relief et contrée aux confins des départements de la Marne, des Ardennes et de la Meuse. L’Argonne se place depuis longtemps comme une marche entre Champagne et Lorraine: une sorte de rempart boisé, qui fut à la fois un lieu de ressources locales et un espace de protection pour Reims et pour Paris. Elle fait partie du grand arc de bois et de plateaux qui va des Ardennes au Morvan. Le nom, très ancien, et proche de celui des Ardennes, évoquait probablement la forêt, ou une hauteur boisée. Ses limites sont indécises et certains villages argonnais sont assez proches de Verdun. La «région agricole» d’Argonne a 1 000 km2 sur trois départements. En fait l’Argonne se définit à la fois comme un espace de marge, loin des foyers d’activités et de peuplement champenois, ardennais et lorrains, et par un écosystème original, fait de sols lourds, d’humidité, de terrains accidentés et d’une forte présence des bois, par opposition aux plaines et plateaux calcaires, plus secs et plus cultivés, qui l’encadrent. Il existe toutefois une Argonne au sens plus strict; elle correspond au plateau de gaize. La gaize, nommée «pierre morte» par les maçons, est un grès dérivé localement des sables des terrains crétacés (cénomanien), qui a résisté à l’érosion au point de subsister sous forme d’un plateau de 35 km sur 10, à peu près entièrement boisé; il culmine à 263 m et se tient en général au-dessus de 200 m. Ce plateau est cependant divisé en deux dans le sens de la longueur par la vallée de la Biesme, qui fixe la limite entre Lorraine et Champagne, et défoncé dans l’autre sens par de profonds et courts ravins, nommés chavées. Il a été un haut lieu de la guerre de 1914-1918 (bois de la Gruerie, positions de la Haute-Chevauchée, abris du Kronprinz, etc.). La Haute Chevauchée est une ancienne voie forestière et de chasse qui court sur la partie orientale (lorraine) du plateau. Jadis, l’Argonne a eu toute une population plus ou moins flottante de forestiers, boisilleurs, potiers, verriers, forgerons, dont il ne reste presque plus rien. La forêt, une belle chênaie-hêtraie, est largement domaniale et bien entretenue; mais elle a cruellement souffert de la tempête de décembre 1999. Les abords sont entretenus par d’assez grosses fermes orientées vers l’élevage laitier, mais la place des céréales a pu s’y accroître. On cherche à valoriser l’Argonne comme «réserve de nature» à portée des régions urbaines proches; mais les équipements d’accueil restent discrets, et la belle saison y est relativement courte. Les villages sont périphériques; Varennes-en-Argonne et Clermont-en-Argonne sont les principaux du côté meusien. Le plateau se termine au sud par un talus vigoureux, au-dessus duquel la commune meusienne de Beaulieu-en-Argonne fait une large incursion sur le plateau occidental. L’Argonne est traversée tout ensemble par la N3, la voie ferrée de Reims à Verdun (tunnel), l’autoroute de l’Est (A4). En revanche, le TGV Est passe au sud, par le finage de Seuil-d’Argonne la bien nommée. |