département le plus occidental de la région de Normandie; étendu sur 5 938 km2, il a pour chef-lieu Saint-Lô et pour sous-préfectures Avranches, Cherbourg-en-Cotentin et Coutances. L’adjectif est Manchois. Son territoire s’allonge du nord au sud sur environ 130 km, et ne dépasse pas 60 km de large. La mer, à laquelle il doit son nom, le borde sur trois côtés et il a pour voisins le Calvados, l’Orne, la Mayenne et l’Ille-et-Vilaine, ce qui le rend limitrophe des deux régions de Bretagne et des Pays-de-la-Loire outre, au large à l’ouest, des îles Anglo-Normandes. La Manche est divisée en 446 communes (602 en 1999), regroupées en 5 communautés de communes et 3 communautés d’agglomération (autour de Cherbourg, Saint-Lô, Avranches sous le nom de Mont-Saint-Michel); 49 communes nouvelles ont été créées de 2016 à 2019, mais il reste encore beaucoup de petites communes. Elle a 27 nouveaux cantons, de 1 à 32 communes et de 16 700 à 22 200 habitants. Le département a 498 400 hab. contre 481 500 hab. en 1999 (+ 3,5%). La croissance reste donc modérée: 451 700 hab. en 1975, 479 600 en 1990. Cette modération tient à un taux de natalité relativement élevé et un taux de départs qui l’est encore. Le maximum des années 1826 à 1846 avait été supérieur à 600 000 hab., un niveau que la Manche est encore loin d’avoir retrouvé. Les points forts de l’économie sont le littoral, qui lui donne une assez bonne place dans l’accueil touristique, l’ostréiculture et la pêche, le trafic portuaire et la construction navale, ainsi que dans la production de légumes et l’industrie nucléaire; des industries dispersées avec quelques spécialités jusqu’à Mortain et Villedieu-les-Poêles; les produits de l’élevage. La surface agricole utilisée est d’environ 450 000 ha (dont 235 000 en herbe), les bois ne dépassant pas 40 000 ha. Le département de la Manche est à la fois relativement homogène dans ses paysages et très morcelé dans ses réseaux. Il le doit notamment à sa situation en bout de territoire et même, au moins en partie, en forme de péninsule. Aucune ville ne domine l’ensemble, et la préfecture, en position apparemment centrale, n’est pas la principale agglomération. Cette situation est à la fois traduite et aggravée par les principales circulations. Deux axes, en effet, traversent en partie le département, de part et d’autre de la préfecture, dont ils sont écartés. L’un va de Caen à Cherbourg et prolonge une radiale parisienne. L’autre va de Caen à Rennes par Avranches et a été renforcé par l’achèvement de l’autoroute des estuaires. De la sorte, deux sous-préfectures sont bien desservies, tandis que Coutances et Saint-Lô sont plongées dans des réseaux de circulation certes serrés mais du genre capillaire. Les circulations nord-sud sont éparpillées, aucune véritable rocade ne longeant la côte occidentale; c’est d’ailleurs par l’intérieur, en s’efforçant de servir Saint-Lô tout en la contournant, qu’une liaison à quatre voies relie les deux axes principaux entre Carentan et le sud de Torigni-sur-Vire. Ainsi apparaît une division du département en quatre sous-ensembles, correspondant relativement bien aux quatre arrondissements. Le plus peuplé est celui du Cotentin septentrional. Il est animé par l’ensemble que forment Cherbourg et les installations nucléaires de La Hague; mais il a aussi des sites touristiques à l’ouest du côté de Carteret, au nord-est vers Barfleur, des lieux d’agriculture originale du côté du Val de Saire au NE (légumes) et des marais de Carentan (élevages) et des Veys. Ces marais, étalés à la faveur d’un abaissement du relief, l’isolent, à la hauteur du havre de Lessay et des tourbières de Baupte, du pays de Coutances et de Saint-Lô. Les deux sont volontiers confondus et formeront d’ailleurs probablement un seul «pays» officiel. Toutefois, ils se différencient et parfois même se tournent un peu le dos. Celui de Coutances regarde vers la mer à l’ouest, où s’activent des stations balnéaires et les délicates productions de légumes et de salades des environs de Créances, ainsi que des laiteries; il est à l’écart des principales voies, et néanmoins apparaît très ouvert, notamment sur les marchés parisiens. Celui de Saint-Lô semble un peu mieux structuré par le cours de la Vire et par la bretelle qui la suit vaguement entre l’autoroute des estuaires et Carentan, mais il est paradoxalement plus fermé dans son bocage, plus lent à réduire le dépeuplement, et il a moins d’atouts touristiques. Le sud du département est assez bien circonscrit par la limite départementale, qui dessine un rentrant à la hauteur de Villedieu-les-Poêles puis un saillant autour de Mortain. Il est marqué par les alignements est-ouest du massif ancien, qui alternent une série de hauteurs de Sartilly à Sourdeval, puis un long fossé qu’emprunte la Sée, une nouvelle série de hauteurs d’Avranches à Mortain, un nouveau fossé le long de la Sélune jusqu’aux abords du Passais. Granville et Avranches en sont les points forts sur le littoral, Villedieu-les-Poêles, Mortain et Saint-Hilaire-du-Harcouët sont les principaux lieux d’animation de l’intérieur, naguère réputé comme assez isolé et abandonné aux marges de la Normandie et de la Bretagne. Tourisme et industries de main-d’œuvre apportent des revenus et des emplois à des contrées que la présence du Mont-Saint-Michel, le côté «méridional» de la côte granvilloise, le tracé de l’autoroute des estuaires et l’attraction de Rennes semblent assez bien ranimer. |