département de la région Nord-Pas-de-Calais. Il porte le nom du détroit qu’il borde, mais s’étend fort loin à l’intérieur des terres jusqu’aux abords du Cambrésis (170 km). Il a pour préfecture Arras et pour sous-préfectures Béthune, Boulogne-sur-Mer, Calais, Lens, Montreuil et Saint-Omer. Il occupe 6 671 km2 et il est divisé en 890 communes, ce qui représente un record de morcellement, à peine 750 ha par commune en moyenne; il a 38 nouveaux cantons et 14 circonscriptions législatives. Les communes sont regroupées en une communauté urbaine (Arras) et sept communautés d’agglomération autour de Lens-Liévin, Béthune, Hénin-Carvin, Boulogne-sur-Mer, Calais, Saint-Omer et Montreuil, et 11 communautés de communes. Le département du Pas-de-Calais a pour seuls voisins les départements du Nord et de la Somme. Il inclut le parc naturel régional des Caps et marais d’Opale. La population du département n’a pas cessé d’augmenter au cours des deux derniers siècles, sauf de 1914 à 1921 et de 1931 à 1946, tant en raison des guerres que des premières crises industrielles. Le département avait 535 000 hab. en 1801, et a passé le million en 1905. Il avait 1 277 000 hab. en 1962, 1 402 000 en 1975. À partir de cette date, le rythme de croissance a beaucoup faibli: 1 433 000 hab. en 1990, 1 442 000 en 1999, 1 465 300 en 2022, ce qui correspond à une densité de 220 hab./km2. La faible croissance démographique vient exclusivement du solde naturel (0,23% par an), en raison de la forte urbanisation et de la jeunesse relative de la population, le solde migratoire étant sensiblement négatif (-0,2%). Le territoire départemental reste divisé: son chef-lieu n’est pas la plus grande ville et ne dessert qu’une partie restreinte du territoire. Les autres foyers urbains ont des spécialités marquées, et des bassins d’emploi de nature très différente — au point que le Pas-de-Calais n’a pas moins de six chambres de commerce et d’industrie (Calais, Boulogne, Saint-Omer, Béthune, Lens et Arras), tandis que ses étudiants se répartissent entre deux universités elles-mêmes éclatées (outre ceux qui préfèrent Lille). Il a été question de diviser le département en deux: ce qui assurément ne résoudrait rien. Trois sous-ensembles distincts composent ce territoire: le littoral, l’ancien bassin houiller, les collines agricoles; mais eux-mêmes ont leurs divisions. Calais est affairée à son port et aux liaisons Transmanche, et affectée par l’arrivée des migrants visant l’Angleterre. L’Audomarois de Saint-Omer lui échappe largement et conserve une autonomie symbolisée par ses canaux, ses marais, l’Aa, plus la fameuse cristallerie d’Arques et ses tributaires. Boulogne-sur-Mer a son domaine bien marqué, en mer avec les zones de pêche même lointaines mais familières, à terre avec sa «boutonnière», ses herbages et ses élevages. Le littoral de Berck et du Touquet lui échappe et fait plage à part. L’ancien bassin houiller, étroit et allongé, se divise pour cela, traditionnellement et culturellement, au moins en deux bassins. L’un est autour de Béthune et Bruay; l’autre, autour de Lens, Liévin et Hénin-Beaumont, est beaucoup plus directement dans l’orbite de Lille. Encore faut-il fait un sort, entre Béthunois et Audomarois, aux plaines proches de la Lys, du côté d’Aire-sur-la-Lys, de Lillers et d’Isbergues, un peu flamandes et un peu artésiennes, agricoles et industrielles, entre Lille et mer. Le reste, quoique plus étendu, est d’apparence plus homogène; et néanmoins s’y différencient au moins une nuance orientale et une occidentale. Vers l’est, s’étend la grande culture à blé et betteraves, certes un peu nuancée depuis quelques décennies, sur de larges terroirs assez commodes à travailler et sillonnés de réseaux; la préfecture, d’ailleurs, s’y trouve. Vers l’ouest, le relief s’accidente un peu, les finages communaux sont très morcelés, les fermes un peu moins grandes, les herbages s’associent à la grande culture, elle-même un peu plus intensive sans doute; et les bourgades, très menues, ne rendent que les services élémentaires de proximité: ce Haut-Artois s’est fort dépeuplé, du moins jusqu’à ces dernières années. Comme pour accroître la diversité et la division, les grands axes de circulation frôlent le département plus qu’ils ne l’irriguent. Le grand couloir Paris-Lille est tout à l’est, en bordure. Le couloir occidental reste collé au littoral. Les grandes relations transversales longent la bordure septentrionale, comme l’A26 et le canal Dunkerque-Escaut. Toute la partie centrale est à l’écart de ces couloirs principaux, et les cheminements vers la Picardie et la Normandie restent laborieux. |