Nancy

(106 330 Nancéens, 1 501 ha) est la préfecture de Meurthe-et-Moselle. Le gentilé est Nancéien (parfois Nancéen); la mairie de Nancy adopte Nancéien, sans doute plus justifié par le y et la forme ancienne du mot (Nanceiacum). Celui-ci semble en rapport avec le celtique nant, vallée. La ville est dans la plaine alluviale de la Meurthe, où elle est apparue assez tardivement, au 11e siècle, sous la protection d’un château fort du duc de Lorraine, qui en fit peu à peu son chef-lieu.

La Ville Vieille, de forme presque carrée, fut entourée de murailles au 14e siècle; il en reste la porte de la Craffe, de 1336, et un lacis de petites rues au nord du centre-ville dans le quartier de Saint-Epvre (ou Èvre). Elle fut doublée en 1587, en un siècle réputé prospère, par la Ville Neuve, édifiée au sud selon un plan en damier bien plus ample, à peu près quatre fois plus étendue que la Ville Vieille et dotée d’une enceinte à redans. Après maints ravages au 17e siècle, Nancy connut une nouvelle période de calme prospérité durant le règne de Stanislas Leszczynski. L’ancien roi de Pologne fit engager au contact des deux villes les grands travaux d’urbanisme qui donnent au centre-ville de Nancy sa belle architecture et son unité.

Le cœur de la cité est bien la grande place Stanislas, entourée d’immeubles du 18e siècle, ornée d’un arc de triomphe au nord, de fontaines et de superbes grilles en fer forgé et doré, et récemment rénovée. L’hôtel de ville, le musée des Beaux-Arts (83 000 visiteurs par an, record départemental) et l’opéra-théâtre appartiennent à cet ensemble. Il se prolonge vers le nord, du côté de la Ville Vieille, par la longue Carrière, ancienne place des lices et tournois, longue de 300 m. Au bout sont le palais ducal (16e, restauré au 19e) et celui du gouverneur (18e s.), le musée historique lorrain, l’ancien couvent des cordeliers et le vieux quartier Saint-Epvre, fermé au nord par la massive porte de la Craffe, un peu plus loin la porte renaissance de la Citadelle (1598); entre les deux se maintient l’École nationale supérieure des industries chimiques de Nancy (ENSIC).

À l’est de la Ville Vieille a été dessiné en 1765 le grand parc de la Pépinière (23 ha), complété par un zoo et un champ de courses, qui se termine en terrasse à l’est, vers le canal de la Marne au Rhin. Au sud du parc et à l’est du centre, du côté de l’ancienne porte Sainte-Catherine, se tiennent une cité administrative, la caserne Thiry, l’École nationale du génie rural et des eaux-et-forêts et son jardin botanique, le Muséum-aquarium de Nancy (51 000 visiteurs par an); et, de l’autre côté du petit port sur le canal, de part et d’autre de la courte allée des Trois-Écoles, les écoles d’architecture, du génie des matériaux (EEIGM) et des systèmes industriels (ENSGSI); l’ENACT (École nationale d’application des cadres territoriaux) est un peu plus loin vers l’est.

Au sud de la place Stanislas et de l’hôtel de ville, se dresse la cathédrale du 18e s.; aux environs, musée du Téléphone et de la Communication, quelques beaux hôtels du 18e s. comme la maison des Adam. Vers l’ouest, la ville ancienne est flanquée par le long cours Léopold, étiré sur 467 m à l’emplacement des anciennes murailles, et autour duquel s’éparpillent des services universitaires, le Conservatoire régional de musique et la Médiathèque, l’Institut européen du cinéma et de l’audiovisuel, le théâtre de la Manufacture. L’université littéraire est un peu plus à l’ouest, au-delà de la voie ferrée. Vers le sud sont la gare, puis un grand centre commercial abritant aussi le Palais des Congrès.

Dans une deuxième ceinture, se tiennent au sud-est de la ville un ensemble hospitalo-universitaire avec le centre hospitalier régional, la Faculté de pharmacie et l’Institut Dentaire, un hospice, plus la Poste au nord et l’École des Mines au sud, et vers l’est le centre commercial Auchan, d’allure déjà suburbaine, étiré le long du port sur le canal. Un autre pôle d’intérêt, déjà à 2 km au SSO de la place Stanislas, est formé par le parc Sainte-Marie, l’École des Beaux-Arts et le musée de l’École de Nancy (art moderne, 58 000 visiteurs par an), l’hôtel du département et la cité judiciaire, plus le mess des officiers et des piscines, puis des casernes.

La commune de Nancy s’arrête du côté oriental à la rive gauche de la Meurthe; entre la Meurthe et le canal de la Marne au Rhin, subsistent des emprises ferroviaires et des éléments des anciens sites industriels des cristalleries à l’est, de l’usine Alstom au nord, reconvertie en entrepôts et magasins d’usines; la ville tourne donc le dos à ses bords de Meurthe, qui ne sont pas valorisés. Vers l’ouest, le territoire communal dessine un appendice entre les bans de Laxou et de Maxéville en montant sur le plateau de Haye. Des bois et des établissements de santé, ainsi que le monastère du Carmel, sont sur les pentes du vallon où se glisse l’avenue de la Libération tandis que, sur le plateau vers le nord, se campe le grand ensemble du Haut du Lièvre, lancé autour de 1960 avec l’aide de B. Zehrfuss, connu pour ses interminables barres d’une dizaine d’étages, longues de 400 et 300 m, et complété plus tard par des tours, dont la Panoramique en 1971. Le «Haudul», ainsi qu’on le nomme souvent, a logé jusqu’à 15 000 personnes, mais n’en a plus que la moitié; il s’est transformé, avec son prolongement occidental du Champ du Bœuf à Laxou et Maxéville, en «zone urbaine sensible» avec statut de zone franche, ce qui lui vaut quelques efforts de rénovation, engagés d’ailleurs dès 1981.

Nancy, ville ducale, s’est longtemps donné un ton plus cultivé et intellectuel que Metz et conserve nettement plus d’étudiants — mais pour l’animation culturelle Metz s’est mise au niveau. Nancy a eu sa période de notoriété avec l’«École de Nancy», animée à la fin du 19e siècle par Émile Gallé, avec Daum, Gruber, Vallin et bien d’autres: elle a inventé de nouvelles formes d’art «moderne» dans la verrerie, les arts décoratifs, la peinture et d’architecture, ce qui lui vaut le musée du parc Sainte-Marie.

L’université de Nancy est ancienne sans être des plus vénérables: elle a été créée en 1854. Elle est à présent divisée en trois institutions. La plus prestigieuse est l’Université Henri-Poincaré, qui affiche 2 500 employés et enseignants, 18 000 étudiants, associant les sciences et la médecine; mais ses installations sont dispersées dans l’agglomération; les principales sont sur le campus des Aiguillettes à Vendœuvre près du jardin botanique du Montet, et sur le plateau de Brabois dans la même commune. Elle comporte trois écoles d’ingénieurs: ESIAL (École supérieure d’informatique et applications de Lorraine), ENSTIL (École supérieure des sciences et technologies de l’Ingénieur de Nancy) plus l’ENSTIB (École nationale supérieure des technologies et industries du bois) à Épinal, plusieurs instituts et IUT et dispose d’antennes à Longwy, Lunéville, Épinal, Saint-Dié et Bar-le-Duc. L’Université Nancy-2, qui ne s’est pas trouvé un nom, conserve au contraire près du centre-ville, côté ouest, ses principales installations consacrées aux sciences humaines, lettres, droit et gestion; elle annonce aussi 18 000 étudiants, 2 100 employés et enseignants plus quelques centaines de vacataires; elle comporte un IUT «tertiaire» (Charlemagne, au pied de Laxou), l’Institut européen du cinéma et de l’audiovisuel, l’Institut régional du travail ainsi que des antennes à Épinal et Verdun.

Enfin, l’Institut National Polytechnique de Lorraine (INPL), sur le plateau de Brabois à Vandœuvre, a rang d’université et rassemble sept Instituts: EEIGM (École européenne d’ingénieurs en génie des matériaux), ENSAIA (École nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires), ENSEM (École nationale supérieure d’électricité et de mécanique), ENSG (École nationale supérieure de géologie), ENSGSI (École nationale supérieure en génie des systèmes industriels), ENSIC (École nationale supérieure des industries chimiques), ENSMN (École nationale supérieure des Mines de Nancy), plus l’École d’Architecture de Nancy et un Institut supérieur d’ingénierie de la conception à Saint-Dié-des-Vosges. Au total, Nancy compterait 45 000 étudiants et couvre à peu près tous les champs scientifiques. La ville a d’ailleurs encore d’autres écoles comme l’École supérieure d’optique de Lorraine (ESOL).

Dans le secteur tertiaire, Nancy offre un large éventail d’employeurs dans les administrations, l’enseignement, la santé. La SNCF affiche 3 000 emplois. Nancy dispose de plusieurs établissements hospitaliers publics, totalisant 770 lits, mais le principal est en banlieue à Vandœuvre (CHU-CHR, 1 050 lits); les cliniques de la commune ont ensemble environ 500 lits et un millier de salariés, dont Polycliniques de Gentilly (580 sal.) et Majorelle (210 sal.) Bellefontaine (110) Ambroise-Paré (100 sal.). Quatre aérodromes portent le nom de Nancy, mais dans les communes d’Azelot (LFEX), Essey (LFSN), Malzéville (LFEZ) et Ochey (LFSO).

En fait le territoire communal est peu étendu pour une agglomération de cette taille, et la plupart des emplois d’entreprises privées sont dans les banlieues. À Nancy même, la seule usine est la métallerie Nordon (310 sal., groupe Fives-Lille), au bord de la Meurthe dans le quartier des Cristalleries. Dans les autres établissements de plus de 100 emplois apparaissent la Caisse d’Épargne (130 sal.), les assurances Axa (240 sal.), un hypermarché Auchan (180 sal.) au bord du canal; gestion immobilière Batigère (120 sal.) et OPH de la Métropole (130 sal.), géodétection ADRE (140 sal.), centre d’appels Acticall (Sitel, 410 sal.), publicité Pages Jaunes (175 sal.); services à la personne OLSP (180 sal.); travail temporaire Adecco (190 sal.) et Adecco Medical (190), Ranstad (190), Manpower (170), Leader (170), CRIT (120), Triangle 54 (120) et Star People (110). Dans le bâtiment et les services, installations électriques Sogetrel (170 sal.), constructions Bouygues (160), travaux publics Colas (230 et 130); EDF (180 sal.) et Engie (150), GRT Gaz (110) et GRDF (145), télécommunications Orange (170 sal.), La Poste (960 sal.); nettoyage ISS (270 sal.) et Sud Service (130); transports urbains Keolis (740 sal.).

La commune de Nancy n’avait encore que 50 000 hab. un peu avant 1871; elle est rapidement montée à 79 000 en 1886, 119 000 en 1911, en partie grâce à l’afflux de réfugiés d’Alsace-Lorraine. Puis elle est restée au même niveau entre les deux guerres, a crû après 1950 et culminé à 128 700 hab. en 1962. Sa population est ensuite descendue et se maintient autour de 105 000 hab. La communauté urbaine du Grand Nancy, devenue Métropole du Grand Nancy, compte 20 communes et 256 800 habitants. L’unité urbaine Insee est évaluée à 288 000 hab. pour 28 communes, l’aire d’attraction à 510 500 (353 communes), incluant Lunéville et Toul (mais non Pont-à-Mousson). L’arrondissement de Nancy a 419 900 hab., 188 communes, 150 941 ha. La commune de Nancy est partagée en 3 nouveaux cantons, sans autre commune.