Landes de Gascogne massif forestier déployé sur 14 000 km2, bordant la côte atlantique en Aquitaine et occupant une bonne partie de deux départements, Gironde et Landes. Il est de constitution récente, et en somme artificiel: il représente l’un des efforts les plus spectaculaires d’aménagement de la nature en France. Il correspond en effet à un vaste triangle de sables, étalés par les vents à partir du littoral et remaniés en partie par les cours d’eau, longtemps considéré comme infertile et même insalubre. Le lessivage des sables par les eaux et le faible relief ont entraîné la formation de concrétions ferrugineuses, parfois en véritables bancs (l’alios), qui en retour ont accru les difficultés de drainage et la stagnation de marais et d’étangs. C’est pourquoi la végétation naturelle n’était qu’une lande médiocre, dont le nom s’est étendu à celui de la contrée. Celle-ci, inondée l’hiver, assez vide, sans pierre pour construire, sans rivière vraiment utilisable, est longtemps apparue comme un obstacle. Des troupeaux de moutons ont pu pâturer la brande (lande à buissons et fougères); la maison paysanne se tenait au milieu d’une petite aire (l’airial) dégagée pour les cultures pauvres sur les parties plus sèches; les agriculteurs étaient en général de pauvres métayers, soumis à des propriétaires fonciers de toutes conditions. Quelques bois étaient exploités, et l’alios fournissait la garluche qui apportait du fer à de petites forges dispersées. Plusieurs tentatives se sont manifestées dès le 18e siècle pour transformer le pays: des pins ont été plantés vers 1700 du côté de Mimizan, et le banquier suisse Nezer s’y est ruiné dans les années 1760, là où une forêt porte encore son nom en pays de Buch. Un rapport de l’ingénieur Brémontier a fait des propositions dès 1780, et un financement public fut ouvert en 1801 pour des travaux de drainage et de boisement. C’est pourtant seulement dans la seconde moitié du 19e s. que les principaux travaux purent être entrepris. On le doit à un autre ingénieur, Chambrelent, qui fit des expérimentations à partir de 1849 sur son domaine de Cestas (Gironde), et qui sut convaincre ensuite Napoléon III: une loi de 1857 lançait le boisement massif en pins maritimes, créant ainsi une véritable forêt de pins continue, la pignada. La superficie boisée, qui fut de 100 000 ha au 18e s. et de 280 000 ha en 1857, passait à 850 000 en 1890 et plus d’un million en 1914. Mais en même temps la lande se dépeuplait. Des défauts d’entretien et de surveillance ont provoqué de nombreux incendies au cours des années 1930 à 1950, détruisant plus de la moitié de la forêt; le plus grave et le plus meurtrier fut celui du 20 août 1949: il ne restait plus guère que 400 000 ha de bois. C’est alors que l’on entreprit de rénover le massif forestier en reboisant, en nettoyant les sous-bois, en élargissant les coupe-feux, en soutenant une agriculture nouvelle fondée sur le maïs et l’irrigation par aspersion dans de grands domaines, à partir de forages profonds; l’exploitation de la résine a été fortement réduite, au profit du bois de sciage et de la papeterie. Une Compagnie d’aménagement des Landes de Gascogne, créée en 1956, a coordonné ces efforts; elle ne doit pas être confondue avec la Mission d’aménagement de la côte aquitaine qui de son côté, à partir de 1967, a facilité le développement des stations littorales. La forêt landaise a ainsi changé d’aspect et ne connaît plus d’incendies ravageurs; mais elle a été victime de tempêtes, notamment en 1975 et 1999. Elle a été également ouverte au tourisme. Le Parc naturel régional des Landes a été créé en 1970, à cheval sur les départements des Landes et de la Gironde et axé sur le bassin de l’Eyre; il s’étend sur 301 000 ha et 34 communes; un septième de sa surface est en grande culture, le reste en forêt. Ses principaux équipements sont le centre du Graoux à Belin-Béliet, un atelier-gîte à Saugnacq-et-Muret, un écomusée en trois sites à Sabres (Marquèze), Luxey et Moustey. L’ensemble forestier a aussi ses propres contrées: la Grande Lande s’étale au centre, dans le bassin de l’Eyre; on appelait Petites Landes la partie méridionale, vers Tartas et Roquefort, mais l’expression Haute-Lande, plus flatteuse, tend à l’emporter, au moins vers Roquefort; il est vrai qu’on y est quelques mètres plus haut. À l’ouest subsistent d’anciens noms de pays: Seignanx, Gosse, Marensin, Maremne, Born, Buch; une grande partie de la forêt se trouve en Médoc. |