était établie et a été transformée en cité romaine au temps de l’empereur Gratien (4e siècle), ce qui lui a valu le nom de Gratianopolis, finalement altéré en Grenoble — Grelibre sous la Révolution. Elle a tiré parti de sa situation: Grenoble apparaît protégée à l’intérieur de la montagne, et pourtant largement ouverte sur le sud par le couloir du Drac, vers le nord-est, la Savoie et le Genevois par la plaine du Grésivaudan, et surtout vers le nord-ouest où aucun vrai obstacle de relief ne gêne ses relations et où Lyon est un puissant facteur historique de dynamisme. Par là, elle a pu servir de poste avancé au royaume vers les montagnes et l’Italie du Nord, et développer une fonction de carrefour. Elle est devenue la capitale du Dauphiné, dotée d’une université en 1339 et d’un parlement dès 1453. Pourtant, elle ne fut pendant des siècles qu’une ville secondaire, surtout par comparaison à la métropole lyonnaise. Elle a investi dans l’industrie textile et s’est donné une spécialité lucrative dans la production de gants, qui ouvrait à ses marchands des relations dans les milieux fortunés. Le véritable essor de la ville date de la fin du 19e siècle et résulte d’une remarquable ouverture de sa bourgeoisie à l’innovation technologique et à l’esprit d’entreprise. C’est autour de Grenoble que s’inventent les premières applications industrielles de l’électricité et de la production hydroélectrique, avec l’ingénieur d’origine pyrénéenne Bergès, des industriels comme Merlin en matériel électrique, puis Neyret à l’origine de Neyrpic, Matussière dans la papeterie, Vicat dans les ciments, Perrin dans la lingerie. L’université, longtemps discrète et qui fut même à éclipses jadis, s’ouvre alors aux innovations et crée un Institut électrotechnique en 1898, devenu Institut Polytechnique dès 1901. Elle établit rapidement des liaisons étroites avec les milieux industriels: «L’université de Grenoble, dans les trente années qui précédèrent la guerre de 1914, fut l’une des initiatrices les plus prestigieuses d’une conception nouvelle de l’enseignement supérieur, que l’on peut caractériser de trois manières. Dans son contenu tout d’abord: Grenoble développa des enseignements orientés vers une «physique de l’électricité», en rupture avec l’enseignement classique de la physique. Dans son orientation ensuite: il s’agissait de former des ingénieurs détenteurs d’un savoir scientifique suffisant pour les rendre capables de concevoir des ensembles industriels, électriques en particulier, cohérents. Dans sa vision enfin des relations avec le monde industriel, tant du point de vue de la formation des ingénieurs que de la recherche proprement dite, l’universitaire avait pour mission d’être le conseiller de l’industriel» (Françoise Caron, Le Dialogue entre l’industrie et la science à Grenoble, 2000). Les relations s’intensifièrent dans l’entre-deux-guerres, au point que Louis Néel (prix Nobel de physique 1970), choisit de rester à Grenoble après avoir dû abandonner son laboratoire de Strasbourg pendant la guerre. Après 1950, l’intérêt de la technobourgeoisie pour la montagne en général et les sports d’hiver en particulier aidant, Grenoble devint une ville à la mode, attirant mieux encore cadres, ingénieurs et chercheurs. De surcroît et non sans interaction, elle devint un lieu d’innovation sociale, urbaine et médiatique, pionnière dans le Planning familial (1951), la concertation pour l’aménagement avec les groupes d’action municipale (GAM, 1963) chers à Hubert Dubedout (maire de 1965 à 1983), l’apparition en 1968 d’un campus universitaire «à l’américaine» où trône l’université scientifique Joseph Fourier, les jeux Olympiques de 1968, la réapparition du tramway dès 1987, etc. Grenoble détient ainsi l’une des plus remarquables concentrations françaises d’activités universitaires et de centres de recherche. Le fleuron en est la zone dite Minatec, située dans l’éperon de confluence entre Isère et Drac au nord-ouest de la commune; son nom est la contraction de Micro-et Nanotechnologies et elle accueille 4 000 chercheurs et techniciens. Elle s’achève au nord par l’anneau du Synchrotron, plus précisément Installation européenne de rayonnement Synchrotron, et plus brièvement ESRF (European Synchrotron Radiation Facility), équipement international européen qui emploie 600 personnes. Elle comprend de vastes installations du Commissariat à l’énergie atomique, essentiellement le LETI (Laboratoire d’électronique et de technologies de l’information, 1 000 salariés et 500 collaborateurs extérieurs). Elle a reçu côté sud un laboratoire de l’Institut Laue Langevin (ILL, 450 personnes), qui dispose depuis 1971 d’un réacteur à neutrons à haut flux de 58 MW, et un autre de l’EMBL (laboratoire européen de biologie moléculaire, 70 employés). ESRF, ILL et EMBL sont associés dans un EIROforum européen, et forment avec l’Institut de biologie structurale (IBS) le PBS (Partenariat pour la biologie structurale). Un nouveau bâtiment a été ouvert en 2006 pour abriter l’IVMS (Institut de Virologie moléculaire et structurale) et l’IBs. Tout cet ensemble est donc largement orienté vers les nanotechnologies et la biologie mais comprend aussi plusieurs éléments de l’Institut Polytechnique de Grenoble (physique, électricité et télécommunications). Un autre grand ensemble, qui se partage toutefois entre le Minatec et le vaste campus de Saint-Martin-d’Hères, hors de la commune de Grenoble, s’est formé autour de l’INPG (Institut national polytechnique de Grenoble), héritier de la vénérable école électrotechnique. Il comprend traditionnellement dix «grandes écoles»: ENSPG (École nationale supérieure de physique de Grenoble, au Minatec), ENSEEG (École nationale supérieure d’électrochimie et d’électrométallurgie de Grenoble, au campus), ENSERG (École nationale supérieure d’électronique et de radioélectricité de Grenoble, au Minatec), ENSGI (École nationale supérieure de génie industriel, à l’ouest du centre-ville), EFPG (École française de papeterie et des industries graphiques, au campus), ENSHMG (École nationale supérieure d’hydraulique et de mécanique de Grenoble, au campus), ENSIEG (École nationale supérieure d’ingénieurs électriciens de Grenoble, au campus), ENSIMAG (École nationale supérieure d’informatique et mathématiques appliquées de Grenoble, au campus), plus INPG-Télécom, ces cinq derniers au campus; la dixième est l’ESISAR (École nationale supérieure en systèmes avancés et réseaux) de Valence. En 2008, une restructuration redistribue ces centres en six unités nouvelles: ENSE3 (École nationale supérieure de l’énergie, l’eau et l’environnement, ENSIMAG (École nationale supérieure d’informatique, de mathématiques appliquées et de télécommunications de Grenoble, regroupant l’ancienne Ensimag et l’INPG-Télécommunications), Génie industriel, Pagora (École des sciences du papier, de la communication imprimée et des biomatériaux, modernisation de l’EFPG dont le nom combine Papeterie, Grenoble et Agora…), Phelma (École de physique, d’électronique et des matériaux, regroupant ENSPG, ENSETG, ENSEEG) et dont le nom additionne les deux premières lettres de ses trois composantes); l’Esisar subsiste inchangée à Valence. En 1970, Grenoble avait trois universités: Joseph Fourier en sciences physiques et naturelles, médecine et sports (17 000 étudiants, 1 300 enseignants et techniciens), Pierre Mendès-France en sciences humaines (20 000 étudiants, 1 200 membres du personnel), Stendhal en lettres (10 000 étudiants, 800 membres du personnel). Devenues Grenoble I, II et III, elles ont fusionné fin 2014 sous le nom de Grenobe-Alpes-Isère. En 2023, celle-ci compte 59 500 étudiants dont 3 000 doctorants, et 10 400 professionnels (dont 6000 enseigannts et chercheurs), 71 unités de recherche. La ville a aussi une école supérieure d’art et une d’architecture, une de commerce dite en franglais Grenoble École de Management, plus un établissement du Centre de formation des personnels territoriaux (CNFPT) et un de l’INRIA (Institut national de recherche en informatique et automatique), qui fait état de 26 équipes et 500 collaborateurs, mais faisant partie d’autres institutions, et qui est à Montbonnot. L’ensemble des personnes travaillant dans le domaine des micro et nanotechnologies dans l’agglomération de Grenoble est évalué à 25 000 personnes (dont 3 000 chercheurs) et celles qui travaillent dans l’informatique et les logiciels seraient 13 000 (dont 1 500 chercheurs). L’ensemble hospitalier public représente 2 500 lits dont plus de 1 600 lits médicaux, plusieurs hôpitaux étant sur le territoire communal, mais le Centre hospitalier universitaire est sur le territoire de La Tronche, sur la rive droite de l’Isère. Il s’y ajoute plusieurs cliniques: Eaux-Claires (mutualiste, 220 lits), des Cèdres (145 lits), des Bains (125 lits), des Alpes (60 lits, 80 sal.), du Mail (35 lits). Grenoble a un large éventail d’offre culturelle. Sa Maison de la Culture, rouverte en 2004, a été parmi les pionniers. Grenoble a un centre chorégraphique national et une quarantaine de compagnies de danse, un Conservatoire national de musique et plusieurs salles de concert, l’orchestre des Musiciens du Louvre, des festivals (Jazz, Noctambules, Cabaret Frappé), et les installations d’accueil de la Régie 2C (Ciel et Chaufferie); cinq équipes d’art dramatique reconnues et un Centre national dramatique, trois théâtres; un Centre national d’art contemporain (le Magasin) et une Artothèque. Le Musée de Grenoble (beaux-arts) est un des principaux de province; il s’accompagne d’un musée de la Résistance et de la déportation, d’un muséum d’Histoire naturelle, d’un Musée dauphinois, d’un musée de l’Ancien Évêché, d’un Musée archéologique, d’un musée des Automates. Le centre-ville originel dessine une petite ellipse d’à peine 500 m sur la rive gauche de l’Isère; il inclut au bord de l’eau l’ancien palais Delphinal, qui a longtemps abrité le palais de justice, héritier du Parlement du Dauphiné; la cathédrale, le musée Stendhal, ainsi que le jardin de ville et la gare du téléphérique de la Bastille qui permet d’accéder à l’éperon de la Chartreuse sur la rive droite et reçoit 220 000 passagers par an. Ce centre est entouré d’un carré de boulevards, qui englobe au sud la préfecture et l’hôtel du département, ainsi que le Muséum, à l’est une cité administrative, au nord-est le Musée de Grenoble, et vers l’ouest tout un ensemble de rues piétonnes et marchandes. Les extensions du centre au 19e et au 20e siècle ont permis d’aménager au sud un ensemble de prestige comprenant le parc Paul Mistral, qui fut le site de l’Exposition internationale de la houille blanche en 1925, ses installations sportives en partie héritées des Jeux de 1968, l’hôtel de ville, la Maison de la Culture et la haute tour Perret (80 m), «phare» de Grenoble, qui date de l’Exposition. Vers l’ouest, l’espace est structuré par des avenues divergeant de la Porte de France, jusqu’à la gare; il contient plusieurs lycées et Instituts de technologie ainsi que l’École de génie industriel de l’INPG, le musée des automates, et de l’ensemble où s’étalait le quartier militaire de Bonne, en voie de réaménagement comme espace de verdure et d’habitat dans le prolongement du parc Mistral. Vers le nord-est, l’Île Verte est un quartier d’habitation qui occupe un grand lobe de méandre de l’Isère; il est séparé du centre-ville par une coulée verte qui flanque le boulevard, et comprend le grand cimetière Saint-Roch. Autour de ce centre au sens large, les quartiers sont très diversifiés. Vers le nord-ouest, au-delà de la gare, apparaissent deux ensembles forts. L’un correspond au grand parc scientifique entre Drac et Isère, qui va jusqu’au confluent, contient le grand synchrotron et un nombre impressionnant de laboratoires, et a pris récemment le nom de Minatec. L’autre est le quartier Europole, d’aménagement récent et qui vise au prestige des affaires, en partie sur l’ancienne gare de triage; il comprend notamment des bureaux, un World Trade Center, le nouveau Palais de justice, l’école de commerce, une cité scolaire internationale, un gymnase. Sur la rive droite de l’Isère, Grenoble dispose d’une petite section qui grimpe sur les premières pentes de la Chartreuse; le fort de la Bastille, qu’atteint le téléphérique installé en 1934, y trône et offre une vue superbe sur l’ensemble de l’agglomération; un peu plus bas dans la montée de Rabot, un site universitaire comprend plusieurs bâtiments dont l’ancien Institut de géographie alpine, fondé par Raoul Blanchard en 1906, installé en ce lieu en 1961 mais abandonné en 2001 pour le sud de la ville, et bénéficie de la même exposition en hauteur et en adret. Ces pentes culminent au mont Jalla à 623 m et s’ornent de deux parcs, Guy Pape sur les pentes et l’Esplanade en contrebas le long de l’Isère vers l’aval. Toute la partie méridionale de la commune, jusqu’à Échirolles et Eybens, bouclée au sud par une rocade routière, est d’urbanisation récente. Elle comporte vers l’ouest des zones d’activité étendues, dont le parc Technisud au bord du Drac, les vastes installations des lycées techniques et un marché d’intérêt national. Les quartiers de la Villeneuve et du Village Olympique y ont introduit des grands ensembles discutés. Deux parcs apportent un peu de verdure, celui des Champs-Élysées à l’ouest et celui de Villeneuve à l’est; nombre d’administrations et de bureaux y ont trouvé place, y compris le nouvel Institut de Géographie alpine au sein d’une Cité des Territoires. Une petite excroissance de la commune de Grenoble au sud de la rocade contient le Palais des congrès et les installations de la foire Alpexpo, ainsi qu’une patinoire, tout près d’un grand espace commercial partagé avec Échirolles. Plusieurs de ces quartiers sont classés en «zone urbaine sensible»: Mistral et ses grands immeubles au bord du Drac, la Villeneuve-Arlequins-Baladins et le Village Olympique au sud, Teisseire-Châtelet au sud-est. La Villeneuve et le Village Olympique, voisins, ont été dotés d’un statut de zone franche urbaine. Dans les plus grandes entreprises se signalent STMicro électronique (1 550 et 470 sal.),les matériels électriques Schneider (510 et 550), Caterpillar (650), les machines de bureau Hewlett Packard (HP, 600), les moteurs et turbines GE Hydro (570), les équipements d’automobiles Araymond (320+180), les tubes d’acier Minitubes (360), les produits pharmaceutiques Biomérieux (270), les commandes électriques Master Grid (270) et commandes électroniques Siemens (190), les fours et brûleurs ECM (250), les outils diamantés Umicore (110); lignes électriques Greenalp (210), chauffage CCIAG (210 sal.) Dans d’autres domaines sont l’EESC (école de commerce, 560 sal.), GEG (gaz et électricité, 210 sal.), les informaticiens CGI (320), Corys (200), Sopra Steria (200), Hardis (170), Reynolds (150), Viso (120), Diabelcorp (110), EASII (110); les ingénieries Verkor (170) et HIQ (130); Orange (290), La Poste (780), la vente par correspondance Spartod (220). Puis Enedis (110 sal.), la blanchisserie MAJ (120), le nettoyage FPS (110), le magasin La Boîte à Outils (110), un négoce de cadeaux Pacaprod (130); conseil Raygroup (100), comptabilité Tessi (150), aide à domicile Vitalliance (160), crèche Kinougarde (100), services Internet Wizbii (140). La commune de Grenoble avait environ 25 000 hab. au début du 19e s., 40 000 en 1866, 69 000 en 1901. Elle est passée à 96 000 en 1936, 159 000 en 1962, et a culminé à 166 000 en 1975; puis elle a perdu 16 000 hab. de 1975 à 1990, avant de reprendre sa croissance démographique. En 2023, les nombres officiels lui attribuent 4 280 hab. de plus qu’en 1999. La communauté Grenoble-Alpes-Métropole associe 49 communes et 445 100 hab. L’arrondissement a 746 400 hab., 263 communes, 471 473 ha. Quatre cantons nouveaux portent le nom de Grenoble; les cantons 1, 3 et 4 se limitent à une fraction de la commune; le canton Grenoble-2 a une autre fraction et 7 communes voisines. Au total, ils rassemblent 185 196 hab. |