(22 810 Sparnaciens, 2 269 ha dont 1 035 de bois) est une sous-préfecture de la Marne à 33 km ONO de Châlons. La ville est située dans l’entonnoir qu’a ouvert la Marne en entrant dans le plateau de Brie, sur la rive gauche. Elle est dominée par un plateau qui porte la forêt d’Épernay, et dont les pentes sont en vignes, et a colonisé à l’est la butte-témoin du mont Bernon (208 m). Sparnacus (l’épine, sans doute à partir de buissons épineux) a été signalée comme châtellenie au 6e s., transmise alors par Clovis à l’église de Reims, avant de passer en 1024 aux comtes de Champagne. Exposé, abritant un château comtal au 13e s., le lieu a été plusieurs fois ravagé, en particulier pendant la guerre de Cent Ans, sacrifié et brûlé en 1544 par François Ier pour arrêter Charles-Quint, et plus tard victime des guerres de Religion. Épernay avait pourtant pu développer quelques petites industries, notamment la tannerie, avant que le succès des vins de champagne ne vienne tout transformer. Le centre-ville historique est assez petit; vers l’est part une longue avenue rectiligne, qui correspond à la sortie de la ville par l’ancienne N3: c’est la prestigieuse avenue de Champagne, en fait comprise comme avenue du champagne, car elle rassemble les châteaux et bureaux des maisons sparnaciennes les plus connues, et se voit souvent qualifiée de «champs-élysées sparnaciens». La première implantation remarquée y fut celle des champagnes Chandon-Moët en 1742. Les producteurs pouvaient creuser des caves dans la craie sous les premières pentes du mont Bernon: Épernay se flatte d’avoir 200 km de galeries. La prospérité du 19e s. a peuplé d’hôtels particuliers cette voie. On y trouve les maisons Moët et Chandon, Perrier-Jouët, de Venoge, Pol-Roger, de Castellane et Mercier; plus l’office du tourisme, la Maison du champagne-musée de Castellane (affiches et étiquettes, bâtiment classé), l’Espace Mercier (musée et expositions sur la vigne), un musée de préhistoire et archéologie régionale au château Perrier, la bibliothèque municipale, un jardin des papillons. Même l’hôtel de ville a quitté au 19e s. le vieux centre pour trôner à l’entrée de l’avenue dans un jardin (hôtel Auban-Moët de 1858); à proximité, maison des jeunes et de la culture, théâtre Gabrielle-Dorziat. Sous cette impulsion, la ville a débordé du centre vers le SE, en un quartier en damier où ont été logés les établissements publics trop à l’étroit dans la vieille enceinte: sous-préfecture, palais de justice, prison et gendarmerie, ainsi qu’un collège. Un ensemble proche, dans la vallée du Cubry, associe un Jardin de l’horticulture, halle des sports et salle des fêtes, tandis qu’au mont Bernon, sur le versant nord, s’est édifié un «grand ensemble» un peu trop grand et classé en «zone urbaine sensible», ainsi d’ailleurs que, sur le flanc ouest de la butte, l’ensemble Vignes Blanches-Beau Soleil. Épernay est le siège d’une partie des grandes maisons de champagne, et se pose ainsi en rivale de Reims. Le champagne à Épernay. La plus grande société de champagne, Moët et Chandon, a son siège à Épernay et y emploie près d’un millier de personnes; mais elle est associée depuis déjà longtemps à d’autres productions de luxe, et elle est devenue la pièce principale d’un consortium qui englobe aussi de célèbres maisons rémoises (Veuve Clicquot, Ruinart, Krug) ou sparnaciennes (Mercier), lui-même englobé dans le groupe parisien LVMH de Bernard Arnault; celui-ci a regroupé ses possessions sparnaciennes dans la sciété MHCS (Moët Hennessy Champagne Services) qui a 1 600 salariés et possède 2 000 ha d’AOC. Grand groupe par le nombre de bouteilles vendues, l’ancien Marne et Champagne devenu Lanson-BCC (230 sal.), est également sparnacien, tout en incluant Lanson de Reims; Burtin déclare 75 sal. à Épernay; le groupe inclut les marques Chanoine, De Venoge, Boizel, Besserat de Bellefond. Perriet-Jouët (85 salariés à Épernay) est associé au rémois Mumm dans le groupe international Pernod-Ricard après avoir été à des firmes d’Amérique du Nord. On trouve encore parmi les grandes marques Laurent-Perrier, né à Tours-sur-Marne et qui a absorbé la société sparnacienne de Castellane; Pol-Roger (60 sal., 92 ha), resté indépendant. De Cazanove appartient au groupe Rapeneau (Martel) de Reims. Vranken-Pommery-Monopole a acquis les sparnaciennes Demoiselle et Ch. Lafitte (90 sal. à Épernay). Épernay est le siège des institutions de la profession: le CIVC (Comité interprofessionnel des vins de Champagne), le Syndicat général des vignerons (SGV), chacun employant une centaine de personnes; la CAVE, Coopérative d’approvisionnement des vignerons d’Épernay; l’Institut œnologique de Champagne (90 salariés en 4 sites, siège à Mardeuil) qui travaille sur les levures, le Sofralab (station œnologique, 65 sal.). Dans la commune d’Épernay elle-même, 241 ha de vignes ont droit à l’AOC champagne, dont 52% en chardonnay, 27 en pinot noir et 22 en pinot meunier; la commune compte 58 exploitations agricoles, cultivant 1 602 ha. L’activité viticole a fait naître des fournisseurs d’étiquettes, de bouchons, de muselets, de cartonnages; mais ils sont aussi bien dans les communes voisines, alors que des activités sans rapport direct avec le vignoble ont pu s’établir à Épernay pour profiter du marché de main-d’œuvre ou de la situation de la ville. Parmi les plus gros employeurs sont les ateliers ferroviaires de la SNCF (EIMM), qui remontent à 1849 et ont eu jusqu’à 850 ouvriers en 1870, ou Chantelle (soutien-gorge, 100 sal.). Les principaux autres industriels sont Pastural (180 sal., menuiserie de bâtiment du groupe Lapeyre-Saint-Gobain); Smurfit-Kappa (cartonnerie, 200 sal.) et Smurfit Bag-in-Box (emballages, 200 sal.); Virax (140 sal., machines à cintrer les métaux et tuyaux), passé du groupe Strafor-Facom à Stanley Works en 2006 puis à l’allemand Rorhenberger en 2011; Legras (carrosserie industrielle, semi-remorques, 190 sal., depuis 1919); Tecnoma (groupe local Supray), à la famille de l’inventeur V. Ballu, grand spécialiste des pulvérisateurs (appareillages viticoles, 95 sal.); matériel de dégorgement par congélation Deguit (65 sal.). Épernay accueille aussi les imprimeries Le Réveil de la Marne (presse, 80 sal.), Autajon (étiquettes et dépliants, 60 sal.). Dans le secteur tertiaire se signalent surtout La Poste (130 sal.), les ambulances Dewitte (60 sal.), des entreprises de nettoyage Carrard (260 sal.), de construction (Bec, 75 sal.); travail temporaire Adecco (250 sal.), Supplay (75), Sup Interim (50); comptabilité FCN (50 sal.); services financiers Le Chèque Déjeuner (55 sal.); gardiennage APS (80 sal.). Épernay joue également son rôle de service local avec le centre hospitalier Auban-Moët (204 lits), les cliniques (200 emplois, 120 lits), maisons de retraite (dont les Trois Roses, 50 sal.) et les centres commerciaux dont Carrefour (135 et 50 sal.), trois collèges et trois lycées publics dont un professionnel, un collège et deux lycées privés dont un professionnel. Toutefois, Sézanne, Montmirail et Dormans manifestent une réelle autonomie par rapport à un chef-lieu d’arrondissement un peu lointain et trop différent, affairé à ses propres réussites. La commune a eu 20 000 hab. en 1900, 21 000 en 1954, puis a culminé à 29 700 en 1975; elle a diminué ensuite, a perdu 4 220 hab. depuis 1999 (-16%). La communauté d’agglomération Épernay, Coteaux et Plaine de Champagne rassemble 47 communes voisines (48 500 hab.). L’unité urbaine Insee (7 communes) a 31 600 hab., l’aire urbaine (19 communes) 38 700. L’arrondissement a 118 00 hab., 210 communes. Les 2 nouveaux cantons d’Épernay groupent 51 777 hab., 35 communes et 11 569 ha. |