nom général de la bordure sud-orientale du Massif Central, qui en est la partie la plus relevée par les mouvements tectoniques périméditerranéens. Le massif ancien se termine au-dessus des plaines du Bas-Languedoc et du Rhône par un puissant escarpement, vigoureusement découpé à la fois par les ruptures tectoniques et par les torrents qui en ont exploité les faiblesses. Entre leurs vallées les interfluves escarpés et étroits sont qualifiés de serres. Ces torrents ont pour nom générique gardons, mais chacun a son nom, et chaque vallée montagnarde a formé une cellule de vie, associant villages et hameaux de fond de vallée et habitats perchés. L’ampleur de la dénivellation favorise l’abondance des pluies et l’érosion des sols; la vigueur des pentes a obligé jadis à les sculpter en escalier par de nombreuses murettes (les faïsses) destinées à retenir les sols et réclamant un entretien de tous les instants. Les quelques cultures que l’on pouvait y faire ont été abondamment complétées par une vie pastorale active, marquée notamment par la transhumance des troupeaux ovins qui passaient l’hiver dans les plaines méditerranéennes, par l’élevage des vers à soie et surtout par l’exploitation multiforme de la châtaigneraie, qui a contribué à l’élaboration d’une culture originale, et à l’entretien de fortes densités de population jusqu’au milieu du 19e siècle. En outre la montagne, par ses difficultés, a souvent servi de refuge: ce fut en particulier le cas pour les protestants, qui y trouvèrent des défenses quasi imprenables et y subirent aussi des raids des troupes royales sous la forme des trop célèbres dragonnades. De nos jours les montagnes sont apaisées et extrêmement dépeuplées. La sériciculture a disparu, le châtaignier n’est plus guère utilisé, les faïsses ne sont plus entretenues. Mais un tourisme diffus, une certaine tentation de «retour à la nature» qui a pu séduire quelques «néoruraux», la recherche des produits et valeurs du «terroir», et surtout la beauté des paysages et la fidélité aux hauts lieux du protestantisme ont revitalisé certains villages, qui gagnent même des habitants depuis quelque temps. Le Parc national des Cévennes a contribué à améliorer les accès et l’hébergement; la mode de la randonnée augmente la fréquentation, comme en témoigne l’ouverture du chemin Stevenson qui retrouve l’itinéraire suivi par le célèbre écrivain anglais dans son Travel with a donkey in the Cevennes. Le nom des Cévennes est ancien, attesté sous la forme gauloise Cebenna; son origine reste obscure. La forme plurielle est la plus fréquente, mais il arrive que l’on parle de «la Cévenne», surtout pour évoquer un paysage et une ambiance géographique; le mot est d’ailleurs parfois employé comme nom commun. Ces incertitudes se retrouvent dans l’extension réelle des Cévennes. Au sens large, associé à une idée de relief puissant en rebord de massif, d’esthétique des paysages et de difficulté de vie et de mise en valeur, la Cévenne ou les Cévennes vont au moins du pays du Vigan au nord du département de l’Ardèche. Il arrive que les reliefs semblables dits du Haut-Languedoc dans le bassin de l’Orb en Hérault (monts de l’Orb, Espinouse et Caroux) soient considérés comme appartenant au monde cévenol, dont ils ont d’ailleurs la plupart des caractéristiques; il en est de même pour les monts du Vivarais à l’autre extrémité. Comme le terme Cévennes a pris un côté valorisant, il est plutôt étendu que restreint. L’Espace Cévennes est un groupement d’action locale (GAL) constitué pour la mise en œuvre d’un programme européen Leader +. Il englobe 128 communes de la Lozère et du Gard, dont la communauté d’agglomération d’Alès en Cévennes et jusqu’à celles de Florac et du pays Viganais; le siège est néanmoins à Nîmes… Le terme Cévennes ou l’adjectif dérivé figurent dans plusieurs intercommunalité de trois départements (Ardèche, Lozère, Gard). Une appellation vinicole de vins de pays des Cévennes concerne un très grand nombre de communes du Gard, et admet plusieurs appellations spécifiques complémentaires: Mont Bouquet (25 communes), Coteaux du Salavès (plus de 30), Coteaux cévenols (25, vers Salindres et Saint-Ambroix), Uzège (très nombreuses communes), Côtes du Lirac (22 communes). |